Pour ce faire, il est apparu indispensable de veiller à s’assurer de la bonne moralité des personnalités qui manifestent leur désir de se voir investies des charges de gestion des affaires publiques au plus haut niveau de l’Etat en raison de l’importance et de la délicatesse de la mission.
Cette question de la moralité est d’un enjeu important, en ce qu’elle permet d’éviter à priori au peuple d’avoir à confier son destin entre les mains des personnes dont les comportements et les attitudes tranchent d’avec les valeurs morales partagées notamment les bonnes mœurs sociales, le respect des biens publics, le respect de la parole donnée, l’aversion au mensonge, l’honnêteté, l’intégrité et la probité morale.
Comme on le voit, la problématique de la moralité pose le problème crucial du choix des hommes de qualité et de valeur qui doivent prendre en charge la conduite des affaires publiques en mettant en avant l’intérêt général de la Nation et du peuple dans un esprit de responsabilité citoyenne et dans le respect stricte des valeurs partagées.
C’est pourquoi, la question de la moralité telle que posée par la nouvelle constitution ne doit pas être traité à la légère pour éviter de travestir l’esprit et la lettre des dispositions y relatives et ce faisant, décevoir les immenses espoirs fondés par la majorité écrasante du peuple qui attend légitimement qu’une bonne enquête de moralité rigoureusement effectuée par les services compétents sur la base des critères bien définis éviterait la validation des candidatures des personnes ne jouissant pas effectivement d’une bonne moralité conformément aux valeurs morales partagées.
Dans cette perspective, la question de la moralité doit être une véritable préoccupation des services compétents qui ont la charge morale de procéder aux enquêtes nécessaires pour attester de la qualité morale des personnes concernées.
L’enjeu étant de taille, il y a lieu de définir clairement les critères de bonne ou de mauvaise moralité qui doivent reposer fondamentalement sur le respect des valeurs morales partagées dans notre société. Cela éviterait l’arbitraire, la subjectivité et la complaisance dans la conclusion des enquêtes diligentées par les services concernés.
Aujourd’hui, beaucoup d’observateurs critiques se sont interrogés et s’interrogent encore sur les critères d’appréciation qui ont présidé à la conclusion des enquêtes de moralité menées sur les personnalités candidates aux élections présidentielles de 2011.
Depuis le 22 décembre 2010, au vu de l’arrêt du conseil constitutionnel de transition sur l’éligibilité des candidats aux élections présidentielles de 2011, beaucoup de nigériens se demandent sur quelle base on estime que quelqu’un est de bonne moralité ?
Doit-on seulement considérer de mauvaise moralité les personnes connues des services de police et ou celles ayant fait l’objet de condamnation à des peines privatives de liberté pour quelque motif que ce soit ?
Comment expliquer que des personnes connues de notoriété publique pour leurs frasques, leurs inconduites sociales et leurs enrichissements illicites soient de bonne moralité seulement parce qu’ils ne seraient pas connues des services de police ?
Comment comprendre et accepter que des vrais délinquants à col blanc, dont les conséquences des actes sur la vie de la Nation seraient dangereuses, puissent faire l’objet de circonstances atténuantes au point de les considérer comme étant des personnes de bonne moralité en qui le peuple doit encore placer sa confiance pour exercer des hautes fonctions dans la gestion des affaires publiques, alors qu’ils doivent tout simplement être mis hors d’état de continuer à nuire à travers leurs sales besognes ?
Comment justifier la conclusion à la bonne moralité d’une personne qui serait trempée dans plusieurs affaires scabreuses de détournement des deniers publics et de blanchiment d’argents sales non encore élucidées et dont la preuve est évidente à travers les signes visibles de son enrichissement illicite ?
L’espoir et les attentes du peuple pour la bonne gouvernance démocratique et éthique des affaires publiques reposent sur la qualité morale des personnes appelées à gérer en son nom et pour son compte. C’est pourquoi, le souci de moralisation de la vie publique et de la protection des biens publics est bien affirmé dans la nouvelle constitution de la 7ème République à son article 41 qui stipule que les biens publics sont sacrés et inviolable. Toute personne doit les respecter scrupuleusement et les protéger. Tout acte de sabotage, de vandalisme, de corruption, de détournement, de dilapidation, de blanchiment d’argent ou d’enrichissement illicite est réprimé par la loi.
