POLITIQUE : Adieu les ‘’partis politiques commerciaux’’ !

Le Ven 18 juin 2010 1

Écrit par Ayouba Karimou (OPINIONS N° 109 du 15 JUIN 2010)

Certaines formations politiques qui sont, peut-être, entrain d’être rattrapées par leurs turpitudes pour avoir cru, par opportunisme sans doute, qu’un parti politique n’était rien qu’un fond de commerce qu’il faille offrir au client le plus offrant. Ce dont ces partis politiques ne se sont, probablement pas, rendus compte, c’est qu’autant ils ont cru progresser dans l’imposture et l’affairisme, autant leurs militants ont gagné en maturité politique. Aujourd’hui, ces militants matures quittent par charrettes entières ces ‘’partis commerciaux’’ qui sont devenus les poids morts de notre démocratie. En effet, l’érosion populaire à laquelle sont en proie ces formations politiques s’origine en grande partie de l’absence d’un vrai cadre de débat démocratique sur les grandes orientations du parti transformé souvent en une espèce de caisse de résonance des desiderata du leader pour son accomplissement personnel. Les militants ne comptent que pour du beurre, juste un bétail électoral qui sert d’ascenseur vers les sommets. Quand on a besoin d’eux pour entériner des décisions déjà arrêtées d’un ‘’congrès’’, on les appelle pour venir remplir le Palais des Sports afin de se conformer à la loi. Jamais, au fond, les questions d’importance majeure touchant la vie du parti ou relatives aux choix politiques engageant l’avenir du pays ne font l’objet d’un examen attentif lors de ces assises.

Le cas le plus emblématique de cet état de fait nous semble celui du Rassemblement pour la Démocratie et le Progrès ( RDP) de Hamid Algabit ! En effet, dans cette imposture finale de l’Ex, le RDP est allé jusqu’à perdre le substrat politique de son combat pour la mémoire du Général Baré en acceptant une Constitution qui reproduisait, point par point, les mêmes articles qui amnistiaient les auteurs et co-auteurs du drame dans lequel Baré fut assassiné ! Pour quel gain ? La réponse est aujourd’hui claire : uniquement pour permettre à son Président et quelques pontes du parti d’accéder à des strapontins ministériels ! On mesure maintenant toute la petitesse et la médiocrité de ces gens pour qui la démocratie était soluble à l’aune de leur accomplissement personnel. La démocratie nigérienne était démolie par l’Ex, ils s’en foutent, car en réalité ils singeaient seulement de jouer au démocrate ! Que dire aussi du RSD Gaskiya, le parti de Cheiffou Amadou, un chantre du tazarché ?

 
Oui, Cheiffou Amadou et son RSD ont pleinement et consciencieusement adhéré au tazarché, l’imposture finale de l’autocrate. Ils savaient pourtant tout l’insondable mal que l’Ex allait faire à notre pays et à son peuple. Peut-on objectivement, à présent, faire le deuil du tazarché en permettant à tous les complices de s’en tirer gratuitement ? Qu’est ce qui peut expliquer qu’un Cheiffou Amadou, premier Premier Ministre post-Conférence Nationale qui allait installer la démocratie au Niger se soit abjuré pour danser la rumba du tazarché avec l’autocrate saisi de sénilité ? Oui, comment ce Cheiffou Amadou a-t-il pu cacher sa véritable nature antidémocratique aux forces progressistes pour se faire bombarder au poste suprême de la Transition post-Conférence Nationale ? Judas n’en ferait pas mieux ! On le voit, l’assainissement politique que réclament les Nigériens est un impératif de salubrité publique afin de débarrasser la politique de tous ces opportunistes qui n’ont aucun respect de la démocratie. Aujourd’hui, par charrettes entières, des leaders d’opinions quittent ces navires fous dans une mer pourtant calme !
 
C’est cela désormais le prix à payer de l’imposture politique à son stade le plus achevé, lorsque les principes démocratiques les plus élémentaires sont bafoués, sacrifiés sur l’autel de la politique marchande où tout se négocie, tout se monnaie, y compris la dignité. Quoi de plus dégradant que cette façon de concevoir et de pratiquer la politique, lorsque la quête des réalisations personnelles prime sur l’impératif du destin collectif, réduisant malheureusement le champ d’intervention de la politique à une course effrénée pour les rentes publiques pour l’accaparement desquelles tous les coups sont permis ; ces marchands politiques auront durablement dévoyé la démocratie, cette invention millénaire d’ingénieux Athéniens pour qui elle ne signifiait rien d’autre qu’un idéal de vie vers lequel il faut toujours tendre. Une lecture ou une relecture du célèbre ouvrage de Platon, La République, s’impose pour tous les concepteurs ‘’matérialistes’’ de la politique, qui ont leur place plus à Katako que dans la sphère politique et tant mieux pour l’avenir radieux de la restauration démocratique déjà en chantier grâce au Général de Corps d’Armée.
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Commentaires

  • oumarou idrissa

    1 oumarou idrissa Le Ven 18 juin 2010

    Je crois que ce n'est pas l'éloge de ceux qui ne quittent que maintenant qu'il faut faire, mais celui de ceux qui ont quitté avant la fin de la sixième. Losrqu'un Abdourahamane seydou quittait le RDP lorsque ce dernier assassinait pour une deuxième fois le Général Baré, cela mérite un hommage. Les défections d'aujourd'hui participent pour la plupart d'un repositionnement alimentaire. Aux partis politiques d'etre plus éthiques et plus respectueux de leurs militants en faisant la part belle à ceux de leurs militants qui les ont faits vivre c*ntre vents et marées quand les déserteurs d'aujoud'hui s'accrochaient au parjure. A la limite ils peuvent être cyniques en les utilisant comme bétail électoral, mais quant à leur donner des responsabilités, harro. La politique est assez noble pour être réduite à un fond de commerce. Et si les grands partis s'entendaient pour ignorer les petits partis qui sont en réalité les instigateurs de la plupart des dérives de la politiques? Vivement des partis plus idéologiques, avec de vrais programmes de sociétés, des c*nvictions défendues avec foi et c*nstance.

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