DISPOSITIONS DU CODE ÉLECTORAL: Etat d’urgence au sein de l’AFDR

Le Dim 06 juin 2010 0

Écrit par Ibrahim Elhadj dit Hima (Roue de l’Histoire n° 510 du 2 juin 2010)

Seyni Omar Rien n’est bon, il faut tout reprendre. C’est en quelque sorte la position actuelle au sein de l’Alliance des Forces Démocratiques pour la République AFDR totalement plongée dans une frénésie de concertations et réunions depuis déjà à l’annonce des échos du contenu de certaines dispositions du code électoral. L’AFDR a tout rejeté, toutes les dispositions qui ont été introduites comme innovations du code électoral adopté le 27 mai dernier par le Président du conseil suprême pour la restauration de la démocratie, le Général de Corps d’Armée Djibo Salou.

 
Il faut revenir à la version 2004 du code électoral qui a fait l’objet d’un plus large consensus indique-t-on du côté de l’étatmajor de l’alliance AFDR. La question du niveau BAC+3 pour les candidats aux présidentielles, le BAC pour les candidats aux législatives, l’âge des candidats plafonné à 70 ans, le taux des frais électoraux ou encore la réduction de la durée du mandat, rien ne semble avoir trouver les faveurs des partis de l’AFDR.

Le code électoral adopté par le CSRD provoque plus que de l’irritation et de l’énervement dans les rangs de l’AFDR, il y a comme une ambiance d’état d’urgence et le chef de file de l’alliance multiplie les réactions en direction de la junte militaire pour déverrouiller la situation. Après les premières interventions sur les médias, le CSRD va cependant concéder quelques réaménagements à travers l’adoption, le 29 mai dernier, d’une ordonnance portant dispositions transitoires. Dans ces dispositions, quelques amendements proposés par le conseil consultatif national, notamment l’introduction d’un quota de 25% maximum des candidats du niveau inférieur au BAC dans les listes des élections législatives et la réduction du taux de la caution aux élections présidentielles et législatives sont réintroduites. Au niveau de l’AFDR, on est encore loin du compte. Le niveau de qualification des candidats aux élections présidentielles n’a encore connu aucun changement.

 
Le 29 mai, soit le même jour où le CSRD a adopté les dispositions transitoires, l’AFDR va produire un communiqué signé de son chef de file, Seïni Oumarou pour dénoncer les dispositions du code électoral. Pas très rassuré par les dispositions de la loi électorale, Seïni Oumarou va encore partir à la rencontre la junte militaire à travers une lettre mémorandum. Première préoccupation exprimée dans le contenu de la lettre, la question du niveau des candidats aux élections présidentielles. Il a parlé de Lula Da Silva du Brésil, de Jacob Zuma de l’Afrique du Sud, des grands présidents des puissances émergentes. Des exemples, cités par Seïni Oumarou, des grandes personnalités politiques à la limite autodidactes, comme il l’a indiqué. Le retour du boomerang ou la malédiction de Hama Amadou Réunions de concertations, communiqué et lettre en directions de la junte militaire, la situation semble extrêmement cocasse du côté de l’AFDR. La note du communiqué et la lettre mémorandum du président Seïni Oumarou reprennent dans les mêmes termes ce qu’il a appelé l’édiction de certains critères discriminatoires et ciblés visant à disqualifier certains candidats.
 
Dans certains milieux proches de l’AFDR, on redoute sous cap en effet la disqualification du chef du front AFDR, le président du MNSD Seïni Oumarou. La question du niveau a pour l’instant ramené sur le tapis la vieille polémique sur la qualification de l’ancien président de l’Assemblée nationale et ancien Premier Ministre Seïni Oumarou. En début juin 2007, l’opinion a en effet diversement apprécié la note de CV qui a accompagné sa nomination au poste de Premier Ministre après le limogeage de son camarade politique de l’époque, Hama Amadou. Baccalauréat de série technique, plus quelques années d’études dans une école de gestion, pour d’autres sources, l’équipe Hama Amadou lui a taillé un cursus sur mesure pour conforter sa nomination au poste de Premier Ministre. Le débat avait couru, plusieurs sources ont en tout cas mis en doute ce qui a été perçu comme un CV arrangé. C’est surtout la crise entre Hama Amadou et Tandja Mamadou et le positionnement de Seïni Oumarou du côté de Tandja Mamadou qui allait particulièrement porter à nu la controverse sur le niveau de qualification du Premier Ministre de l’époque Seïni Oumarou.
 
La rupture devient irréversible entre Tandja Mamadou et Hama Amadou et le camp Hama Amadou va renier Seïni Oumarou qui a refusé de céder à la pression de Hama Amadou pour donner sa démission de son poste de Premier Ministre. Au fort de la crise, les députés favorables à Hama Amadou vont tenter une interpellation à l’Assemblée nationale du Premier Ministre Seïni Oumarou sur ce qu’ils ont appelé son faux CV. Trois ans après, cette situation de quiproquo a-t-elle rattrapée Seïni Oumarou ? Pour l’instant, ce qui est sûr, c’est que ça sue à grosses gouttes du côté de Seïni Oumarou. Si Hama Amadou a toujours voulu reprendre la direction du MNSD comme pour enlever toute possibilité de candidature à Seïni Oumarou, avec cette affaire de CV ou du nouveau code électoral, il a en partie marqué quelques résultats. Le code dans sa version actuelle apparaît comme une malédiction de Hama Amadou sur son ancien compagnon Seïni Oumarou. Pour l’heure, du côté de l’autre camp politique, la CFDR, on semble regarder les choses avec une relative distance.
 
On apprécie la gestion de la transition sans trop affricher de marque de satisfecit, mais on relève aussi certains disfonctionnements, sans trop rudement attaquer. Le mercredi 2 juin 2010, dans une déclaration qu’ils ont rendu publique, les partis de la Coordination des Forces Démocratiques pour la République ont appelé les autorités militaires du CSRD a plus de pondération et plus de réalisme dans les dispositions du code électoral. Le débat est pour l’instant lancé, très chaud du côté de l’AFDR sur le contenu du code électoral qui met certains barons très à l’étroit, en attendant les dispositions des avant-projets des textes futurs notamment la constitution et la charte des partis politiques, entre autres.
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