Comment aussi comprendre la bureaucratisation des médecins alors que le pays souffre d’un manque cruel de spécialistes dans les hôpitaux du pays ? Déconcertant et surtout irréfléchi semble-t-il. On a également du mal à comprendre toute cette pléthore de conseillers à la présidence, dont certains étaient totalement immergés dans le tazarché de Tandja Mamadou comme Issa Lamine ou encore Boubacar Sorry. Oui, et on ne cessera de le dire, Djibo Salou et ses camarades ont, certes, accompli un acte héroïque en débarrassant le Niger d’un péril certain et immédiat, mais souvent, leur choix des hommes nous laisse sceptiques quant à la réussite de leur mission patriotique. Le Niger regorge de cadres compétents, intègres et patriotes, mais dont le seul tort est de ne point courber l’échine ou courir derrière des postes, qui peuvent permettre au CSRD de relever le défi de la grandeur pour entrer dans l’histoire. Pour dénicher ces oiseaux rares, point de difficultés, la Fonction Publique est dépositaire de toutes les carrières individuelles et il suffit d’y jeter un simple coup d’oeil pour s’en apercevoir. La réussite de la transition dépend du choix crucial des hommes et des femmes chargés de l’animer et banaliser ce choix la condamne inéluctablement à l’échec.
Notre Etat est fragile et son équilibre est basé sur notre capacité d’imagination et d’innovation pour, ensemble, construire quelque chose de pérenne, de solide. Le CSRD a, aujourd’hui, le devoir historique de relever ce défi de la construction nationale à travers une volonté responsable et civique. Le CSRD peut tout se permettre sauf l’échec qui lui reste interdit. Après les bons choix des hommes, le CSRD devra s’atteler à rendre justice aux Nigériens pour tout le mal qui lui avait été causé par le tazarché. Oui, en ce moment- là, il nous plaira d’évoquer la réconciliation, après que chacun fut rétabli dans ses droits. Mais peut-on se réconcilier avec des pillards qui ont volé les deniers publics et hypothéqué la souveraineté nationale ? Peut-on, valablement, se réconcilier avec des gens qui ont, délibérément, violé la loi fondamentale que le peuple nigérien s’était souverainement donnée sans qu’ils puissent répondre de leur forfait devant la justice ? Comment s’asseoir autour d’une table de réconciliation nationale sans avoir soldé les comptes du passé pour créditer les comptes de l’avenir ? Les réponses à toutes ces questions se résument, paradoxalement, à une seule … question : Le CSRD est-il capable de mettre fin à l’impunité qui a fait le lit de toutes ces dérives ci-dessus mentionnées ?
Oui, le Chef d’Escadron Djibo Salou, connu pour son passé lisse d’officier intègre, peut réussir cette mission, lui qui, à midi pile, avait mis fin au règne despotique de Tandja Mamadou et sa famille. Mais pour réussir cette mission salvatrice, le héros du 18 février doit monter sur le piédestal de l’histoire, bien au-dessus de la mêlée, afin de dominer le désordre apparent des choses pour écrire en lettre d’or son nom dans l’histoire politique du Niger. Comme l’homme du 18 juin en France, le Général De Gaule, qui, après avoir libéré son pays de l’occupation nazie, propulsa la France au rang des premières nations du monde, Djibo Salou a devant lui un bel exemple à suivre, car le chiffre 18 porte, décidément, bonheur. La feuille de route du CSRD ne comporte, finalement, qu’un seul mot : réussite.