Ouverture, hier à Niamey, de la 1ère Session ordinaire du Conseil Consultatif National : plusieurs questions d'intérêt national dont la dét

Le Jeu 15 avr 2010 0

Écrit par La Rédaction (Le Sahel du Mercredi 13 avril 2010) 

La 1ère Session ordinaire du Conseil Consultatif National a ouvert ses travaux hier dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale sous la présidence de M. Marou Amadou, président de l'institution. Il y avait à l'occasion le Secrétaire Permanent du CSRD, Colonel Abdoulaye Badié, le Premier ministre, SEM. Mahamadou Danda ainsi que des membres du gouvernement et du Corps diplomatique.

Sont inscrits à l'ordre du jour de cette 1ère Session, l'examen et l'adoption du règlement intérieur du Conseil et la question de la détermination d'un délai de la transition politique par les conseillers.

«Je puis vous assurer que je n'aurai à l'esprit, en toutes circonstances et par rapport à n'importe quelle question, que l'intérêt suprême de notre pays», déclare M. Marou Amadou.

« Mesdames et Messieurs, en vos Titres, Grades et Qualités ;

Je voudrais tout d'abord rendre grâce à Dieu le Tout-puissant qui nous a permis de nous retrouver en ce jour pour la cérémonie d'ouverture de la première session ordinaire du Conseil Consultatif National. A l'occasion de cette session convoquée en vertu des dispositions pertinentes de l'Ordonnance 2010 /07 du 30 mars 2010, il m'est tout particulièrement agréable d'exprimer, du haut de cette tribune, ma profonde gratitude pour la confiance placée en ma modeste personne par le Président du Conseil Suprême pour la Restauration de la Démocratie, Chef de l'Etat, le Chef d'Escadron Salou Djibo, en me portant à la Présidence de cette institution de transition. La mise en place du Conseil Consultatif National est assurément un acte de haute portée politique pour notre pays et nous devons tous mesurer à sa juste valeur l'insigne honneur qui nous est fait d'y siéger, avoir la pleine conscience de la redoutable et non moins exaltante mission à nous confiée et que nous devons exercer au nom et à la satisfaction de l'ensemble des composantes du peuple nigérien. Cette mission, nous devons l'exercer également avec un esprit d'ouverture, afin de créer les conditions propices à des débats francs et constructifs et ce, dans la courtoisie et le respect mutuel. Je puis vous assurer que je n'aurai à l'esprit, en toutes circonstances et par rapport à n'importe quelle question, que l'intérêt suprême de notre pays.

Mesdames et Messieurs les membres du Conseil Consultatif National,

Je voudrais saisir cette occasion solennelle pour présenter, à chacune et à chacun de vous, mes chaleureuses et sincères félicitations, pour la confiance que vos organisations respectives viennent de vous témoigner, en vous désignant comme membres de notre Institution. La responsabilité dont nous venons d'être investis exige à la fois le respect de la collégialité ; une hauteur de vue de tous les instants ; et un sens aigu des responsabilités et de l'équité. Je m'emploierai donc, avec vous, à ne pas décevoir les attentes du peuple nigérien qui espère de nous, l'examen sans complaisance aucune de textes conformes à ses aspirations profondes. Je sais que vous mesurez combien les attentes sont fortes et combien nous devons nous investir pour contribuer à la mise en place d'institutions véritablement démocratiques et porteuses de progrès pour notre pays et pour notre peuple.

Mesdames et Messieurs les membres du Conseil Consultatif National,

La composition de la présente institution qui regroupe des femmes et des hommes parfaitement avertis des affaires publiques, profondément attachés à leur devoir au service du Niger et représentant toutes les forces vives de notre pays, laisse augurer, sans aucun doute, de contributions de qualité et du succès de la mission qui nous est assignée. Je demeure convaincu que la diversité de notre composition est un atout formidable pour la qualité de nos travaux. Je sais que chacun de vous aspire à voir le Conseil Consultatif National jouer pleinement son rôle en toute indépendance et en parfaite synergie avec les autres Institutions de l'État. Nous devons par conséquent, dès à présent, nous fixer des points de repère et nous concentrer sur les questions qui relèvent des attributions de notre conseil. En effet, la session que nous tenons à compter de ce jour, revêt, à beaucoup d'égards, une signification toute particulière dans l'histoire institutionnelle de notre pays. Une signification particulière, au regard tout d'abord de notre cahier de charges particulièrement important, à savoir :

