Un réseau des faussaires démantelé à la douane

L’équipe chargée de conduire cette enquête a découvert de nombreuses fraudes, après plusieurs semaines de fouilles dans les archives de la douane.

Ces fraudes portent essentiellement sur les exonérations, normalement destinées à certains organismes comme le Programme Alimentaire Mondial (PAM) et bien d’autres ONG humanitaires, mais délivrées à leur insu à des opérateurs économiques, comme l’indique le rapport. Les bénéficiaires de ces exonérations, ont réussi à importer diverses sortes de marchandises, sans payer des droits des douanes. Au gré de ces fraudes, on peut être sûr que les différents intervenants se sont enrichis sur le dos de l’Etat. Selon certaines personnes imprégnées de ce dossier, le manque à gagner causé à l’Etat serait évalué à plusieurs centaines de milliards de francs CFA. Même si ce rapport ne cite pas nommément des agents des douanes dans cette fraude organisée à grande échelle, une telle supercherie ne pouvait pas connaître du succès sans l’implication de certains indélicats tapis dans le milieu de la douane. C’est qui est sûr, si la direction de la lutte contre la fraude était allée jusqu’au bout de son enquête, elle aurait mieux situé les niveaux des responsabilités. Peu importe, si l’Etat veut actuellement connaître les noms de ces indélicats, il lui suffira tout simplement d’examiner ce rapport de fond en comble. On sait que ces exonérations ont été élaborées sur la base des faux calculs fiscaux. On connait aussi les services impliqués dans la délivrance de ces exonérations. On connait également les services chargés de contrôler l’authenticité de ces exonérations. En somme, selon une source douanière, si ce réseau des faussaires n’avait pas bénéficié de la complicité de certains agents des douanes, cette fraude n’aurait pas porté ses fruits. Mieux, on peut être sûr que si des poursuites avaient été engagées contre les transitaires et opérateurs économiques mis en cause dans ledit rapport, beaucoup des visages seraient dévoilés à la date d’aujourd’hui. A ce jour encore aucun des faussaires n’est inquiété. Selon nos sources, dans les milieux de la douane tout comme au ministère des finances, les uns et les autres sont plus préoccupées à déterminer l’identité de la personne qui est à l’origine de la fuite de ce rapport. Un débat stérile qui consiste à noyer le poisson dans l’eau est engagé dans ces milieux. Certains cadres ne trouvent pas normal que le rapport d’enquête sur une telle pratique mafieuse soit vite su du grand public. Le Président de la République et son entourage, n’ont pas intérêt à enterrer ce dossier. Plusieurs militants des partis politiques au pouvoir seraient impliqués dans ce scandale. C’est pourquoi, de l’avis de certaines personnes, on n’a pas laissé la direction de la lutte contre la fraude aller jusqu’au bout. Les plus hautes autorités doivent veiller à ce que cette affaire ne reste impunie à l’instar de l’affaire dite de « des fausses factures », ou celle relative au « reversement des marchandises ». On se rappelle, dans cette affaire, des cadres des douanes ont été pris mais relâchés peu de temps après, grâce au lobbying mené par leur formation politique.