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Pr. Nouhou Hassan, ministre de la Santé Publique ‘’En cette fin de 20ème semaine de l'année en cours, le Niger a enregistré un cumul de 138 892 cas de

Le Dim 06 juin 2010 0

Écrit par Issaka Saïdou (Sahel Dimanche du Vendredi 04 juin 2010)

 Monsieur le ministre, les plus hautes autorités de notre pays ont déclaré que le Niger est en situation de famine. Or, quand on parle de précarité alimentaire critique, on ne peut s'empêcher de penser à ce groupe si vulnérable qu'est le couple mère-enfant. Dans de tels moments de manque, quelles sont justement les principales maladies ou autres carences qui les guettent ?
 
En situation de crise alimentaire, les principales maladies et carences qui guettent ce groupe vulnérable qu'est le couple mèreenfant sont : la malnutrition aiguë et ses complications sous toutes ses formes comme le marasme et le kwashiorkor avec leur cortège de complications à type de déshydratation, d'infections et de décès. Il y a les carences nutritionnelles spécifiques, plus précisément les carences en micronutriments dont la carence en vitamine A qui entraîne le retard de croissance chez les jeunes enfants et la cécité crépusculaire, voire la cécité totale; la carence en fer caractérisée par l'anémie nutritionnelle et le faible poids de naissance; la carence en iode ayant pour conséquences les avortements répétitifs, l'apparition dugoitre, le retard psychomoteur avec un déficit mental engendrant un faible coefficient intellectuel chez l'enfant, le faible poids à la naissance. Quelles sont les dispositions prises par le Ministère de la Santé Publique pour atténuer les souffrances éventuelles que pourrait être amené à endurer le couple mère-enfant?

Comme disposition, mon département ministériel a adopté deux stratégies, préventive et curative. D’abord la stratégie préventive. Elle associe plusieurs interventions dont : la promotion de l'allaitement maternel optimal qui sous-entend l’allaitement maternel exclusif pendant les 6 premiers mois de la naissance ; l’allaitement maternel prolongé du 6ème au 24 mois au moins, la promotion de l'alimentation de complément adéquat dès la fin du 6ème mois ; la supplémentation en micronutriments où on retrouve la vitamine A et qui concerne les enfants âgés de 6 à 59 mois et les femmes en post partum ; la supplémentation en feracide folique chez les femmes enceintes ; la promotion de la consommation du sel iodé ; la fortification des aliments en micronutriments, notamment l'huile de cuisine et les farines de blé ; la promotion de la bonne nutrition de la mère, le déparasitage de la femme enceinte et des enfants, la supplémentation alimentaire des femmes enceintes et allaitantes ; l’alimentation active de l'enfant malade et la Prise en Charge Intégrée des Maladies de l'Enfance (PCIME).
 
Il y a également la promotion des bonnes Pratiques Familiales Essentielles (PFE) ; le renforcement des activités de nutrition communautaire avec un accent particulier sur la Communication pour un Changement de Comportement (CGC) en santé nutrition ; la distribution ciblée des suppléments alimentaires chez les enfants âgés de 6 à 23 mois communément appelé « Blanket Feeding » dont le lancement a été effectué le 28 avril 2010 à Zinder. Je voudrais préciser que la prévention de la malnutrition n'est pas le seul apanage du Ministère de la Santé Publique. C'est un domaine multisectoriel qui requiert l'implication des autres secteurs clés tels que : l'Agriculture, l’Elevage, l'Economie, l'Education, l’Hydraulique, l’Environnement, la Promotion de la Femme et la Protection de l'Enfant, etc.
 
La stratégie curative consiste, elle, au dépistage et à la prise en charge des enfants atteints de malnutrition aiguë. Ces activités sont menées par les formations sanitaires avec l'appui des ONG et des Partenaires Techniques et Financiers (UNICEF, OMS, PAM, etc. Pour mieux réussir ces activités, de nombreux efforts ont été consentis. Je citerai le renforcement du dispositif de prise en charge des cas de malnutrition aiguë et ceci en équipant les centres de récupération nutritionnelle en matériels techniques essentiels; la dotation des centres en aliments thérapeutiques et en médicaments afin de répondre à une éventuelle augmentation de cas ; le renforcement de la surveillance nutritionnelle par le suivi et la collecte rapprochée des données nutritionnelles à travers le système de santé et les enquêtes de nutrition et le rehaussement des compétences des agents de santé.
 