 
dresser le bilan de la situation sociopolitique du pays ; soumettre au gouvernement des suggestions, en vue d'envisager des mesures correctives ; donner des avis sur toute question intéressant la vie de la Nation ; amender si nécessaire les textes fondamentaux, notamment l'avant-projet de Constitution, l'avant-projet de Code électoral, l'avant-projet de Charte des partis politiques, l'avant-projet de statut de l'opposition et l'avant projet de Charte de l'accès à l'information publique ; faire des propositions sur les différentes échéances électorales de la période de transition; envisager les mécanismes de mise en place d'une Commission Electorale Nationale Indépendante ; baliser les mécanismes de réconciliation nationale et de renforcement de l'unité nationale ; prospecter les mécanismes d'assainissement des finances publiques et de dépolitisation de l'administration publique ; et enfin, déterminer la durée de la transition. La session revêt également une signification particulière, car elle constitue un point de départ pour une démarche basée sur la participation de l'ensemble du corps social que vous représentez ici, à tous les débats d'intérêt national, afin de circonscrire définitivement les sources de tensions sociales et politiques dans notre pays.
 
Il s'agira surtout d'instaurer une confiance véritable entre les citoyens et les gouvernants, entre les administrés et l'administration, entre les justiciables et les juridictions. Une autre signification particulière que revêt la présente session réside dans le rôle que doit jouer le Conseil Consultatif National dans l'amélioration du dialogue social et politique, au regard du douloureux souvenir de la grave crise politique et institutionnelle que vient de connaître notre pays. Il s'agira donc pour nous, de donner le maximum de chance à l'implication de l'ensemble des Nigériens à l'œuvre de construction nationale en vue de contribuer à l'apaisement du climat social et, partant, à la réussite de la transition démocratique en cours. A ce sujet, le Conseil Consultatif National se doit de rester constamment disponible pour contribuer à cultiver l'esprit de compréhension, de tolérance et de dialogue entre les acteurs de la vie publique au Niger. Si les propositions qui seront issues de nos travaux permettent à notre pays de renforcer l'unité et la solidarité nationales, la cohésion des forces sociales, nous aurions réussi une avancée historique.
 
La session revêt aussi une signification particulière, au regard de la volonté clairement affichée par le CSRD et l'ensemble du peuple nigérien, d'opérer un assainissement politique et économique dans la gestion des affaires de l'Etat, dans un contexte international dominé, comme vous le savez, par des impératifs sur la bonne gouvernance, la rigueur dans la gestion des ressources publiques et la nécessité de privilégier, en toutes matières, l'intérêt général du peuple souverain. La session revêt enfin une signification particulière, au regard de son ordre du jour qui s'articule autour de deux points essentiels : la préparation, l'examen et l'adoption de notre règlement intérieur d'une part, ainsi que l'évaluation de l'agenda et de la durée de la transition d'autre part. Il s'agit, vous en conviendrez avec moi, de questions particulièrement importantes pour nous-mêmes et par rapport aux attentes de la communauté internationale qui nous accompagne dans le retour à l'ordre démocratique. C'est pourquoi, il est un devoir impérieux pour chacune et chacun de nous, en notre qualité de Membres du Conseil Consultatif National, de garder constamment à l'esprit, tout au long de nos délibérations, que des résultats de nos travaux, dépendra pour une grande part, l'appréciation positive ou négative de nos concitoyens, quant à la capacité de l'Institution qui est la nôtre, à se hisser à la hauteur des responsabilités historiques qui lui incombent aujourd'hui.
 
Et puisque nous sommes tous conscients de cet enjeu, je sais que nous serons capables de produire les meilleures réflexions et suggestions possibles quant au devenir de notre pays. Ici, dans cet hémicycle, Mesdames et Messieurs les Membres du Conseil consultatif national, chacun d'entre nous a un rôle historique à jouer. Mesdames et Messieurs les membres du Conseil Consultatif National,Comme vous le voyez, la tâche qui nous attend dans les jours à venir constitue, à n'en point douter, un test grandeur nature, sur notre capacité à relever les différents défis que je viens d'énoncer. C'est en même temps, une opportunité pour nous, de prendre la mesure du mal qui fragilise notre démocratie et dont la manifestation clinique est, d'une certaine manière, symbolisée ici par la rupture, à trois reprises, de l'ordre constitutionnel, depuis l'avènement de la démocratie dans notre pays. Voici donc Mesdames et Messieurs les membres du Conseil Consultatif National, honorables invités, les quelques points de repère que nous avons voulu partager avec vous et qui traduisent, de manière éloquente, tout à la fois, la délicatesse et la portée de la mission qui est la nôtre aujourd'hui.

