Massaoudou Mai takobi: le ministre des finances assène un uppercut aux douaniers

Le Mar 06 déc 2016 0

Toujours égal à lui-même et à sa réputation, le Ministre des Finances, M. Masaoudou Hassoumi, a, dans un langage qui sied à la situation et avec les mots choisis pour la circonstance «descendu » les douaniers de leur piédestal en les ramenant sur terre et au service du peuple.

 

Ce n’est un secret pour personne, que la Douane depuis la création de son syndicat, était jusqu’alors une sorte de camarilla ; une sorte d’organisation fermée qui travaille exclusivement pour elle-même et au profit de ses membres, le Ministre Massaoudou veut mettre fin à la « Sicilisation » de la Douane, en disant tout haut, ce que les autres disent, tout bas :

« Depuis qu’il est créé, il y a quelques années le Syndicat National des Douanes, se comporte en une organisation qui cogère avec tous les anciens DG et Secrétaires généraux des Douanes. Tout le monde fait partie de ce Syndicat, c’est une connexion ! Même le DG fait partie.

C’est essentiellement une organisation pour défendre des intérêts particuliers, pour capter les ressources publiques et soustraire la Douane à l’autorité de l’Etat. Cela, nous ne pouvons pas l’accepter. Nous allons rétablir l’autorité de l’Etat sur la Douane aussi et casser cette organisation de captation des recettes de l’Etat.

Ce que nous avons assigné comme mission dans ce Corps, c’est de sécuriser les recettes de l’Etat pour qu’elles servent exclusivement l’intérêt du peuple nigérien et réhabiliter l’image du douanier parce que beaucoup d’entre eux travaillent honnêtement».

Il y a effectivement, reconnaissons le, des douaniers honnêtes et qui travaillent sincèrement pour leur pays, mais ils sont noyés dans la nasse par des voraces aux multiples poches et ce sont ceux-là qui ont lancé un défi à l’Etat à travers le SNAD en rejetant catégoriquement la nomination du nouveau DG pour imposer que ce soit un douanier qui soit nommé Directeur général des Douanes , tout en piétinant le principe des réformes engagé par le Gouvernement.

Pour le ministre des Finances, M. Massoudou Hassoumi, cette sortie est un ‘’défi à l’autorité de l’Etat’’. Le Statut autonome du cadre des Douanes, brandit comme argument massue pour rejeter cette nomination stipule en son article 164 de la loi 2013-31 du 4 juin 2013 que« les Inspecteurs Principaux (des Douanes) organisent, animent, orientent et contrôlent l’action des Services des Douanes.

Ils ont vocation à occuper les emplois suivants…dont les Postes de Directeur général adjoint et Directeur général des Douanes ».

Or, « vocation à occuper », même dans une interprétation juridique, ne veut dire ni plus, ni moins « qu’ils peuvent être nommés » ce qui est différent de «qu’ils doivent obligatoirement être nommés ».

Les lois et règlements de notre pays donnent au « Gouvernement, le pouvoir de nomination aux emplois supérieurs de l’Etat, et les Douanes est un Corps à la tête duquel le Gouvernement peut nommer des douaniers, comme des non douaniers, tant qu’il estime que la personne qu’il nomme présente le profil qui cadre avec la mission, et surtout, qu’elle est à même de l’exécuter dans la loyauté aux règles de gestion d’une administration publique en préservant les intérêts de l’Etat. »

Et justement, a souligné avec force le ministre des Finances, « la personne que le Conseil des ministres a nommée au poste de Directeur général des Douanes est un officier supérieur intendant, qui a fait des études d’économie et des Finances, et qui a eu à accomplir, sous plusieurs régimes, des missions de gestion et d’assainissement à la satisfaction de tous. Ce n’est pas un politique. Les Nigériens ne le connaissent pas comme tel. C’est un cadre militaire capable d’accomplir la mission en toute rigueur et honnêteté à la tête de l’Administration douanière nigérienne ».

Mieux « Tous les régimes, en fonction des circonstances, a dit le ministre, ont eu à nommer à la tête de la Direction générale des Douanes des douaniers comme des non douaniers ». Aujourd’hui, « nous sommes dans une situation particulière qui appelle des mesures particulières ».

Aujourd’hui, notre pays le Niger, à cause de ce qui se passe dans notre Administration douanière, est devenu presque le dernier pays de l’UEMOA en termes de mobilisation et d’encaissement des recettes douanières au profit de l’Etat. Voici le tableau de prélèvements communautaires en 2016 pour les huit pays de l’UEMOA, soit 1% des recettes douanières de chaque pays :

Benin 9,5 milliards ; Burkina Faso 10,5 milliards ; Côte d’Ivoire 36,4 milliards ; Guinée Bissau 400 millions ; Mali 10,7 ; Niger 5,1 milliards ; Sénégal 18,9 milliards, Togo 6,4 milliards. Comme on le voit, à part la Guinée Bissau, un pays, qui a d’autres types de problèmes, nous sommes le dernier pays en termes d’encaissement par l’Etat des recettes douanières.

Cela veut aussi dire que le Benin et le Burkina font chacun 2 fois mieux que le Niger ; le Sénégal 4 fois le Niger ; le Mali 2 fois le Niger ; le Togo 1 fois et demi le Niger et la Côte d’Ivoire plus de 7 fois le Niger. On devrait avoir honte de cette situation qui ne fait que se dégrader. Depuis que je suis là il ya moins d’un mois, ce que j’apprends chaque jour de la Douane et cela des quatre coins du Niger est encore plus grave.

On m’appelle pour me dire que les douaniers ne travaillent que pour eux-mêmes. Quand les recettes arrivent, ils prennent 7 pour eux et 3 pour l’Etat. Comment voulez-vous qu’on continue comme ça ? Nous allons mettre de l’ordre a-t-il martelé avant de mettre en garde les douaniers qu’ils sont avant tout et au regard de la loi et de la République, des agents qui ont des armes et l’uniforme de l’Etat et qu’ils doivent par conséquent et absolument se soumettre aux contraintes des autres Corps en uniforme.

La messe est dite et bien prononcée, il faut passer aux actes. Et la première des choses à faire, c’est de continuer à couper les tentacules du monstre. La tête a été certes décapitée, mais la Douane est un monstre à plusieurs têtes, les unes aussi nocives que les autres. Il faut donc parachever le travail, si réellement on veut que l’institution atteigne les objectifs qui lui ont été assignés.

D’abord nommer un Directeur général adjoint compétent et intègre pour appuyer le nouveau DG dans sa politique de réformes. Responsabiliser au niveau de la portion centrale, des régions et des chefs d’unités des cadres rigoureux, de bonne moralité et honnêtes. Donner à chacun d’eux un cahier de charges précis. Informatiser tout le processus et mettre hors d’état de nuire les brebis galeuses.

Procéder immédiatement à une dépolitisation de l’administration des Douanes ; que la politique ne soit plus le critère de nomination ;

promouvoir et responsabiliser les valeureux douaniers apolitiques qui sont là parqués à Niamey et surtout procéder à chaque fois que de besoin à des inspections surprises.

Des habitudes malsaines ont été érigées en règles générales au niveau de la Douane, il faudra y mettre fin.

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