Interview du Ministre de l’Intérieur, de la Décentralisation et des Affaires Religieuses, Dr.Cissé Ousmane...

Le Dim 02 mai 2010 0

Écrit par Tamtaminfo

 Tamtaminfo reçoit aujourd’hui le Ministre de l’Intérieur, Dr CISSE Ousmane. Le nouveau Ministre du Gouvernement Transitoire qui nous fait l’honneur de répondre à nos questions est un professionnel du domaine dont il a la charge désormais.   Apolitique, il sera appelé à superviser le processus électoral avec la neutralité requise. Chargé de gérer le Ministère tutelle des Partis et Associations de la Société Civile, le Ministre ne manquera pas de mettre un peu d’ordre dans ce qui est devenu une fourmilière, surtout avec le mouvement Tazartché qui a suscité la création à foison des Associations et Partis intéressés.  Dans cette période de forte tension, les responsabilités qui incombent au Ministre et à son équipe ne sont pas de tout repos.
 

Tamtaminfo:   L’actualité de ces dernières semaines a été marquée par l’arrestation, la garde à vue, puis la mise en résidence surveillée des personnalités du régime déchu. Cette dernière mesure vient d’ailleurs d’être levée. Pouvez-vous nous dire un peu plus sur cette grave accusation ?

Dr CISSE Ousmane: Il est de notoriété publique que la chute du régime de la 6eme République n’a pas été du goût de tout le monde. Mais de là à imaginer, parce que on a perdu un certain nombre de privilèges et d’avantages, que l’on peut en toute impunité s’enfermer dans une logique de déstabilisation aussi éhontée et incompréhensible, il est évident qu’au niveau du CSRD et du Gouvernement de Transition, nous ne saurions l’accepter. Hélas pourtant ! Ces « Barons » n’ont rien compris de la dynamique actuelle portée par toute une Nation spoliée de l’un de ses acquis les plus précieux, la Démocratie. Et c’est à l’œuvre de restauration de cette Démocratie, qu’ils ont pris autant de plaisir et d’intérêt à bafouer, que s’attèlent aujourd’hui le CSRD et le Gouvernement de Transition. J’aimerais autant vous le dire, rien ni personne ne détournera le CSRD et son Président de cette œuvre salvatrice. Permettez- moi d’en rester là pour des raisons évidentes.

Tamtaminfo:  Invoquant la volonté d’apaisement du CSRD et du Gouvernement, la mesure de résidence surveillée qui frappe ces personnalités vient d’être levée. Doit-on comprendre que le Gouvernement a renoncé à poursuivre ces personnalités devant la Justice ?

Dr CISSE Ousmane
:  L’un des crédos des autorités actuelles, c’est d’œuvrer pour la Réconciliation Nationale. Vous savez, lorsque Son Excellence le Président Salou Djibo a pris le pouvoir le 18 Février 2010, le pays était dans une situation de tension qui mettait en péril l’union et l’unité de ses fils. Ce n’est pas un vain mot, l’Unité Nationale. C’est à la fois une affirmation, une reconnaissance, une volonté d’appartenance à un même territoire et un désir partagé de vivre en harmonie avec ses concitoyens. C’est à l’état actuel de la mise en œuvre des actions du CSRD, l’une des priorités que s’est assignée l’équipe dirigeante. En dépit des éléments concordants prouvant leur degré d’implication, le Président du CSRD a instruit nos services d’arrêter le rouleau compresseur c'est-à-dire le processus. J’espère en ce qui me concerne que les gens ont saisi le sens et la portée de cette décision, qui cadre véritablement avec les vraies aspirations de nos laborieuses populations, pour lesquelles la seule action qui vaille, est celle de sortir notre pays des sentiers battus.

Tamtaminfo:  Il semble que la mesure de résidence surveillée n’est pas prévue dans nos textes de lois. Votre Gouvernement a-t-il fait le choix du respect des textes malgré la nature exceptionnelle de la période actuelle.