Toutes les grandes nations démocratiques ont fait de la bonne moralité des acteurs dirigeants à tous les niveaux leur cheval de bataille et la condition sine qua non pour qu’ils méritent de briguer des postes de responsabilité publique et ou de continuer à exercer leur fonction s’ils sont déjà investis.
Notre pays, qui se veut être un bon exemple de démocratie citoyenne, doit réussir absolument sur ce terrain de la bonne gouvernance démocratique et éthique en se donnant les moyens d’empêcher que des personnalités connues pour leurs frasques, leurs inconduites sociales et leurs moralités douteuses ne puissent faufiler pour tromper le peuple et se faire investir à des nouvelles charges de responsabilités publiques au grand dam des citoyens honnêtes.
Le CSRD, qui a pris sur lui, au soir du 18 février 2010, de procéder à la moralisation de la vie publique à travers l’assainissement, doit tout faire pour se racheter sur ce terrain dont il s’est engagé pour, au moins, éviter à ce pays d’être remis entre les mains salles des personnes sur qui pèsent des graves doutes sur leur moralité et qu’aucune enquête sérieuse de moralité effectuée sans complaisance ne peut conclure à leur bonne moralité conformément aux valeurs morales partagées dans notre société.
Malheureusement, au vu de l’arrêt rendu par le conseil constitutionnel de transition le 22 décembre 2010 sur l’éligibilité des candidats aux élections présidentielles de 2011 et les arguments avancés pour motiver la décision, tous les nigériens qui ont cru que le respect stricte de l’esprit et de la lettre des dispositions de la nouvelle constitution allait épargner à notre peuple l’obligation de devoir faire un choix au rabais en se contentant de faute de mieux, sont déçus et désabusés.
La plupart se demande à quand finalement l’assainissement tant prôné et la moralisation de vie publique dans notre pays ? Est-il possible d’espérer quelque chose de crédible et de sérieux avec les mêmes personnes connues de tous et qui ont déjà fait la preuve de leurs frasques dans la gestion des affaires publiques ? Non, le séjour d’un tronc d’arbre dans le marigot ne peut pas le transformer en crocodile. Qui vole un œuf volera un bœuf ! L’habitude est une seconde nature. Mieux vaut prévenir que guérir.
C’est pourquoi, nous attendons légitimement que le CSRD prenne la mesure de sa responsabilité historique pour assumer les devoirs de sa charge en veillant au stricte respect de l’esprit et de la lettre de la constitution de la 7ème République ainsi que de ses propres engagements pour éviter à notre pays et à son peuple un sort atavique.
C’est un impératif pour la crédibilité de notre cadre démocratique et républicain ainsi que notre attente légitime d’une bonne gouvernance démocratique et éthique des affaires publiques de notre pays pour assurer le développement durable et le progrès continu de la Nation afin de garantir l’épanouissement individuel et collectif dans la dignité et l’honneur.
La Démocratie que nous voulons dans notre pays ne doit pas être une coquille vide, elle doit être une véritable réponse aux préoccupations et aux aspirations fondamentales de notre peuple exprimée clairement dans la constitution de la 7ème République. Chaque citoyen doit en faire son credo. La tâche est certes ardue, mais exaltante ! La noblesse de la mission le commande ! L’enjeu du défi à relever l’exige ! Ressaisissons nous donc tous ensembles chers compatriotes, rien n’est impossible si la volonté y ait.
La vie en République a des exigences fondamentales en raison des valeurs que la République incarne et garanti aux citoyens. La loi doit être la même pour tous, soit qu’elle punisse, soit qu’elle protège. La discrimination et l’arbitraire dans le traitement des citoyens présumés coupables des mêmes forfaitures constituent les pires des contres valeurs républicaines qui sont bannis par la loi fondamentale.
En avant pour l’édification d’une vraie République démocratique et sociale respectueuse des aspirations profondes de notre peuple pour une bonne gouvernance démocratique et éthique au service de la Nation et du peuple dans le respect des droits et libertés de chaque citoyen.