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INTERPELLATION DES RESPONSABLES DU RÉGIME TANDJA: une affaire à controverse...

Le Ven 09 avr 2010 0

Écrit par Ibrahim Elhadj dit Hima (Roue de l’Histoire n° 502 du 07 Avril 2010)  

La tension n’est pas encore totalement tombée dans les rangs de l’alliance du pouvoir du régime Tandja malgré la libération des principales personnalités interpellées pour complot et subversions contre le régime militaire de la transition. Vendredi 2 avril dans l’après-midi, quelques heures avant leur sortie des locaux de la compagnie de la police, les partis de l’AFD/R tenaient une réunion au siège du MNSD, le principal parti politique de l’alliance. Au centre de la réunion, l’arrestation des personnalités politiques du régime Tandja, cadres du parti et directeurs généraux des sociétés d’Etat, pour activités subversives. Au rang des personnalités arrêtées, le président de l’alliance AFDR et président du MNSD Seïni Oumarou, ancien président de l’assemblée nationale et plusieurs membres du gouvernement et députés nationaux du régime renversé par la junte militaire.

 
Dans une déclaration issue de cette réunion, les partis membres de l’AFDR ont plutôt parlé d’arrestations arbitraires et de «prétexte d’activités subversives». Les partis politiques membres de l’alliance des forces démocratiques pour la République (AFDR) ont affirmé dans leurs différentes déclarations, leur disposition à apporter leur contribution positive à la réussite de la transition, indique la déclaration de l’AFDR du vendredi 2 avril dernier.

Pour les partis membres de la mouvance Tandja, il s’agit de montrer pattes blanches et de se dédouaner de toute accusation de complot et l’on parle notamment de cet engagement du président de l’AFDR, Seïni Oumarou lors de la rencontre organisée par le CSRD avec les partis politiques, le 13 mars 2010. L’AFDR a-t-elle fini de convaincre ? Toujours est-il que dans la même soirée du vendredi, les personnalités politiques incarcérées allaient bénéficier d’une relative liberté. Sortis des locaux de la police, les pensionnaires de la compagnie de la police vont être reconduits à leurs domiciles où ils seront toutefois placés en résidence surveillée, après cinq jours de détention. Dans la même soirée, le ministre de l’intérieur Cissé Ousmane, dans une intervention moins rageuse que celle du dimanche 28 mars au début des interpellations, parlait de mise en liberté des personnes interpellées, d’apaisement... Un discours à l’allure plutôt de recul, même si le ministre de l’intérieur a encore parlé d’actions de sape et certains dossiers de gestion des finances publiques. Rien n’est encore définitivement fixé dans cette rocambolesque affaire qui risque d’encombrer d’un côté l’alliance AFDR et aussi de l’autre, le gouvernement de la transition.

 
L’AFDR et ses grosses casseroles.
 
Comment faire pour les patrons de l’AFDR pour ne pas paraître protéger de sales casseroles? Répondant tacitement aux discours réguliers de la junte militaire sur l’assainissement, le vendredi 2 avril dernier, dans sa déclaration, l’AFDR a indiqué qu’elle «n’est ni opposée à l’assainissement, ni à la lutte contre l’impunité ». Dans cette perspective, la situation peut paraître extrêmement cocasse pour l’AFDR qui demande la liberté totale des responsables accusés d’activités subversives mais aussi celle de l’ancien chef de l’Etat Tandja Mamadou et de l’ancien Ministre d’Etat Albadé Abouba gardés dans les casernes militaires depuis les événements du 18 février. Dans son tout premier message à la Nation, le chef d’escadron Djibo Salou a parlé de crime de haute trahison, parlant de la manipulation constitutionnelle qui a débouché sur la crise politique du régime Tandja. L’évocation de crime de haute trahison n’a pas manqué de faire planer la menace de jugement contre Tandja Mamadou ainsi que certains complices politiques dont en première ligne l’ancien Ministre d’Etat Albadé Abouba. Gardé encore en détention, plusieurs sources indiquent qu’il lui serait reproché sa participation active dans la persécution des opposants au régime de la refondation de Tandja Mamadou, la gestion quelque peu trouble du dossier de l’insécurité du Nord du pays et d’autres trafics.
 
