Deux présidents pour un pays qui se prépare au pire

Le Mar 07 déc 2010 0

Ecrit par France24

Alors que Laurent Gbagbo et son adversaire Alassane Ouattara revendiquent chacun la victoire, à Bouaké, dans le nord du pays, comme à Abidjan, la capitale économique, la tension est palpable.
 
Depuis samedi, des partisans d'Alassane Ouattara descendent chaque jour dans les rues d’Abidjan pour réclamer le départ du palais présidentiel de Laurent Gbagbo. Ils mettent parfois le feu à des barricades faits de pneus et de bouts de bois. Quelques affrontements avec la police ont par ailleurs été rapportés.
 
L’ancien président sud-africain Thabo Mbeki a été envoyé à Abidjan par l’Union africaine pour jouer le rôle de médiateur entre les deux camps.
 
Selon la Commission électorale indépendante (CEI), Alassane Ouattara a remporté le second tour de la présidentielle avec plus de 54% des voix. Ce dernier a reçu le soutien de la communauté internationale, qui a dans le même temps rejeté les résultats publiés par le Conseil constitutionnel, acquis à Laurent Gbagbo, selon lequel le président sortant a récolté 51,45% des suffrages.

"Des contrôles d’identité sont organisés depuis ce lundi sur certaines barricades"

                                  (JMK vit à Abidjan)
 J’ai dû quitter le quartier de Treichville car je craignais pour ma sécurité. Depuis quelques jours, on ne sait plus à quoi s’attendre. Des jeunes d’Abobo, un quartier pro-Ouattara, viennent renforcer les manifestants qui tiennent les barricades à Treichville.
 
Des contrôles sont organisés depuis ce lundi sur certaines de ces barricades. On vérifie les cartes d’identité des passants puis, en fonction de leur origine géographique, le passage leur ait autorisé ou refusé. C'est-à-dire que les Ivoiriens du Nord, réputés pour pro-Ouattara, et les Ivoiriens du Centre, censés voter Henri Konan Bédié [l'ancien président Bédié s’est rallié à Ouattara au second tour de la présidentielle] peuvent passer. Mais les Ivoiriens de l’Ouest, qui votent habituellement Gbagbo, sont refoulés. Face à la foule, ces derniers n’osent pas résister.

La majorité des habitants respectent le couvre-feu, qui depuis lundi 6 décembre est de 22h à 5h du matin. Mais les écoles sont fermées, et les magasins aussi. Pour se réapprovisionner, il reste tout de même les petits marchés de la ville ou quelques petites échoppes où on trouve encore du riz, de l’huile, du sucre…

 
Les policiers sont nombreux dans les rues, mais ils ne semblent pas équipés pour faire face aux manifestants. Ils tentent d’effrayer ceux qui tiennent les barricades et de dégager les routes. Mais dès qu’ils sont partis, les barricades sont de nouveau érigées. Il est arrivé que la police tire en l’air dans le quartier de Treichville, mais pas pour tuer. Un ami m’a toutefois appris sur Facebook que deux personnes avaient été tuées ce week-end à Abidjan.
 
Je me suis réfugié depuis dimanche chez un ami vivant dans le quartier de Port Bouët, où la situation est plus calme."

La majorité des habitants respectent le couvre-feu, qui depuis lundi 6 décembre est de 22h à 5h du matin. Mais les écoles sont fermées, et les magasins aussi. Pour se réapprovisionner, il reste tout de même les petits marchés de la ville ou quelques petites échoppes où on trouve encore du riz, de l’huile, du sucre…

 

 

 

Les policiers sont nombreux dans les rues, mais ils ne semblent pas équipés pour faire face aux manifestants. Ils tentent d’effrayer ceux qui tiennent les barricades et de dégager les routes. Mais dès qu’ils sont partis, les barricades sont de nouveau érigées. Il est arrivé que la police tire en l’air dans le quartier de Treichville, mais pas pour tuer. Un ami m’a toutefois appris sur Facebook que deux personnes avaient été tuées ce week-end à Abidjan.

 

 

 

Je me suis réfugié depuis dimanche chez un ami vivant dans le quartier de Port Bouët, où la situation est plus calme."

Ici, il n’y a pas de couvre-feu, mais de jeunes militaires des Forces nouvelles contrôlent les véhicules qui entrent dans la ville. Si vous semblez suspect, ils vous demandent d’ouvrir votre coffre. Je pense que c’est de la dissuasion, car les militaires des Forces nouvelles ont peur que des hommes des forces loyalistes arrivent au Nord. Les hommes du FN sont prêts à combattre, mais ils restent dans l’attente car Alassane Ouattara a demandé de laisser sa chance à la médiation de l'ancien président sud-africain Thabo Mbeki.
C’est difficile d’obtenir des informations. Moi je me connecte sur Internet ou j’appelle mes parents qui vivent à Abidjan pour en savoir plus. Je n’ai pas peur, mais je préfère tout de même rester chez moi à partir de 19 heures pour être à l’abri."
"Je le dis à la communauté internationale : 'ne vous contentez pas de jouer les pompiers'"
 (LOOKMAN, pseudonyme)
Je ne vais plus aller travailler tant que la situation ne s’est pas éclaircie. Un pays ne peut pas fonctionner avec deux puces, comme on dit ici. En tant que fonctionnaire, on ne peut pas aller au travail en ne sachant pas si c’est Ouattara ou Gbagbo qui va payer son salaire.
Je fais le tour de plusieurs quartiers de la capitale aujourd’hui. La situation est calme, mais il y a des rues bloquées par des milices ici et là.
 
On sait tous que la situation peut exploser à tout moment. Les gens ont d’ailleurs déjà commencé à se regrouper par ethnie. Ils vont vivre chez leurs proches, dans les quartiers où leur ethnie est majoritaire. C’est très mauvais signe.
 
Ma femme a déjà commencé à faire des provisions au cas où ça tourne mal. Elle a acheté ce qu’elle a pu, surtout du riz.
 
Je le dis à la communauté internationale : 'ne vous contentez pas de jouer les pompiers. Il ne faut pas attendre que la situation dégénère pour faire quelque chose'."

 

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