Embuscade contre des Casques bleus en
Côte-d'Ivoire???
Sept soldats nigériens ont été tués, attaqués
selon le gouvernement ivoirien par des
assaillants venus du Liberia. Sept Casques bleus nigériens de l’Opération des
Nations unies en Côte d’Ivoire (Onuci) ont été tués
vendredi dans une «embuscade» dans l’ouest du
pays, «première attaque de ce genre» contre
l’Onuci, menée selon le gouvernement ivoirien par
des assaillants venus du Liberia. Le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon s’est dit
«attristé et scandalisé» par ces décès. Il a indiqué
que 40 autres soldats de la paix étaient restés
«avec les villageois» dans la zone où a eu lieu
l’attaque pour les protéger et qu’ils «étaient
toujours en danger». «Un ou deux» civils ainsi que «deux» militaires
ivoiriens, qui patrouillaient avec les Casques bleus,
pourraient avoir été tués, a déclaré à l’AFP le
ministre ivoirien délégué à la Défense, Paul Koffi
Koffi, mais sans pouvoir confirmer ce bilan pour le
moment. «Selon un bilan provisoire, sept Casques bleus
nigériens ont perdu la vie dans une embuscade
dans l’ouest du pays, dans la zone au sud de la
petite ville de Taï», près de la frontière avec le
Liberia, a annoncé à l’AFP un porte-parole de
l’Onuci, sans précision sur l’identité des assaillants. «Anciens miliciens» Il s’agit de «la première attaque de ce genre»
contre l’Onuci, présente dans le pays depuis 2004
et comptant quelque 10.000 éléments (Casques
bleus, policiers et employés civils), a-t-il souligné.
«L’Onuci prendra toutes les mesures qui
s’imposent suite à cette grave violation du droit international», a affirmé dans un communiqué le
chef de la mission, Bert Koenders. Ces Casques bleus «faisaient partie d’une patrouille
en mission» dans «une zone où l’Onuci a
récemment renforcé sa présence en raison de
menaces d’attaques contre les populations civiles»,
précise le communiqué. L’embuscade contre la
force onusienne a eu lieu lors d’une «attaque venue du Liberia» contre trois villages de l’Ouest
ivoirien, a déclaré le ministre ivoirien. Les assaillants, évalués à «une cinquantaine», «ont
traversé le fleuve (qui sert de frontière) et ont
attaqué les localités ivoiriennes voisines de Saho,
Para et Nigré», a expliqué M. Koffi. «On pense que ce sont les mêmes groupes» qui
sont derrière cette opération que lors des attaques
perpétrées ces derniers mois dans la zone, a-t-il dit,
citant «d’anciens miliciens ou mercenaires» fidèles
à l’ex-président ivoirien Laurent Gbagbo, «ou de
simples bandits». «Peur panique dans les villages» Lors d’une visite de casernes vendredi à Abidjan, le
chef d'état-major de l’armée ivoirienne, le général
Soumaïla Bakayoko, a annoncé que «du 15 au 25
juin, une manoeuvre militaire ivoiro-libérienne
aura lieu à l’Ouest». «Nous pensons que c’est avec cela que nous allons
apporter la sécurité totale à l’Ouest. Ça va partir de
Tabou (Sud-Ouest) jusqu'à Taï dans un premier
temps, et après nous allons poursuivre jusqu'à
Danané», plus au nord, a-t-il détaillé. «C’est la peur panique dans les villages, certains
fuient dans la forêt, d’autres prennent la direction
du Liberia», a déclaré à l’AFP une habitante du
village de Para, jointe par téléphone depuis
Abidjan. «De nombreux villageois essaient de
fuir», vers le nord et le sud, a confirmé le maire de Taï, Désiré Gnonkonté. Région de loin la plus instable de Côte d’Ivoire,
tiraillée par des tensions ethniques sur fond de
conflits fonciers, l’Ouest a été la zone la plus
meurtrie durant la crise politico-militaire de
décembre 2010-avril 2011, qui a fait quelque
3000 morts à travers le pays. Elle est depuis lors en proie à des attaques
meurtrières et constitue un défi sécuritaire majeur
pour le gouvernement du président Alassane
Ouattara. «Au moins 40» personnes ont été tuées depuis
juillet 2011 dans ces attaques, a affirmé l’ONG
Human Rights Watch dans un rapport publié
mercredi, qui attribue ces raids à des forces pro-
Gbagbo opérant depuis le Liberia et recrutant des
«enfants». Accusé par HRW de pratiquer «la politique de
l’autruche», le gouvernement libérien a récusé
toute passivité. Le Liberia, qui a connu des guerres
civiles ayant fait quelque 250.000 morts entre
1989 et 2003, a assuré n’avoir «aucun intérêt à
menacer ses voisins ou à encourager des attaques contre d’autres pays».