Ecrit par Barmou Ibro Ayouba
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Commentaires
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"....Peu importait, nous partîmes comme des voleurs vers le sud africain que j'imaginais
plus varié, plus disparate. Je me remémorais Parron parlant du Niger indépendant. Il
avait soigné Diori, du Parti Progressiste. La pacification avait abouti. Le Niger en avait
fini avec les militaires français, installés là depuis près de soixante ans. Hamman
Diori avait dit à Parron, sur le ton de la confidence : « Je suis guéri de l'Europe et de
ses plaies. Comme mon pays, je vénère la savane orange, la pureté blanche, la
végétation verte de la vallée du Fleuve et le rond orangé du soleil. Souvenez-vous de
ça. Docteur, nous sommes un peuple fidèle à notre drapeau ! »
Parron avait souri au Président tout en lui retirant le pansement qui couvrait son
orteil droit guéri d'un affreux panaris. Et Parron riait encore devant son whisky, ses
petits yeux de myope tournés vers moi, il ne boudait pas son plaisir de me dévoiler
ainsi l'intimité du Président nigérien.
C'est ainsi, vraiment ainsi que tout a commencé. Mon opérateur qui, il y a
peu, préparait les analyses destinées à mes recherches, et qui se prénommait Stuart,
conduisait la jeep à une vitesse raisonnable. Cela valait mieux car la route semblait
longue et difficile. Notre progression ressemblait à des sauts de puce, d'un bivouac à
l'autre. Notre véhicule chauffait vite, nous devions nous arrêter fréquemment si bien
que le Hoggar nous apparut bientôt comme un univers sans limite alors que
quelques touaregs prêts à commercer nous accostaient, avides de nous vendre
quelque chamelle ou un peu d'essence. Stuart, que je surnommais Stu, portait au
dessous d'une mèche rebelle une rigueur toute britannique et s'exprimait dans un
français impeccable.
-Il est clair que le soleil décline, l'heure du thé approche. Sir ! »
-Allons-y pour la séance traditionnelle, mon cher Stu ! »
Stuart Jordan portait une chemise brune sur des épaules de rugbyman et, sur son
short couleur sable, on distinguait l'insigne d'un club de Manchester cousu sur la
jambe gauche. Ce blason désignait sa ville natale, cité ouvrière qu'il avait quittée afin de poursuivre ses études dans un lycée parisien. En effet, grâce à une bourse versée
avec alacrité par l'Académie qui méprisait les autodidactes, il avait suivi assidûment
ses études, pistonné par un oncle ancien mineur, auteur d'une biographie qui
remporta en son temps un franc succès. L'acharnement du jeune Jordan, sa patience
de fourmi lui permirent d'obtenir à Paris un diplôme universitaire.
Et ce faux anglais un peu pédant versait maintenant le thé avec audace, fier de
respecter un protocole séculaire.
-Il nous reste, d'après la carte, quelques deux cents cinquante kilomètres pour
atteindre In Azaoura. » me dit mon jeune chauffeur avec un ton détaché. Ce à quoi
je répliquais, un peu au hasard, du reste : «C'est l'affaire d'une journée, n'est-ce
pas ? »
-Oui, Sir, une journée si le vent ne se lève pas... Car il souffle régulièrement dans
cette région de l'Aïr ! »...
Par Christian MERLE dans "Une araignée sur le plancher" Ed Le Manuscrit -
Waou!
Quelle merveille!
C'est une belle oeuvre et ces phrases me disent et me rappellent maintes choses. En tout cas j'apprécie bcp...
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