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Et si le soldat Djibo Salou avait raison !

Le Mer 07 avr 2010 0

Écrit par Djafarou Soumana (Le FLIC N° 183 du mardi 06 Avril 2010)

Depuis le 17 mars dernier, date de la rencontre entre le Conseil Suprême pour la Restauration de la Démocratie (CSRD) et la classe politique nigérienne, et à l’issue de laquelle le Chef de la junte, le Chef d’escadron Djibo Salou a, sans langue de bois, reproché aux responsables politiques nigériens d’être, d’une manière ou d’une autre, comptables de l’impasse politique qui avait généré les conditions d’une nouvelle intrusion de l’armée sur la scène politique, une certaine fébrilité s’est emparée de ces derniers. De dé- clarations inopportunes aux menaces à peine voilées à l’égard de la junte en passant par des allusions perfides, ceux-ci (ces responsables politiques) sont en passe de renouer avec leur habituelle obsession à voir les complots partout. Mais qu’est-ce que ces responsables politiques reprochent tant au CSRD et à son chef ? Peut-être qu’ils supporteraient difficilement d’avoir été écartés des organes en charge de la gestion de la transition. Le Niger est malade de sa classe politique Si l’évènement de la démocratie a suscité dans ce pays des espoirs légitimes chez les citoyens ; espoirs au nombre de figure principalement l’édification d’une culture démocratique, il reste que l’amateurisme et l’inconséquence risquent d’hypothéquer considérablement ce processus. C’est dire que la crise politique que nous observons au niveau des institutions étatiques n’est que l’émanation pure et simple de l’attitude prébendière de certains hommes politiques qui, arrivés par le hasard du jeu politique aux commandes de ces institutions s’y accrochent vaille que vaille (au mépris des lois et règlements de la République) ayant uniquement à l’esprit la cueillette des prébendes. Pauvres prébendiers ! Ils ignorent peut-être que le principe de l’alternance démocratique veut que les rênes du pouvoir aussitôt relâchés soient saisis par d’autres mains car la force de tout un peuple ne peut rester un seul jour sans guide. En vertu de cette théorie toute simple, une nouvelle classe d’hommes est arrivée aux commandes depuis l’avènement de la Conférence Nationale Souveraine de 1990.

Or, pour gouverner et/ou mettre en oeuvre un programme de redressement économique et social, les gouvernants doivent répondre à des critères moraux et éthiques au-dessus de tout soupçon. Mais force est de constater qu’à l’étape actuelle des choses, tous ceux qui avaient eu à gérer ce pays de 1991 jusqu’au coup d’Etat du 18 février 2010, s’étaient beaucoup plus préoccupés de se servir royalement avant de servir l’Etat. A titre illustratif, nous pouvons évoquer un certain nombre de scandales politicofinanciers dans lesquels sont impliqués plusieurs hauts responsables de ce pays. Pour commencer, il y eût 1991, l’affaire dite «Taiwan ou le chaos».

 
De quoi s’agitil ? A peine installé le gouvernement de transition dirigé par Chéffou Amadou accepta de reconnaître la Chine/Taiwan en contrepartie d’une aide financière de 11 milliards de francs CFA que les autorités de Taipei octroyèrent à notre pays. Cet acte soulèvera par la suite une véritable levée de boucliers. Pourtant l’innommable perdurera jusqu’en 1995, lorsque sonnera le glas pour l’AFC au pouvoir suite à un basculement de majorité. En effet, Mahamane Ousmane sitôt élu Président de la 3e République se prêtera au jeu de Taipei. C’est ainsi que plusieurs missions officielles de notre pays séjourneront à Taiwan pour «ficeler» des dossiers. Le Président Mahamane Ousmane effectuera lui-même une visite à Taipei où il fut gratifié d’un «cadeau» de deux (2) milliards de francs CFA en espèces sonnantes et trébuchantes. Récemment encore. Tandja Mamadou après, dix ans de règne, refusa le lâcher les rênes du pouvoir. Contre vents et marées, il fomenta un coup d’Etat constitutionnel pour s’octroyer une prolongation de trois (3) années.
 
C’est la 6e République qui fut une ère d’instabilité et d’incertitudes. Face à Tandja et ses tazartchistes, les partis politiques, les syndicats et les associations de la société civile créèrent un front dénommé la CFDR qui refusa de se soumettre aux desideratas des autorités de la 6e République. Ce fut le début d’un guéguerre malheureuse qui déboucha sur une impasse politique. D’où le coup d’Etat du 18 février 2010 et l’intrusion des militaires sur la scène politique nationale. Le règne de Tandja Mamadou a permis tous les excès inimaginables dont principalement les violations répétées des lois fondamentales, la trahison, le parjure mais aussi la multiplication à la puissance exponentielle des fortunes des parents, amis, alliés et connaissances. Tandja Mamadou, par la prise d’actes manifestement illégaux et illégitimes, aura modulé le paysage politique nigérien et écrit la page la plus effrontée de l’histoire socio-politique du Niger. Le soldat Djibo Salou marque sa fermeté Si la démocratie consacre pleinement la liberté politique, il reste que cette idée de liberté a aussi donné la possibilité d’enseigner les citoyens sur le fait que le gouvernant n’est autre chose qu’un gérant, et qu’on peut le changer comme on change des gants usés.
 
Cependant eu égard à la façon dont la classe politique nigérienne toutes tendances confondues a géré ce pays, il est curieux, sinon sidérant de constater que cette dernière réclame tambour battant qu’on lui cède le pouvoir prestement alors même que les organes de transition doivent réaliser les priorités dont entre autres la restauration de la démocratie et la réconciliation des Nigériens. A y regarder de près, les agissements de cette classe politique ne sont ni plus ni moins que de manoeuvres visant à provoquer sciemment le blocage institutionnel afin de saborder le travail de ces organes qui ont déjà à leur actif quelques résultats encourageants notamment la prise de l’ordonnance relative à la composition et aux attributions du futur Conseil Consultatif National (CCN). Il faudra bien que ces hommes toutes tendances confondues comprennent qu’on ne peut pas prétendre être une classe politique responsable en réduisant les intérêts de tout un peuple aux simples intérêts égoïstes de quelques hommes. Cependant le CSRD et le gouvernement de transition doivent avoir uniquement à l’esprit l’obligation de sauver ce pays du naufrage.
 
Pour ce faire, ils doivent utiliser toutes les bonnes volontés qui sont à leur disposition. Disons que l’heure n’est plus aux débats politiques stériles mais plutôt réussir le double Pari, celui de restaurer la démocratie et réconcilier les nigériens entre eux. Mais aussi et surtout remettre effectivement tous les nigériens au travail, seul gage d’un redressement économique et social. Cependant que ceux-ci ne s’y méprennent point. Le CSRD n’entend pas s’incruster au pouvoir certes, il ne saurait non plus tolérer les dérives de quelque bord qu’elles viendraient. A ce sujet, la fermeté sera de rigueur : les responsables politiques et administratifs se réclamant de quelque bord que ça soit et qui se livreraient à des impairs ou poseraient des actes subversifs, seraient repérés et châtiés. Le temps de l’impunité est révolu.
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