Mesdames et Messieurs,

Au-delà des préoccupations qui constituent la trame de l'agenda du Conseil Consultatif National, nos regards sont également tournés vers les vaillantes populations nigériennes, en particulier celles vivant en milieu rural et qui traversent une situation difficile, liée à la sévère crise alimentaire que connaît actuellement notre pays. Cette dure épreuve a suscité un large élan de solidarité nationale et internationale, élan de solidarité qui s'est manifesté par une remarquable mobilisation de nos concitoyens d'abord, et ensuite de nos amis et partenaires de par le monde. Qu'il me soit permis de saisir la présente occasion, pour exprimer, au nom du Conseil Consultatif National, la gratitude et la reconnaissance du peuple nigérien à l'endroit de l'ensemble des généreux donateurs. Ce geste de solidarité à l'endroit de nos populations sinistrées, à quelques semaines de l'installation de la saison des pluies, vient une fois de plus nous rappeler que, c'est dans l'union des cœurs et des esprits, que nous avons tous le devoir de créer les conditions idoines permettant de lutter efficacement contre la précarité et la pauvreté dans notre pays. Autant nous demandons à la communauté internationale de continuer à nous soutenir pour juguler les effets de cette terrible situation alimentaire, autant je me dois de souhaiter que les crises alimentaires à répétition dans notre pays suscitent de la part des autorités et acteurs concernés, la mise en place de politiques et mécanismes durables permettant de régler de manière structurelle la question de la souveraineté alimentaire au Niger.

Mesdames et Messieurs,

Le contexte national difficile que j'évoquais tantôt, ne saurait nous faire perdre de vue un contexte africain et international non moins difficile. En effet, l'environnement mondial dans son ensemble reste toujours dominé par la persistance de crises politiques et sociales multiformes dans beaucoup de pays amis et frères. Je pense notamment à la Côte d'Ivoire, à la Guinée Bissau, au Togo, à Madagascar. Je demeure convaincu que la démocratie véritable est la solution à beaucoup de problèmes que connaissent de manière récurrente certains pays africains. Aucun pouvoir, dans aucun pays ne peut fonctionner en dehors des règles démocratiques, car les peuples africains y sont désormais farouchement attachés.

Mesdames et Messieurs, Honorables Invités,

S'il est reconnu que le dialogue et la solidarité peuvent avoir des vertus salutaires dans le traitement des tensions ou des crises internes au sein de nos pays, il ne fait l'ombre d'aucun doute, à nos yeux, que ces mêmes vertus peuvent exercer des effets bénéfiques pour la gestion des crises entre États. A titre d'exemple le drame que constitue le conflit israélo-palestinien s'alimente d'un profond déficit de dialogue. Ce dernier est sans cesse reporté à cause de l'intransigeance des uns ou de l'absence de volonté des autres, d'engager un débat franc sur les enjeux essentiels pour faciliter l'avènement d'un dialogue véritable et créer les conditions d'une Paix juste et durable dans cette région meurtrie.

Mesdames et Messieurs,

A quelque échelle, interne ou externe que l'on se situe, il est donc aisé de constater que le dialogue est le maître-mot ainsi que le passage obligé pour bâtir une action consensuelle entre les tenants d'opinions ou de convictions antagonistes ou tout simplement divergentes, bâtir la paix et préserver la quiétude sociale. Dans cet ordre d'idées, les multiples signaux forts donnés par le CSRD, visant essentiellement à réunir toutes les conditions pour qu'enfin s'instaure un dialogue entre Nigériens, dans la confiance retrouvée, en vue de la restauration de la démocratie, constituent à nos yeux des gages suffisants, qui attestent des bonnes prédispositions du CSRD à conduire la transition sur les rails d'un retour à une vie constitutionnelle normale. A titre illustratif, je voudrais, sans être exhaustif citer l'inéligibilité aux élections qui seront organisées pendant la période transitoire des membres du CSRD, du Premier ministre, des membres du gouvernement de transition, des personnels des forces de défense et de sécurité décidée par voie d'ordonnance ; l'interdiction de toute activité politique partisane aux membres du gouvernement, aux secrétaires généraux des ministères, aux principaux responsables de l'administration territoriale et aux chefs traditionnels.
 
Il en est de même de l'installation officielle, le mercredi 7 avril 2010, du Conseil Consultatif National dont nous tenons à partir d'aujourd'hui la première session ordinaire. En terminant mon propos, permettez-moi, Mesdames et Messieurs les membres du Conseil Consultatif National, de lancer en votre nom à tous, un appel à la Communauté Internationale pour qu'elle soutienne sans réserve la transition dans notre pays. Notre retour vers un ordre démocratique et constitutionnel est à nouveau en marche et le Conseil Consultatif National y apportera toute sa contribution, à la mesure de nos prérogatives légales et à la hauteur des espoirs du peuple Nigérien, si digne et si fier de ses valeurs. C'est sur cette note d'espoir, que je déclare ouverts, les travaux de la première session ordinaire du Conseil Consultatif National.»
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