Dr CISSE Ousmane
:  Vous savez, depuis les évènements du 18 Février 2010, le CSRD a pris l’engagement de tout mettre en œuvre pour que le respect de la règle de droit soit érigé en système de gouvernance. Un Coup d’Etat, c’est par essence le renversement de structures et institutions de droit. Pour le cas spécifique de notre pays, il fallait plutôt intervenir pour créer les conditions d’un retour à la Démocratie. Ca a été fait et applaudi par l’opinion nationale ; vous êtes bien placés pour le savoir. Encore une fois, je dis et je le répète, si des individus ou groupes d’individus veulent contrecarrer coûte que coûte cette marche du Niger vers des horizons meilleurs, le CSRD et le Gouvernement de Transition ne laisseront pas faire, et prendront le cas échéant toutes les mesures qui s’imposent. Pour le cas de ces personnalités auxquelles vous faites allusion, ce que je veux vous dire, et mon souhait est que cela soit bien compris, le Président du CSRD, Son Excellence Le Chef d’Escadron SALOU DJIBO a voulu leur donner une chance de faire amende favorable, pour inscrire leurs actions dans le sens de la préservation des intérêts supérieurs de notre pays. Le temps des complots et autres montages politico-juridictionnels est définitivement révolu. Le talent qu’on cherche aujourd’hui, c’est celui de la construction de notre cher Niger. Personne ne le fera à notre place. Si encore aujourd’hui, certaines personnes en doutent, il est temps et grand temps que tout un chacun soit convaincu que le CSRD et le Gouvernement de Transition sont déterminés à faire du Niger un pays où il fait bon vivre. Et cela sera fait avec tout le monde, c’est le vœu ardent des autorités actuelles. Voila pourquoi le Président du CSRD a voulu que ces personnes soient remises en liberté. On a juste pris soin de les avoir à l’oeil le temps que le Conseil Consultatif National soit installé pour qu’elles aient un cadre d’expression plus approprié que la rue. Là voyez-vous, les Nigériens sont entre eux, et chacun selon sa conscience mesurera la part de responsabilité qui est la sienne dans ce qui est arrivé. Les Nigériens attendent de cette grande assemblée d’échanges, l’éclosion d’idées nouvelles pour baliser le chemin de la Démocratie et de la Prospérité. Je crois que c’est cela le plus important.

Le débat sur la légitimité de tel ou tel acte dans cette période que nous traversons ne doit pas nous divertir de nos préoccupations les plus importantes, que sont la lutte contre la précarité, la création des meilleures conditions de sécurité au sens large (alimentaire comprise), et la mise en œuvre de reformes afin de créer un espace de Liberté et de Démocratie plus à même de garantir l’épanouissement individuel et collectif de nos Chers Compatriotes.

Tamtaminfo:  Vos services ont conduit une importante rafle qui permettra de mettre la main sur plus de 600 individus. Pouvez-vous nous éclairer sur les raisons et les résultats de cette opération d’envergure ? Pourrait-on espérer une reddition périodique de cette opération afin de permettre aux citoyens de passer des nuits plus calmes dans leurs foyers ?

Dr CISSE Ousmane
:  Je vous remercie de me donner cette opportunité de m’adresser à tous les internautes (particulièrement nombreux) au Niger, pour parler d’un sujet de préoccupation pour les Nigériens. Depuis quelque temps nos Services ont constaté une recrudescence de la criminalité et de la délinquance dans les Centres Urbains, et même en milieu rural. Le particularisme de la Zone d’Agadez et du lit du Lac Tchad mérite aussi d’être souligné, compte tenue de la spécificité de la criminalité qui prévaut dans ces zones liées à l’insécurité résiduelle. A tous ces niveaux, conformément à mon cahier de charges et aux idéaux du CSRD et du Gouvernement de transition, des instructions fermes ont été données aux Services compétents de la Sécurité Intérieure pour que toutes les dispositions soient prises pour sécuriser les personnes et leurs biens sur l’ensemble du Territoire du Niger. Vous aviez suivi l’écho des opérations menées à travers la Presse, et les résultats auxquels nos Services sont parvenus. L’identification des personnes a révèle beaucoup de surprises à nos Services. Je confirme aussi que ces opérations vont se poursuivre et s’accentuer pour qu’aucune parcelle de notre pays ne puisse servir de sanctuaire aux criminels. Aujourd’hui, je suis heureux de partager avec vous cette analyse de l’impact des opérations coup de point à Niamey qui a vu le niveau de délinquance diminuer de moitié ces quatre (4) dernières semaines, en comparaison avec le mois de Février 2010.

Tamtaminfo: Notre pays vient de connaître une période de violation massive des Lois. Des Structures et Institutions dépendant du Ministère dont vous avez aujourd’hui la charge s’étaient particulièrement illustrées dans cette campagne contre les Lois de notre pays. Les Préfets, les Gouverneurs avaient explicitement appelé à la violation de notre Constitution et au refus d’obtempérer aux Arrêts et avis de la Cour Constitutionnelle. Des Préfets et des Gouverneurs se substituant aux Maires élus avaient exercé le pouvoir de Police refusant ou réprimant arbitrairement les manifestations. Quelles mesures comptez-vous prendre pour sanctionner ces manquements ?


