Le bombardement d’Adabam met en lumière les limites du recours aux frappes aériennes contre Boko Haram. Les Camerounais n’utilisent leurs Alpha Jet qu’avec parcimonie. Ils ne l’ont fait qu’une fois pour libérer une de leur base occupée brièvement par Boko Haram fin décembre. Quant aux Tchadiens, ils frappent avec leurs Sukhoï des cibles militaires en soutien ou en préparation à une opération au sol.
Les militaires africains s’accordent globalement à penser que leurs chasseurs sont trop imprécis et donc trop dangereux dans des zones où les membres de Boko Haram sont mêlés à la population civile. Ils préfèrent recourir aux hélicoptères de combat, moins rapides mais beaucoup plus précis.
En revanche, l’armée nigériane fait de plus en plus souvent voler ses F7 chinois. Avec des dégâts collatéraux importants. Un exemple, début février, alors que Boko haram attaquait Maiduguri, les F7 nigérians ont frappé les faubourgs de la ville tuant au passage sept civils. Sans guidage au sol, explique un expert, l’utilisation des avions de chasse revient à frapper en aveugle.
Par ailleurs, les militaires s’interrogent sur les choix stratégiques des Nigérians. Le village d’Adabam est situé au nord. Or, la zone stratégique où se déroulent actuellement les opérations conjointes de l’armée tchadienne et camerounaise est située bien plus au sud. C’est là qu’un renfort nigérian serait le bienvenu, explique, dépité, un officier camerounais.