Sur le dossier d’activités subversives, la situation parait quelque peu controversée. En attendant plus de précision de l’enquête de la police, l’on apprend que les soupçons reposent sur certaines réunions clandestines de certains responsables de l’ancien régime, des mobilisations des ressources financières et le tout en relations avec certains milieux maraboutiques. Rien encore de particulièrement très solide. Et peut-être que pour faire plus costaud, le ministre de l’intérieur Cissé Ousmane a, assez souvent, associé ces activités subversives à un autre dossier connexe, celui de la gestion des affaires financières et des inspections d’Etat qui sont en cours. S’il s’agit pas encore là d’anesthésier les patrons d’entreprises de toutes activités politiques, le dossier d’investigation des sociétés d’Etat risque d’éclabousser beaucoup de responsables de l’ancien régime. Si jamais il devait être conduit à terme. Le processus de passation des marchés publics à la Nigelec à travers une sorte de holding des sociétés écrans comme la CGT SA Espaces meubles, le COGEMAT ou encore la COGEM, des sociétés gérées par des relations de Foukori, l’ancien Administrateur Délégué de la Nigelec a permis à l’entourage de Foukori de récupérer d’importantes commissions et des royalties, à en croire des sources proches du dossier.
 
L’important trafic sur les produits pétroliers et le négoce des bons de commande des hydrocarbures au niveau de la SONIDEP tout comme les marchés d’infrastructures hydrauliques de la SPEN de Seyni Salou, les marchés de pose des châteaux d’eau avec des contrats fictifs ont pendant des années permis aux barons du régime de récolter de rondelettes commissions foncières qui ont fait fonctionner l’appareil politique du régime Tandja Mamadou. Les investigations sur ces affaires ne sont pas sans donner quelques sueurs froides aux anciens responsables du régime. Quand vendredi 2 avril dernier, l’AFDR affirmait n’être pas opposée à l’assainissement, tout le monde a vite compris qu’il n’y a aucune conviction dans cette annonce. Encombrante affaire pour le gouvernement Comment faire pour le gouvernement dans la gestion de cette affaire où l’on mélange activités subversives et assainissement ? Pour le gouvernement, le dossier paraît en effet tout aussi encombrant et selon certaines sources, on a plutôt parlé de patate chaude. Cinq jours après la vague d’interpellations, le Ministre de l’intérieur semble pour l’instant changer de fusil d’épaule. On parle plutôt de libération des personnes interpellées et de retour à l’apaisement. L’interpellation fin semaine dernière de très hautes personnalités du régime Tandja Mamadou a pourtant eu un fort retentissement.
 
Coup sur coup, l’ancien président de l’Assemblée Nationale et président de l ’alliance politique Tandja Mamadou, plusieurs membres du gouvernement des députés nationaux, des direc teurs généraux jusque- là perçus comme des grands pachas inamovibles, du dimanche 28 au mardi 30 mars, c’est environ 15 personnalités du régime déchu qui seront interpellées et gardées à la police. Avec à la clé un chef d’accusation tout aussi lourd, activités subversives et complot contre la sûreté de l’Etat. Cinq jours après, les présumés coupables de subversion et complot contre le régime sont relâchés, même s’ils seront gardés en résidence surveillée. Le gouvernement a-t-il voulu oeuvrer pour l’apaisement ou a-t-il tout simplement cherché à se débarrasser d’une affaire fort encombrante ? La question reste entière. Il n’y a rien de consistant dans le dossier d’accusation, indiquent pour leur part les avocats des personnes interpellées qui ont attaqué en justice la procédure initiée par le Ministre de l’intérieur. Les éléments de preuve pour l’instant se résument à quelques indices recueillis par la police. Certaines sources parlent de regroupements importants des marabouts au service de certains milieux politiques. En attendant de voir quelle suite elle va avoir, il faut dire que cette délicate affai re a mis dans la même situat ion l’AFDR aussi bien que le gouvernement.
 
L’embarras et aussi et les sueurs froides pour les patrons de l’AFDR devant faire face aux investigations financières qui ne manqueraient pas d’éclabousser beaucoup de cadres du parti. Embarras et sueurs froides aussi pour le Ministre de l’Intérieur pour gérer la très délicate accusation d’activités subversives d’un paquet de hauts responsables de l’ancien régime. Pour l’instant, le gouvernement joue plutôt à l’apaisement et l’on annonce, le mercredi 7 avril 2010, la levée de la mesure de résidence surveillée des personnalités interpellées.
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