Dr CISSE Ousmane
:  Vous savez, l’Administration de part son essence est apolitique ; elle est pour l’intérêt général, au service du Peuple. Au Niger, les hommes politiques ont pris un malin plaisir depuis l’avènement du multipartisme et de la Démocratie, à créer les conditions d’une politisation extrême des rouages de l’Administration. Cela, au point où tant qu’on n’est pas affilié à un Parti Politique, on ne peut jamais avoir la joie de partager avec ses proches la consécration de son mérite. A qui la faute ? Au système érigé en mode de gestion de la carrière de l’agent de l’Etat, ou bien aux serviteurs du Peuple qui vivent dans leur chair la terrible désillusion de se voir du jour au lendemain sous les ordres d’un parvenu qui a eu sa cooptation du Bureau Politique du Quartier ? Je vous renvoi le débat. Le CSRD et le Gouvernement de Transition ont dès au départ posé des règles de jeux non équivoques en légiférant sur la neutralité de certains serviteurs de la Nation. L’Ordonnance N°2010-002 du 11 Mars 2010 est très explicite là-dessus. Avec l’installation Institutions de Transition,  particulièrement du Conseil Consultatif National, du Comité des Textes Fondamentaux, les réflexions vont se poursuivre pour dégager des axes de décisions claires afin que l’Administration se mette au service de tout le monde dans la neutralité la plus absolue.

Tamtaminfo:  Dans ce démantèlement des Institutions de la République la Chefferie Traditionnelle avait joué un rôle déterminant. Des Chefs Traditionnels connus ont régulièrement investi le terrain de la politique portant ainsi préjudice à leur respectabilité. Quand on sait que les Chefs traditionnels sont interdits de politique, comment pensez-vous remettre de l’ordre dans cette institution qui a déçu plus d’un citoyen ?


Dr CISSE Ousmane:
  En toute chose, la volonté politique est un déterminant incontournable. Je vous invite à faire le tour du Niger pour relever à l’heure actuelle le Chef qui se place en terrain politique. Les textes sur la Chefferie Traditionnelle sont là, il suffi juste de les appliquer.

Je crois qu’il faut laisser nos Honorables Chefs en dehors de ce débat. Ils sont les garants de nos Traditions et les piliers sur lesquels s’appuient nos valeurs. Je respecte beaucoup ces respectables citoyens, car ils ont beaucoup à nous apprendre et largement à perpétuer notre identité. Il y a eu quelque dérapage, mais nos Honorables pères nous édifierons beaucoup à l’avenir.

Tamtaminfo:  Avec la déliquescence de nos Institutions, le clientélisme exacerbé par la volonté du mouvement Tazartché, des centaines d’Associations sont nées et exercent avec la bénédiction du Ministère dont vous prenez les rênes aujourd’hui. Comment compter vous mettre de l’ordre dans ce qui est devenu un créneau politique en vue de l’ascension individuelle ?


Dr CISSE Ousmane:
  On est dans un Etat régi par les textes. Si aujourd’hui, les événements font que la Constitution et certains Textes Fondamentaux sont suspendus, il n’en demeure pas moins que les autres Textes Législatifs et Réglementaires sont là et continuent à régir les différents secteurs de la vie, dont le secteur associatif. La liberté d’association trouve son fondement aussi bien dans les textes et déclarations supranationaux que dans les dispositions de droit nigérien. Cela dit, les Associations sont tenues de respecter les Lois et Règlements de la République, et c’est peut être là que mon Département Ministériel assumera sa responsabilité de veiller au respect scrupuleux des textes de la République.

Tamtaminfo:  Notre pays a connu une rébellion armée. Le régime renversé avait qualifié cette rébellion de «  Bandits Armés » avant de se résoudre à discuter avec elle ; mais les Nigériens ignorent tout sur l’Accord Gouvernement/Rébellion. Pourriez-vous informer les Citoyens sur les principaux points de cet Accord ?


Dr CISSE Ousmane:
  « Bandits armés » ou « Bandits Tazartché », ce qui est évident, c’est l’avenir du Niger qui compte pour nous. Vous savez, ce pays a été très affecté par ces événements douloureux. Ceux qui ont choisi de prendre les armes contre leur propre pays pour des raisons qui sont les leurs, ont préféré une autre option et sont aujourd’hui parmi nous. C’est le plus important. Le Niger nous appartient tous, et dans la compréhension mutuelle nous le construirons ensemble.

Tamtaminfo:  Deux personnalités de cette rébellion sont aux arrêts depuis quelques semaines : Rhissa Ag Boula et Zada Kindo. Le Ministre de l’Intérieur peut-il nous dire ce que leur reprocherait la Justice ?

Dr CISSE Ousmane
:  Je me garderai si vous le permettez de rentrer dans un domaine qui n’est pas de mes attributions. La Justice est une chose, l’Intérieur en est une toute autre.

Tamtaminfo:  Depuis quelques années notre pays est devenu un point de passage de trafiquants. Les Nigériens attendent une répression énergique de cette activité dans laquelle les rumeurs soupçonnent certaines personnalités du régime déchu. Quelle est votre ambition en ce domaine ?


