Nominations : Les ''petits'' mensonges du gouvernement !

Le Dim 02 mai 2010 0

Écrit par A.C. (OPINIONS N° 106 du 28 AVRIL 2010)

Au début du mois d'avril, le Premier Ministre du gouvernement de transition, Mahamadou Danda, adressait une directive au Ministre de la Fonction Publique et de l'Emploi dans laquelle le Chef du gouvernement instruisait ce dernier de veiller à l'observation d'un certain nombre de principes et de valeurs édictés par le Président du Conseil Suprême pour la Restauration de la Démocratie (CSRD) pendant la période transitoire. Au terme de cette directive, comme vous pouvez d'ailleurs le lire dans ce mauvais fac-similé, le PM intime fermement au Ministre de la Fonction Publique, conformément au Décret N° 2010- 003/PCSRD du 1er mars 2010, portant composition du gouvernement de transition, de s'abstenir d'attribuer des numéros matricules à des agents à la retraite ou à des contractuels, pour occuper des emplois dans l'Administration. Dans cette directive en date du 08 avril 2010, Mahamadou Danda écrivait, noir sur blanc, ceci : '' … par ailleurs, je vous rappelle, en attendant la pleine mise en oeuvre, en ce qui concerne les agents contractuels, des dispositions de la Loi 2007- 26 du 23 juillet 2007 portant Statut Général de la Fonction Publique, qu'il ne doit dorénavant plus être attribué de numéro matricule à des agents de l'Etat à la retraite pour occuper des emplois dans l'administration''. Voila l'essence même de la directive du Premier Ministre.

En effet, le PM avait raison, car personne ne trouve normal qu'un agent déjà à la retraite ou un bénéficiaire du PAIPCE soit nommé à un emploi au sein de l'administration publique pendant que des milliers de jeunes diplômés battent le pavé à la recherche d'un emploi décent. Le régime défunt du satrape Mamadou Tandja en avait fait son leitmotiv et c'est par charrettes entières que les retraités ou autres bénéficiaires du PAIPCE continuent d'occuper des postes de responsabilité dans les emplois de l'Etat, ce qui a même fait dire que le Niger était la république des retraités ! 99%, par exemple, des PCA sont des retraités parachutés dans ces Conseils d'Administration pour ''arranger'' leurs vieux jours, tandis que plus de 50% des ''conseillers techniques'', parents et amis, sont de potentiels retraités ou bénéficiaires du départ volontaire de la Fonction Publique !

 
Seulement voila, et c'est cela le paradoxe du Niger contemporain, entre l'affirmation des principes et leur respect scrupuleux par ceux qui les éditent, il y a comme un gouffre abyssal. En effet, et vous aurez à le découvrir, aussi bien le PM que certains de ses ministres n'ont point tenu compte de ces principes de justice élémentaire dans la nomination de certains de leurs conseillers techniques, voire carrément des directeurs d'officines publiques ! La vie continue pour les papys comme l'ancêtre El Hadj Habibou Allélé, Hamidou Sékou et autres ! Tout roule comme dans le meilleur des mondes ! Le cas flagrant du Ministère de l'Urbanisme et de l'Habitat Les cas les plus emblématiques du non respect des principes énoncés par la directive du PM à l'intention du Ministre de la Fonction Publique se trouvent au Ministère de l'Urbanisme et de l'Habitat. En effet, à commencer par le conseiller technique de la Ministre en question, Roger Nignon est un ancien cadre de ce ministère qui avait pris son PAIPCE, départ volontaire de la Fonction Publique, au début des années 90.
 
Il dirigea pendant plusieurs années la NIGETIP qui était une initiative de la Banque Mondiale pour doter les pays africains de certaines infrastructures routières tout en résorbant le chômage par la création d'emplois massifs dans ce secteur. Tout le monde connaît la suite au Niger, ce fut une véritable farce, et seuls les cadres de NIGETIP et certains entrepreneurs s'en étaient mis plein les poches ! Conséquence immédiate, les bailleurs de fonds se résolurent à arrêter les frais en mettant fin au programme. Aujourd'hui, par le jeu des relations et des amitiés ou autres parentés, Roger Nignon est bombardé conseiller technique de la Ministre, en flagrante violation de la directive du PM Danda ! Mieux, le directeur de la SONUCI, Gado Maman Sani, est également un ancien cadre du ministère qui avait également bénéficié du programme de départ volontaire de la Fonction Publique pour aller ouvrir un cabinet d'architecte ! Ni fou, ni idiot, aujourd'hui il est promu directeur général de la SONUCI, comme quoi, faites ce que je dis, mais ne faites point ce que je fais !
 
Pourtant, les textes de la Fonction Publique sont clairs et nets à propos des agents de l'Etat qui ont bénéficié du programme de départ volontaire, et qui sont définitivement radiés du contrôle des effectifs de la Fonction Publique, et ne pourront plus postuler à un emploi permanent dans cette même Fonction Publique, dans un Etablissement public, Société d'Etat ou Société d'Economie mixte, ni dans les Collectivités Territoriales. Alors de qui se moque- t-on, Madame la Ministre ? La loi, le PM et les autres Le PM Mahamadou Danda aurait pu nous faire l'économie de cette directive de justice élémentaire, s'il avait su qu'il serait le premier à violer sa propre loi, exemple type de l'idiot qui scie la branche sur laquelle il est assis ! En effet, juste après l'édiction de cette ''importante'' directive, il avait nommé un conseiller technique déjà à la retraite ! Ceci vient conforter l'opinion publique nationale que dans le Niger d'aujourd'hui, les nominations ne sont plus la résultante d'une quelconque compétence avérée, mais bien souvent le fruit de copinage, de relations ou autres considérations de ce genre. Pourtant, Mahamadou Danda avait été nommé à ce poste de PM sur la base de sa neutralité politique et par conséquent, on aurait admis un tel comportement sectaire de toute autre personne que lui. Quand on en appelle au civisme des subordonnés, l'exemple doit toujours venir d'en haut ! Manifestement Danda et plusieurs de ses ministres doivent revoir leurs copies. Ousseina.
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