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Les chantages de Garba Lompo

Le Jeu 15 avr 2010 0

Écrit par Yacouba Ouseini (Le FLIC N° 184 du mardi 13 Avril 2010)

Pendant longtemps, les Nigériens gardent en mémoire la menace d’emprisonnement qu’il avait proférée contre les deux personnalités politiques (Hama Amadou et Mahamane Ousmane) contraints à l’exil par le régime Tandja si elles osaient remettre pied au pays. L’auteur de cette menace occupait à l’époque des faits le super ministère de la Justice. Il n’a jamais imaginé que la longévité de leur régime impopulaire allait être écourtée, au bout de 57 jours seulement de vie. Lui, c’est Garba Lompo, un personnage au passé trouble, venu à la politique par pur opportunisme. Ni sa formation scolaire, ni son parcours social ne le prédestinaient à jouer les beaux rôles qu’il avait eu à assumer sous la 5e République puis l’éphémère 6e République. Bien au contraire, les frasques qu’il traîne comme un boulet aujourd’hui encore font que son ascension politique est restée en travers de la gorge de nombreux nigériens. De l’ombre à la lumière.

Il semble que c’est Hama Amadou, à l’époque tout puissant Premier ministre sous la 5e République, qui permet à Lompo d’accéder au prestigieux poste de Président de la Commission Nationale des Droits de l’Homme et des Libertés Fondamentales (CNDH/ LF), alors qu’il représentait la Chambre du commerce au sein de cette institution. Après l’éviction de Oumaria Mamane de la présidence de la CNDH/LF, il fallait pour Hama placer un pion sûr, taillable et corvéable à souhait. D’où le choix porté sur Garba Lompo avec qui il entretenait, indique-t-on, un certain commerce occulte. A partir de cet instant, les moyens qu’on n’avait pas donné à Oumaria seront accordés à Garba pour permettre à la Commission de fonctionner normalement. Au contact du pouvoir, Lompo qui avait une mauvaise réputation sur le plan social, va apprendre à se forger une personnalité politique pour s’imposer dans le dispositif institutionnel.
 
Quand Hama, son parrain, tombe dans la disgrâce politique, le personnage s’est accroché à Tandja Mamadou pour ne pas perdre les sollicitudes et la mansuétude du régime. C’est en ce moment d’ailleurs qu’il va bénéficier d’un fonds important pour diligenter une étude sur l’esclavage au Niger, fonds dont la gestion aurait été scabreuse, selon un confrère de la place. Ouvrons ici une parenthèse pour signaler que quelques années auparavant, Lompo avait contribué à faire perdre un financement de plusieurs milliards de francs CFA à une ONG locale intervenant sur le terrain de la lutte contre l’esclavage. Il avait argué qu’il n’y avait pas de pratiques esclavagistes au Niger, s’alignant ainsi derrière la position de Tandja Mamadou. Après l’expiration de son deuxième mandat légal à la tête de la Commission, Garba Lompo va se retrouver au Cabinet de Tandja en tant que Conseiller avec rang de ministre et à ce titre, il a activement contribué à la réflexion et à la mise en route du processus Tazartché ayant consacré le démantèlement de l’édifice démocratique et l’adoption d’une nouvelle Constitution taillée sur mesure de Tandja Mamadou.
 
C’est d’ailleurs dans ce processus qu’il sera promu ministre de la Justice, Garde des Sceaux. Un poste qui lui permettra de faire prospérer ses affaires. Il semble qu’il s’adonnerait à des actes de montage de faux dossiers contre ceux qui dérangèrent la quiétude de leur régime. Les mandats d’arrêts internationaux lancés contre Hama Amadou et Mahamane Ousmane et Mahamadou Issoufou procèdent de cette démarche. Issoufou Mahamadou du PNDS-Tarayya a bravé le mandat et l’opinion a pu constater que c’est du toc. Il n’a pas été inquiété quand il est revenu au pays. Cette forme de chantage serait aussi appliquée contre des directeurs généraux de sociétés et offices de l’Etat par le personnage. Dans le cadre de l’assainissement politique et économique promis par la junte, la lumière doit être faite autour de ces pratiques mafieuses. En attendant, l’affaire concernant Lompo qui inquiète beaucoup, c’est celle relative à l’emprisonnement injuste d’un fournisseur de riz qui a dû verser 100 millions de francs CFA (50 millions en espèces et une quantité de riz équivalent à 50 millions de francs) pour recouvrer sa liberté.
 
Ledit fournisseur est venu au Niger par l’entremise de son client, un importateur local de riz, qui a joué un rôle actif dans le chantage. Son arrestation et son emprisonnement se sont opérés avec la complicité d’un haut cadre du milieu judiciaire. Malheureusement, à l’issue de l’opération ces derniers (l’importateur local de riz et le haut cadre du milieu judicaire) auraient été floués. Cette affaire qui est encore fumante risque d’éclater un jour ou l’autre, d’où la grande inquiétude des complices de Garba Lompo.
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