En 2009, Areva, alors dirigé par Anne Lauvergeon, avait acquis le permis d’exploitation du site d’Imouraren, au Niger. À l’époque, le groupe avait présenté le site comme un « gisement de classe mondiale », abritant 275 000 tonnes de minerais et sur lequel on pourrait produire 500 tonnes d’uranium par an pendant 35 ans.
Gel des travaux sur le site
Areva a investi près de 900 millions d’euros dans la mise en exploitation du site. Mais, en mai 2014, le groupe a dû stopper les travaux, arguant que les conditions de marché n’étaient plus favorables. La majorité du personnel nigérien a été licenciée, et une partie des équipements a été vendue.
Depuis, le groupe affirmait que la mise en exploitation était retardée mais toujours prévue. Il n’a, en 2014, pas intégré de provision pour déprécier sa participation dans le projet. Ses actifs immobilisés y étaient alors évalués à 865 millions d’euros. En 2015, le groupe a déprécié ces actifs de 194 millions d’euros. Idem en 2016, avec une dépréciation de 316 millions d’euros. La valeur des actifs du site n’est plus que de 348 millions d’euros.
Des réserves d’uranium surévaluées
Le JDD, qui a interrogé des géologues ayant étudié le site, s’étonne que la valorisation d’Imouraren n’ait pas été totalement dépréciée en 2014. Déjà en 2012, un géologue s’inquiétait de la surévaluation des réserves d’uranium récupérables, selon le journal qui a aussi recueilli un témoignage dénonçant la légèreté des analyses sur lesquelles se serait basé Areva pour estimer le gisement.
Areva se serait pourtant appuyé sur ces estimations pour proposer à EDF, en 2012, une participation de 19% dans le projet. Selon le journal, l’augmentation de capital du groupe, début 2017, poserait également problème, puisqu’elle se serait appuyée sur la valorisation du site d’Imouraren dans les comptes 2016.
Encore lourdement endetté, et toujours en perte – 665 millions d’euros en 2016 –, le groupe nucléaire essaie de se remettre d’une décennie calamiteuse. Des pérégrinations d’Areva sur le continent de 2005 à 2011 sous la direction d’« Atomic Anne », il ne reste que les mines nigériennes qui étaient déjà en exploitation à cette époque. Toutes les nouvelles opérations lancées à cette période ont été suspendues ou abandonnées.