"" J'ai remporté le scrutin avec 51,45 % des suffrages. Je suis le président de la République de Côte d'Ivoire.""
Sous très forte pression de la communauté internationale qui réclame son départ, Laurent Gbagbo a proposé une solution de dialogue. "Je suis prêt, dans le respect de la Constitution (...), à accueillir un comité d'évaluation de la crise post-électorale", a déclaré le président désigné par le Conseil constitutionnel. Ce comité aurait pour mission "d'analyser objectivement" le processus électoral "pour un règlement pacifique de la crise", a-t-il expliqué. Ce comité pourrait être "dirigé par un représentant de l'Union africaine" et comprendrait, notamment, des représentants de la Cédéao (Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest, NDLR), des Nations unies, des États-Unis, de l'Union européenne, de la Russie, de la Ligue arabe et de la Chine ainsi que "des Ivoiriens de bonne volonté".
"" Je suis donc prêt à accueillir un comité d’évaluation sur la crise post-électorale en Côte d’Ivoire. (...) Ce comité aura pour mission d’analyser objectivement les faits et le processus électoral pour un règlement pacifique de la crise.""
Dans la foulée, Laurent Gbagbo a accusé la communauté internationale de "déclare[r] la guerre à la Côte d'Ivoire". "Cela n'est pas acceptable et cela ne sera pas accepté", a-t-il averti. Il a également assuré que la force de l'ONU et le dispositif français Licorne "partiront", à terme.
"Acculé, isolé sur la scène internationale, Gbagbo cherche à gagner du temps pour retourner sur le terrain de la légalité, analyse Pauline Simonet, envoyée spéciale de FRANCE 24 à Bouaké, dans le nord de la Côte d’Ivoire. C’est le discours de la dernière chance pour regagner du crédit sur la scène internationale."
"Main tendue" à Alassane Ouattara
Le président désigné par le Conseil constitutionnel ivoirien a évoqué son adversaire, Alassane Ouattara, en des termes pacifiques : "Je tends la main à l’opposition, à Monsieur Ouattara, comme à la rébellion armée qui le soutient, a déclaré Laurent Gbagbo. J’ai confiance en notre capacité à construire une nation dans la paix, la démocratie et la prospérité. Quittons le chemin de la guerre, reprenons notre marche vers le progrès." Il a ensuite appelé les partisans d’Alassane Ouattara à quitter l'Hôtel du Golf où le président reconnu par la communauté internationale est actuellement retranché avec son gouvernement : ils "sont libres de leurs mouvements".
"Ce n’est pas à Laurent Gbagbo de nous tendre la main, il nous appartient à nous de tendre la main à Laurent Gbagbo", a immédiatement réagi Cissé Bacongo, ancien porte-parole d’Alassane Ouattara, interrogé par FRANCE 24 au téléphone. "Gbagbo a été battu, et lorsqu’il se rendra à cette évidence, l’appel à la désobéissance civile [lancé par le Premier ministre Guillaume Soro mardi matin, NDLR] sera levé", a-t-il ajouté.
Couvre-feu levé
Dans la foulée de l'intervention télévisée de Laurent Gbagbo, le porte-parole de l'armée fidèle au président sortant a annoncé la levée, dès ce mardi soir, du couvre-feu nocturne instauré à la veille du scrutin du 28 novembre.
À Abidjan, le calme règne dans les rues ce mardi soir, a constaté Karim Hakiki. "Les voitures circulent normalement, la vie semble avoir repris. J’ai rencontré des partisans de Ouattara qui ne s’attendaient pas à cette déclaration de Laurent Gbagbo. Il y a des appels à la mobilisation demain [mercredi, NDLR], mais les partisans d’Alassane Ouattara ne savent pas s’ils peuvent se le permettre."