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VAGUESD’ARRESTATIONÀ NIAMEY: PLUSIEURS HAUTS RESPONSABLES INCARCERES...

Le Sam 03 avr 2010 0

Écrit par Ibrahim Elhadj dit Hima (Roue de l’Histoire n° 501 du 31 Mars 2010)

L’information est tombée dimanche 28 mars dernier en fin de journée comme un couperet. Ce sont en effet plusieurs hauts responsables du régime de Tandja Mamadou, cadres du parti, anciens membres du gouvernement, anciens parlementaires et directeurs généraux des sociétés d’Etat, qui sont interpellés et arrêtés par la police..

 
Depuis le début de ces arrestations, dimanche dernier, la liste ne fait que s’allonger. Au rang des premières personnalités interpellées dans la nuit du dimanche, trois anciens membres du gouvernement, Mahamane Ali Lamine Zeine, Ministre de l’économie et des finances et le Ministre de la justice Garba Lompo, Lamido Harouna Moumouni, Ministre de l’Equipement, trois directeurs généraux des sociétés d’Etat, Foukori Ibrahim, administrateur délégué de la Nigelec, Dioffo Amadou, directeur général de la société des hydrocarbures SONIDEP et Seyni Salou, directeur général de la SPEN, Ali Sabo, un cadre du MNSD, principal parti du camp de l’ancien Président Tandja Mamadou.

Plus tard, le lendemain lundi 29 mars, on annonce l’arrestation de Daouda Diallo, ancien président du CSC et proche ami de l’ancien chef d’Etat déchu, Issoufou Tamboura du MNSD, Abdourahamane Illiassou, directeur général de la société des patrimoines miniers (SOPAMIN), Moctar Kassoum, ancien porteparole du gouvernement, Nouhou Arzika, acteur de la société civile, proche de Tandja Mamadou et Mohamed Ben Omar, ancien ministre, porte-parole du gouvernement et ancien député national. Entre lundi et mardi, la liste des interpellations va s’allonger avec l’arrestation de l’ancien président de l’Assemblée Nationale et président du MNSD, Seïni Oumarou, le directeur de cabinet de la présidence Maman Bachir Yahaya et d’autres responsables proches de l’ancienne rébellion armée notamment Mohamed Rhissa Boula et Kindo Zada, longtemps restés à l’extérieur du pays et qui sont rentrés à Niamey à la faveur du renversement du pou- voir de Tandja par la junte militaire le 18 février dernier qui sont eux détenus à la prison civile de Niamey. Depuis dimanche 28 mars, c’est environ 17 personnes interpellées qui sont actuellement gardées dans les locaux de l’école nationale de la police. On indique aussi que l’ancien député national, Siddo Elhadj a été interpellé à la police en même temps que Seïni Oumarou avant d’être relâché pour raison de santé. Des sources proches de cette affaire, on indique que toutes ces personnes interpellées ont déjà été auditionnées à la justice avant d’avoir été remises en garde à vue à la police.

 
Dans une courte intervention qu’il a faite le lendemain du début de cette vague d’interpellations, le lundi 29 mars, le ministre de l’intérieur Cissé Ousmane a indiqué le motif de ces arrestations. Activités subversives, a-t-il indiqué. Sans plus de détail. Le dimanche 28 mars, le ministre de l’intérieur a publié un communiqué de mise en garde sur ce qu’il a appelé certaines activités menées par certains responsables tendant à perturber le régime. Le lundi 29 mars, Cissé Ousmane qui intervenait sur les chaînes privées a déclaré que le pouvoir ne tolérera plus des actes de nature à perturber l ’ordre public. «Pourquoi, des personnes parce qu’elles ont perdu le pouvoir veulent poser des actes de sape. D’ailleurs, beaucoup d’entre eux traînent des casseroles», a ajouté le ministre de l’intérieur lundi 29 mars dernier. On en est là, et depuis cette dernière intervention, aucune précision supplémentaire n’a encore été donnée sur le dossier. Mardi 30 mars, les avocats des personnes arrêtées ont déclaré qu’ils n’ont pas pu avoir accès à leurs clients pour savoir ce qui leur est reproché. Toujours est-il que des sources proches de la police, on apprend que le mandat de garde à vue de 48 heures vient d’être renouvelé depuis le mercredi 31 mars 2010. Les investigations se poursuivent et d’autres interpellations sont aussi en cours notamment certaines personnalités à l’intérieur du pays.
 
Menées subversives, conspirations ou complots, l’opinion nationale reste pour l’instant suspendue à cette délicate affaire et quelques bribes d’information sont lâchées par ci par là. On indique notamment que outre les personnalités politiques proches du régime, d’autres interpellations dans les milieux de l’armée ont été effectuées et que les éléments interpellés seraient gardés dans les locaux de la gendarmerie nationale. On parle aussi de réunion ou d’une série de réunions qui auraient été tenues dans certains lieux hautement secrets, réunions auxquelles ont pris part plusieurs anciens responsables du régime. En relation avec les anciens membres du gouvernement qui eux sont en résidence surveillée et aussi des directeurs généraux des sociétés d’Etat qui seraient des fournisseurs des ressources financières. En coulisse, certains indiquent des opérations de cotisations et des montants financiers qui avoisineraient plusieurs milliards de francs CFA et des documents signés par les anciens responsables du régime, ce qui a permis à la police d’établir la liste des interpellations. Tout cela, il faut le dire, reste encore au niveau des supputations, même si l’on parle d’un important rapport des services des renseignements généraux.
 
Il faut dire aussi que la charge retenue contre les responsables politiques du régime de Tandja reste grave et l’on ne sait pas avec le renouvellement de la garde à vue, si l’affaire ne sera pas déférée devant le parquet. Pour l’instant, au niveau du ministère de l’intérieur, on s’est voulu plutôt rassurant. Ceux sur qui ne pèse aucune accusation seront libérés, a indiqué lundi dernier le ministre Cissé Ousmane dont les directions et services du ministère ont été récemment débarrassés de tous les collaborateurs de l’ancien ministre d’Etat Albadé Abouba. D’ores et déjà, on apprend que le Directeur Général de la SOPAMIN, Abdourahmane Illiassou a été libéré dans l’après-midi du mercredi. Le pouvoir ne tolérera plus des actes de nature à perturber l’ordre public, a indiqué Cissé Ousmane. C’est ce communiqué du ministre de l’intérieur et les mesures d’arrestations spontanées qui l’ont accompagnées sonnent pour l’ instant comme des tirs de sommation de la junte militaire qui a voulu quelque peu durcir le ton. Dans les milieux politiques proches de la refondation de Tandja Mamadou, on semblait en effet ne pas prendre trop au sérieux les auteurs du coup d’Etat du 18 février dernier.
 
Passées les premières émotions, ils avancent que le coup d’Etat est l’oeuvre des éléments mutins en dehors de toute hiérarchie. On semblait aussi lire dans l’équipe de la junte comme une sorte de désharmonie et l’on indique que le groupe n’est pas homogène, il y a des frictions et des dissensions à l’intérieur du CSRD. La personnalité trop calme du chef de la junte a donné comme l’impression d’une certaine mollesse et d’un manque d’assurance. Tout cela, peut-être, a pu donner quelques idées… Menées subversives ou pas, en attendant plus de contenu dans le dossier de cette affaire, cette vague d’interpellations s’annonce pour l’instant comme un signe de fermeté de la junte militaire. Aux dernières nouvelles, on apprend que les personnal ités interpellées ont quitté les locaux de la police et sont réparties dans les différentes prisons de la région de Niamey.
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