Hama Amadou écouté par la justice

Le Sam 17 avr 2010 0

Écrit par Laoual Sallaou Ismaël (Roue de l’Histoire n° 503 du 14 Avril 2010)

Ce n’est pas encore fini pour les leaders de l’opposition au régime de la 6ème République de Mamadou Tandja accablés par le dossier de ‘’blanchiment d’argent’’ transmis à la justice par l’éphémère gouvernement de Ali Badjo Gamatié. Certains dossiers qui semblent avoir été enterrés ont refait surface ces derniers temps. De sources concordantes indiquent que l’ancien Premier Ministre Hama Amadou a été écouté le lundi 12 avril 2010 par la justice dans deux affaires.

 
La première portait sur des soupçons d’enrichissement illicite et fait suite aux investigations menées par le pouvoir de Tandja sur les biens de l’ex Premier ministre tant au Niger, au Mali qu’au Togo. L’enquête en effet, lui attribuait une immense fortune et indiquait que cette richesse était aussi camouflée sous des prête-noms. Les investigations citaient parmi les hommes de main, dépositaires des biens de Hama Amadou deux célèbres opérateurs économiques dont Zakou Djibo dit Zakaï et Seïni Mereda. Les deux derniers ayant été écoutés par la justice depuis le début de l’affaire qui remonte à la fin de l’année 2009, c’était au tour de l’ancien Premier ministre de s’expliquer par rapport à l’énorme richesse qu’on lui attribue. Les mêmes sources font état dans ce dossier de plusieurs actions, précisément 150 millions d’actions que détiendrait Hama Amadou au niveau de l’ECOBANK Togo.

La deuxième affaire par rapport à laquelle l’ancien Premier ministre a été auditionné par la justice concerne les graves présomptions qui pèseraient sur les trois principales personnalités de l’opposition au régime Tandja en rapport avec le Nigeria où ils recevraient d’importants virements bancaires de la part d’une institution du delta nigérian, un des plus importants réservoirs de pétrole de ce pays. Hama Amadou et Issoufou Mahamadou avaient été inculpés de ‘’blanchiment d’argent’’ dans cette affaire, sous le régime de la 6ème République et un mandat d’arrêt international avait été immédiatement lancés contre eux. Le Chef de file de l’opposition Mahamadou Issoufou rentrera aussitôt à Niamey pour se mettre à la disposition de la justice, mais n’eut pas la chance d’être auditionné jusqu’à cette date malgré son insistance.

 
Les choses vont vite évoluer, dans le cadre du dialogue inter-nigérien déclenché entre le gouvernement du Niger et l’opposition, quand les autorités politiques vont déclarer la levée du mandat d’arrêt international lancée contre les deux personnalités. L’affaire n’était donc que différée puisque le dossier n’a pas été classé. L’ancien Premier ministre était donc dans les locaux de la justice pour fournir des explications là-dessus à en croire nos sources qui indiquent que l’Homme de Youri, comme préparé pour affronter une telle éventualité, s’était muni d’une lourde documentation pour le besoin de la cause. Il faut dire que le dossier de ‘’blanchiment d’argent’’ concerne aussi L’ancien Président de l’Assemblée nationale Mahamane Ousmane et le président du PNDS-Tarayya qui ne manqueront pas aussi de s’expliquer devant le juge.
 
L’ancien Premier ministre que l’on dit avoir quitté le pays jusqu’à la chute du régime de Tandja pour éviter de nouvelles démêlées judiciaires, depuis sa sortie de la prison de Koutoukalé, est sorti visiblement serein de ce premier interrogatoire du lundi dernier. Toutefois, les sueurs froides demeurent. Hama Amadou traîne encore avec d’autres responsables politiques, notamment un autre ancien premier ministre, Seïni Oumarou, les députés Raja Chaïbou, Intarou Hassane Djermakoye et Bonkano Maifada, les ministres Ary Ibrahim, Harouna Hamani et Abdou Labo, le dossier de l’affaire MEBA qui vient d’être réactivé à la Cour d’appel et celle du fonds d’aide à la presse. Pour un potentiel candidat aux prochaines élections, tout cela peut constituer un véritable obstacle. En attendant que tout cela soit élucidé, l’ancien Premier ministre a, selon ses proches, quitté Niamey pour la République Sud Africaine pour une dizaine de jours, après, semble-t-il, avoir pris le soin d’aviser la justice.
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