Au niveau international, le Niger semble être un pays où les regards se tournent dès qu'on parle de malnutrition des enfants. Monsieur le ministre, quel est réellement l'état de la malnutrition des enfants au Niger ?
 
La situation nutritionnelle chez les enfants au Niger se présente ainsi qu’il suit : Le taux national de malnutrition aiguë chez les enfants âgés de 6 à 59 mois est de 12,3%. Quand bien même inférieur au taux critique de 15%, ce taux actuel est très préoccupant car dépassant le seuil d'alerte de 10%, et justifie de ce fait la mise en oeuvre d'un programme de lutte conséquent. En fait, la situation actuelle est qualifiée de ‘’situation sérieuse’’. En cette fin de 20ème semaine de l'année en cours, le Niger a enregistré un cumul de 138 892 cas de malnutrition aiguë contre 69 160 en 2009 pour la même période. Concernant l'autre forme de malnutrition, à savoir la malnutrition chronique ou le retard de croissance, le taux de prévalence est de 46,3%. Bien que n'étant pas prise en compte dans le cadre des urgences, elle nécessite une attention particulière du fait de sa répercussion négative sur le développement mental et physique de l'Enfant. Elle met en relief l'aspect structurel de la situation nutritionnelle.
 
D'aucuns disent que la malnutrition, dans certaines régions du Niger, est tout simplement à l'état endémique, en ce sens que c'est traditionnellement connu que certains comportements des parents exposent leurs progénitures aux différents maux pouvant résulter d'une carence alimentaire. Mais comment justement les services de santé peuvent-ils continuer à accepter une telle situation, car après tout c'est un droit mais aussi un devoir pour eux de protéger la population, surtout qu'il s'agit ici d'un groupe vulnérable ?
 
Effectivement, les pratiques alimentaires inadéquates exposent les enfants aux différents préjudices comme vous l'aviez si bien notifié. C'est le cas notamment des carences nutritionnelles. La malnutrition étant un problème de santé publique au Niger, la Division de la Nutrition a été érigée en Direction de la Nutrition en vue de faire face à ce fléau. En réponse à cette situation, plusieurs documents de stratégies ont été élaborés : la Stratégie de Réduction de la Pauvreté (SDRP) avec une attention particulière accordée à la lutte contre la malnutrition en relation avec les Objectifs du millénaire pour le développement, dont l’OMD1 ; le Plan de Développement Sanitaire (PDS) qui met l'accent sur la prévention, la prise en charge et le suivi de la malnutrition; la Stratégie Nationale de Nutrition et son plan d'action; la Stratégie d'Alimentation du Nourrisson et du Jeune Enfant.
 
D’autres stratégies sont à relevées tels que le Plan Stratégique de l'Allaitement Maternel; la Stratégie de lutte contre les carences en micronutriments ; le Protocole national de prise en charge de la malnutrition; le Plan de communication intégré pour le changement de comportement en santé/nutrition avec notamment la formation des journalistes, animateurs radios et communicateurs, atelier multimédia, etc. Les activités de lutte contre la malnutrition font partie du paquet des activités des formations sanitaires. Le véritable challenge pour la réussite du combat contre la malnutrition est de renforcer les actions déjà entreprises par une intégration effective des activités de nutrition à tous les niveaux du système de santé, et d'asseoir une démarche holistique basée sur ‘’l'approche droit’’.
 
Quelles analyses faites-vous de vos rapports sur le terrain avec certaines ONG et associations, puisqu'il fut un moment où des interdictions d'exercice ont été délivrées par les services du Ministère de la Santé à des ONG ? Et quelles en sont les raisons ?
 
Le Ministère de la Santé Publique travaille en étroite collaboration avec toutes les ONG intervenant dans le système de santé. L'exigence principale pour le partenariat requise par le Ministère est le respect des lois et de la réglementation en vigueur, des normes et de la politique de santé. Les cas d'interdiction d'exercer qu'ont connus certains partenaires procèdent des déviances de ces derniers par rapport au cadre légal.
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