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La bavure

Le Mar 27 sept 2011 0

Ecrit par Bizo A. Mutinerie ou bavure ? Il est difficile de qualifier le complot déjoué, il y a deux semaines, tant l’acte était inattendu, impensable et même bénigne aux yeux de beaucoup d’observateurs de la scène politique nationale. Mais attention, l’affaire reste quand même grave car elle a été ourdie à la base par des hommes d’armes et, quand un fusil tonne, il y a toujours le risque de voir au moins une âme s’éteindre. C’est maintenant clair dans la tête de tous les Nigériens qu’il y a bien eu tentative de coup d’Etat dans la nuit du 12 au 13 juillet 2011. Le président de la République et le président de l’Assemblée nationale l’ont tous deux reconnu.
Plus, tous les deux se sont largement prononcés sur le caractère non seulement inopportun de cette entreprise mais aussi sur les conséquences désastreuses qu’elle pourrait avoir. En effet, les deux premiers hommes du pays ont sagement accordé leur son de cloche pour administrer une belle leçon de pédagogie aux acteurs de cette tentative de remise en cause de l’ordre constitutionnel et républicain. Par ces deux voix, il faut reconnaître que ce sont les patrons des deux grandes formations politiques ayant court circuité l’aventure du tazartché qui se sont exprimés. Histoire de faire comprendre aux tombés du ciel qui ont manqué de discernement que même si leur complot avait réussi, ils auraient trouvé en face l’opposition de ces deux géants désormais aguerris dans la lutte contre l’arbitraire et la forfaiture. C’est bien l’Histoire récente du Niger qui le dit, ce n’est point une invention de notre esprit. Que cela soit bien entendu de tous les bords car avec eux, il y a aussi les partis alliés, les partisans des partis en dégénérescence, les syndicats et la société civile. La chose aurait eu un mal fou à être avalée même avec des chars en face. Au bon visionnaire, salut. D’ailleurs, le président de la République et celui de l’Assemblée Nationale ont Par gentillesse ou retenue? occulte de rappeler à ces trouble fête qu’un coup d’Etat a besoin de légitimité et de mobiles suffisamment solides. Peut-on en trouver de réellement solides dans cette bavure avortée ? Aucunement pas. Aucune raison ne saurait justifier un coup d’Etat dans un Niger émergeant vient, une fois de plus, d’administrer une belle leçon de démocratie au monde entier. Il fallait juste rappeler quelques péripéties qui ont facilité le dernier coup d’Etat du général Djibo Salou pour s’en convaincre. Deux événements majeurs ont enclenché le processus de Restauration de la démocratie en 2009. Eh oui, ce processus n’a nullement débuté le 18 février comme certains le pensent. Il a commencé avec encore eux le premier ministre d’alors, Hama Amadou et le chef de fil de l’opposition, Mahamadou Issoufou. Le premier, à la veille de son éjection de son poste a sonné l’alarme en prévenant les nigériens dans un Haoussa scabreux mais expressif : « On veut instituer au Niger un pouvoir hala abada », même si hala abada pourrait signifier chez les Haoussa de souche « qui n’aura jamais lieu ». A partir de là s’est constituée une aile dure des Pro Hama (PHA) qui a mené la vie dure au tazartché. Pour le second, il a tout simplement refusé les offres mirobolantes qui lui avaient été faites quand il était conseiller technique du président auprès d’Areva. Il avait alors compris que l’ouverture qui lui avait été faite n’était qu’une trappe pour le conduire tranquillement sous l’ombre du bonus du baobab tazartché. Il s’était tout simplement constitué en opposant pur et simple de la supercherie. C’est à partir de ce moment que le processus de restauration de la démocratie a été enclenché avec autour de ces deux partis plusieurs autres ainsi que des syndicats et des associations de la société civile. Du FDD à la CFDR, des JAT aux autres manifestations populaires, le chemin a été long pour faire adhérer la quasi-totalité des nigériens au combat. Ce n’est qu’à cette étape que l’offensive diplomatique a été engagée. Les transfuges de la politique internationale s’étaient saisis de leur bâton de pèlerin et très vite des institutions comme la CEDEAO, l’Union Africaine, l’Union Européenne et les Etats-Unis ont adhéré au noble combat du vaillant peuple nigérien. Le Tazartché était chancelant, miné de l’intérieur et lâché par la quasi-totalité des diplomaties les plus crédibles sur le plan international. A cette étape, la cause était presque entendue. Il suffisait d’un coup de pistolet pour faire partir le président Tandja et ses sbires. Malgré tout, l’armée hésitait encore car le coup d’Etat est un acte inconstitutionnel difficile à être cautionné par certaines diplomaties. Le dernier acte qui a fait sortir le général Djibo Salou et ses troupes était encore l’œuvre des forces vives de la nation. En effet, devant la lassitude observée au niveau des militants de Niamey, la CFDR avait décidé de réunir à Niamey les militants les plus fêlés de l’intérieur du pays. A l’occasion de la manifestation qui allait avoir lieu au Palais des Sports, les militants allaient converger sur la Présidence ! Ce qui allait arriver allait arriver ! Un véritable carnage comme vous l’imaginez car certains tazartchistes avaient perdu toute lucidité. Voilà le dernier argument de granit qui a fait sortir le général Salou et sa compagnie d’Appui. Voilà aussi comment, de façon légitime, l’armée peut intervenir de manière salutaire dans le processus politique. Pas par des sautes d’humeur de quel- ques officiers en panne d’inspiration.
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