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PRÉSIDENTIELLES 2011: Ça rebelote au MNSD-Nassara

Le Lun 30 août 2010 0

Écrit par Ibrahim Elhadj dit Hima (Roue de l’Histoire n° 522 du 26 Août 2010)

 

 

Rien n’est totalement arrêté au niveau du MNSD pour la désignation du candidat aux prochaines élections présidentielles de 2011. Le congrès du 6 août dernier qui a investi Seïni Oumarou candidat du MNSD ne semble pas avoir définitivement réglé la question. La mouture du code électoral actuellement en débat et le flottement sur l’éligibilité du président du parti ont amené certains responsables du parti à vouloir dissocier l’élection du président du parti du processus d’investiture du candidat aux élections présidentielles.

 
Pour beaucoup de responsables politiques MNSD, il fallait surseoir aux consultations sur la désignation du candidat du MNSD pour attendre les résultats définitifs des discussions sur les textes fondamentaux et éventuellement sur une probable révision du code électoral. Rien n’était à écarter dans ce sens, le président du MNSD Seïni Oumarou multiplie en effet les démarches et les contacts en vue de la modification des dispositions du code électoral. Les dernières modifications opérées sur les textes du MNSD par l’ancienne direction du parti sous la houlette de Hama Amadou depuis le congrès de 2005 ne rendaient pas la tâche facile aux participants du congrès de Tillabéry du 6 août dernier. Le président du parti est automatiquement candidat du parti aux élections présidentielles, c’était cela la principale réforme introduite par Hama Amadou dans les textes du MNSD depuis 2005 et elle n’a connu aucun changement. Le congrès extraordinaire de Zinder du 21 février 2009 n’y a rien changé. Les textes fondamentaux débattus au sein du Conseil consultatif national sont actuellement dans le circuit d’adoption par le CSRD.
 Rien n’est encore totalement perdu même si dans leur mouture actuelle, ils ne sont pas favorables à la candidature présentée par le MNSD. Pour l’heure, certaines informations proches des milieux du MNSD indiquent la convocation d’un probable congrès d’investiture qui se tiendra très prochainement à Zinder. Hypothèse très peu probable toutefois, car le parti fait face à de sérieuses tensions de trésorerie. Les investigations conduites par la commission de lutte contre la délinquance financière n’ont pas eu seulement pour conséquence de compliquer la candidature du président du MNSD qui, récemment, a été interpellé à la gendarmerie quelques jours avant le congrès de Tillabéry. Les investigations de la commission ont surtout donné un coup de frein aux finances du parti.
 
Le congrès du 6 août de Tillabéry a pratiquement été conclu sur les genoux. Le président du parti Seïni Oumarou qui sortait d’une interpellation pour mauvaise gestion des ressources du fonds de l’énergie a dû verser un peu moins de 300 millions de francs CFA pour obtenir sa mise en liberté provisoire. Le secrétaire général du parti Albadé Abouba est encore entre les mains de la junte militaire depuis les événements du 18 février 2010. Le vice-président national par intérim au titre de la section MNSD de Tillabéry, Siddo Elhadj, et ancien trésorier général croupit toujours en prison dans le cadre d’une affaire de mauvaise gestion des opérations du Hadj 2009. Il lui est demandé le remboursement d’un montant de plus de 2 milliards de francs.
 
La reprise d’un congrès à Zinder n’est plus envisageable et le MNSD regarde plutôt du côté d’une importante résolution qui a été prise au sortir de son dernier congrès. Pour anticiper sur d’éventuelles complications sur la candidature du président du parti, le congrès avait introduit une résolution qui donne mandat au bureau politique du parti de mener les consultations internes afin de désigner une candidature de remplacement. Cette directive a fait suite à d’autres discussions au cours du congrès de Tillabéry portant sur la nécessité de réviser les textes du parti pour dissocier le processus d’élection du président du parti de la désignation du candidat aux élections présidentielles.
 
D’autres cadres du parti avaient envisagé une autre modification portant sur la création d’un vice-président fort qui doit seconder le président du parti et le remplacer le cas échéant pour les échéances électorales. Les congressistes ont écarté tous ces projets de réaménagement pour adopter une résolution qui donne les pleins pouvoirs au bureau politique pour régler la question de la candidature du MNSD aux prochaines consultations électorales. Mais tout cela évidemment en attendant de voir l’orientation définitive donnée par le code électoral. C’est tout cela les discussions importantes qui courent au sein du MNSD. Il faut dire aussi que ces débats auront une incidence certaine sur l’évolution future du parti.
 
En effet, dans le court terme, et dans l’hypothèse où les choses restent en l’état, c’est-à-dire que le code électoral ne connaisse aucune modification, le MNSD se trouvera face à deux choix : le choix de la relance du parti et le choix de la débandade. Dans la première hypothèse, le MNSD parvient à trouver un candidat de remplacement à pied levé à Seïni Oumarou, le parti parvient à puiser au sein de ses ressources humaines et ses intelligences pour secréter la succession. Le MNSD parvient ainsi à recréer une nouvelle dynamique autour d’un chef consensuel pour donner un nouvel espoir aux électeurs. C’est cela la dynamique du parti, c’est cela aussi le choix de la relance.
 
Dans l’hypothèse contraire, c’est-à-dire le second choix, le MNSD peut envisager un autre scénario : travailler à l’intérieur du cadre de l’AFDR pour une candidature unique. L’idée n’est pas encore très fermement prononcée au sein du MNSD, mais dans certains milieux on y pense déjà. Travailler pour une candidature unique dès le premier tour, il s’agit pour le MNSD de maximiser ses forces contre la CFDR, la coalition des partis opposés. Il s’agit surtout d’un coup de poker puisque dans cette perspective, le MNSD qui serait en panne de candidat propre va s’aligner sur le candidat d’un parti qui réunit un plus large consensus, candidat qui sera soutenu par l’ensemble des partis de l’AFDR.
 
Une stratégie très agressive contre les partis de la CFDR puisque cette opération sera élargie notamment à certaines formations politiques membres de la CFDR. On indique que le candidat consensuel retenu sera probablement un candidat d’un parti de la CFDR qui serait intéressé par le plan de Seïni Oumarou. Rien n’est encore totalement précis dans ce sens, mais ce qui est sûr, c’est que cette opération ne peut pas ne pas traduire, dans le court terme un certain sentiment de débandade au sein du grand parti, le MNSD qui ne serait plus en mesure de produire un candidat solide aux présidentielles.
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