UNE NOUVELLE ALLIANCE POLITIQUE EN GESTATION LE PACTE DE LA CFDR MENACÉ

Le Lun 06 sept 2010 0

Écrit par O. Issa (LE REPUBLICAIN DU 02 SEPTEMBRE 2010)

 

Le pacte dit en béton scellé le 17 juillet dernier par les partis membres de la Coordination des forces pour la démocratie et la République (CFDR) pour aller à la conquête du pouvoir en rangs serrés, est apparemment sur le point de voler en éclats avant même d'être expérimenté. L'engouement et la volonté de continuer le chemin ensemble manifestés par les leaders des partis membres de la CFDR lors de la signature du document n'ont pas résisté aux manoeuvres et autres calculs politiques égoïstes. La rupture du pacte est consacrée par la rencontre secrète intervenue la semaine dernière entre le président du Mouvement national pour la société de développement (MNSD Nassara), Seïni Oumarou, et deux leaders de la CFDR dont Amadou Boubacar Cissé, le président de l'UDR Tabbat, très actif sur le terrain médiatique avant même l'ouverture de la campagne électorale. Cette rencontre aurait été mise à profit par les trois leaders pour parler politique et précisément des prochaines échéances électorales. Elle devrait être sanctionnée, a-t-on appris, par la création d'une nouvelle alliance préélectorale dont l'officialisation, prévue le week-end dernier, a été finalement différée, à cause du départ de Seini Oumarou pour la Mecque dans le cadre de l'accomplissement des rites de la Oumra. Le pacte conclu en grande pompe entre les leaders de la CFDR proscrit clai- rement toute forme d'alliance électorale entre les partis signataires du document et les partis non signataires, et principalement ceux appartenant à l'Alliance des forces pour la démocratie et la République (AFDR), rappelle-t-on. 

Certains analystes politiques avisés avaient prédit qu'il ne tiendra pas longtemps, et les faits sont apparemment en train de leur donner raison. La rencontre de la semaine dernière entre le président du MNSD Nassara et les deux leaders de la CFDR doit en principe pousser les autres leaders de ce regroupement politique, qui s'est farouchement opposé à l'entreprise de démantèlement de l'édifice démocratique de la 5e République, à revoir leur copie. Il leur faut réfléchir à d'autres stratégies de conquête du pouvoir dès à présent pour ne pas être désagréablement surpris.
 
La lutte pour la restauration et la préservation du cadre démocratique est perçue comme une entreprise ponctuelle par de nombreux acteurs de la classe politique nigérienne. Elle ne repose sur aucune conviction profonde, elle est simplement régie par une nécessité de survie politique. Cela s'est observé sous le régime du défunt président Baré Maïnassara Ibrahim, où l'essentiel des grandes formations politiques s'étaient retrouvés au sein du Front la restauration et la défense de la démocratie (FRDD) pour combattre le pouvoir en place. Aussitôt le régime tombé avec l'assassinat de Baré, les manoeuvres solitaires pour la conquête du pouvoir d'Etat ont repris le dessus, se rappelle-t-on. Un peu plus tôt, précisément sous la 3e République qui a consacré le retour du pays à la démocratie pluraliste après près de deux décennies d'autoritarisme, c'est cette même dynamique qui a présidé à la création de l'Alliance des forces du changement (AFC) pour barrer le boulevard conduisant au pouvoir au MNSD Nassara né sous les cendres du parti Etat.
 
Pour des questions de contrôle de certains services stratégiques de l'Etat, ce premier regroupement politique n'a pas résisté à l'usure du temps. Le scénario est invariablement identique. C'est le même type de regroupement spontané, sous la dénomination cette fois-ci de Coordination des forces pour la démocratie et la République, qui a vu le jour pour résister et combattre âprement le projet de prolongation du mandat de Tandja. Les leaders des partis le composant, pour parer à toute surprise, ont cru devoir se tenir par un pacte pour aller aux élections et conquérir le pouvoir sans coup férir. Mais du fait des agissements de certains d'entre eux, la viabilité du pacte est aujourd'hui mise à rude épreuve avant même son application. La formalisation de la nouvelle alliance en gestation risque de fausser les calculs de la CFDR. Car toute renonciation au pacte par les partis de la CFDR en question qui ont pris langue avec le MNSD Nassara est susceptible de compromettre le rêve de certains.

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