Dr CISSE Ousmane:
  La lutte contre les trafics de tout genre qui ont foisonné dans la partie Nord de notre pays à la faveur de l’insécurité qui y régnait, est actuellement inscrite comme l’une des priorités du CSRD et du Gouvernement de Transition. J’ai l’intention de m’y rendre dans les tous prochains jours pour porter le message sur place et pour encourager nos vaillantes Forces de Défense et de Sécurité qui s’efforcent de conjurer ce phénomène qui a malheureusement des ramifications internationales qui l’alimentent et le dynamisent chaque jour d’avantage. Je voudrais souligner les résultats probants auxquels sont parvenus nos Services, qui ont contribué à freiner considérablement le développement du phénomène dans notre pays.

Tamtaminfo:  On sait que les pays de la Sous-Région Sahara/Sahel sont en train de conjuguer leurs efforts afin de faire face à la présence du mouvement islamiste armé. Vue l’immensité de cette zone, y a t il espoir que bientôt notre Sahara sera sécurisé, que la souveraineté de notre pays prévaudra sur ce vaste désert ?

Dr CISSE Ousmane
:  La Souveraineté de notre pays n’est pas en cause en la matière, et le Niger, ne sera jamais un sanctuaire pour les terroristes. Je me réjouis d’ailleurs de voir à quel point le Sahara nigérien est actuellement sous contrôle, malgré la modicité des moyens dans cette immensité désertique. Le péril terroriste et islamiste qui cherche à étendre ses tentacules dans nos pays, loin de ses frontières connues, j’en conviens, seule une synergie d’action peut le neutraliser. Nos pays, avec l’aide de nos partenaires s’y attèlent et y aboutiront, il n’y a aucun doute à se faire là-dessus.

Tamtaminfo:  La situation actuelle est propice aux rumeurs de toutes sortes. Des folles rumeurs sont régulièrement distillées à travers nos villes et campagnes. Quels sont vos axes de communication en vue d’informer régulièrement les citoyens sur la sûreté et la sécurité du pays ?


Dr CISSE Ousmane
:  La transparence est le maître mot qui préside à nos actions. Ma présence sur ce cite n’en est-elle pas suffisamment révélatrice ?

Tamtaminfo:  Le Gouvernement vient de relever les Cadres des Collectivités Territoriales. Certaines Communes n’auront pas de nouveau Maires pendant cette Transition. Elles seront gérées par les Préfets…pouvez-vous rassurer nos Concitoyens que cette absence de Maires ne portera pas préjudice à ces Collectivités ?


Dr CISSE Ousmane
:  En fait, il faut que tout un chacun comprenne que les règles d’administration des collectivités ne changent pas, et sont toujours les mêmes. Certes la décentralisation  tant prônée aura du mal à s’identifier et à se reconnaître dans cette logique d’administration déléguée, avec la nomination des organes de direction par l’Etat. Il reste quand même, que pour des questions importantes touchant la vie de la collectivité, l’Administrateur Délégué doit s’appuyer sur le Conseil Consultatif provisoire également mis en place et qui peut à ce niveau jouer le rôle du Conseil Municipal régulier. Comme la transition actuelle, ça ne sera qu’une parenthèse que recommande la situation du moment et qui cédera la place aux véritables organes une fois élus pour que de nouveau les populations reprennent en mains la gestion de leur terroir.

Tamtaminfo:  Auriez-vous un projet d’audit de vos Services, du niveau central au niveau régional et départemental ?

Dr CISSE Ousmane:  Tous les Services dont la nécessité se fait sentir feront l’objet d’inspection ; c’est une exigence commandée par le souci de moralisation de la vie nationale. Je vous renvoie à l’adresse à la Nation de Son Excellence le Chef d’Escadron SALOU DJIBO, Président du CSRD et à la déclaration du Premier Ministre, Son Excellence Monsieur MAHAMADOU DANDA lors de sa rencontre avec les Directeur Généraux des Sociétés d’Etat. Nous le devons pour que dorénavant les uns et les autres comprennent une bonne fois pour toutes que les deniers publics sont des biens communs, des biens de l’Etat et non la propriété d’un clan ou d’amitiés politiques.

Tamtaminfo:  Si vous avez le pouvoir de régler totalement un problème (et un seul) de nos « Forces de Défense et de Sécurité », lequel choisiriez-vous de régler ?


Dr CISSE Ousmane:  Sans hésiter, le problème récurrent des moyens de travail.


Tamtaminfo:  le mot de la fin

 
DEBOUT NIGER DEBOUT ET QUE DIEU TE BENISSE ET TE PRESERVE POUR L’ETERNITE. AMEN.

 

Je vous remercie.

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