Etait-ce là la fin de la crise au sein du parti ? Rien n’est moins sûr. Sitôt annoncées ces mesures contre les trois responsables du parti, Maman Chaïbou, un membre du bureau politique proche de Abdou Labo a indiqué lundi 05 septembre dernier qu’ils ne reconnaissent aucune légalité à ces sanctions et qu’ils vont bientôt porter l’affaire en justice pour obtenir l’annulation de toutes les conclusions des travaux du congrès de la CDS. Alors qu’ils étaient pressentis pour participer aux assises de Zinder, les délégués de l’aile Abdou Labo ont fini par jeter l’éponge préférant bouder les assises de Zinder. Motif de cette option de boycott, les partisans de Abdou Labo, chef de file du mouvement de fronde ont annoncé que ce congrès n’est pas le leur, puisqu’ils n’ont pas été associés à sa préparation.
Il faut dire qu’avant les assises de Zinder, la branche de Abdou Labo n’entretient aucune relation avec la direction du parti conduite par le président de la CDS Mahamane Ousmane. Les dernières tentatives de reprise des concertations autour de la table de la CDS aux côtés du camp de Mahamane Ousmane ont buté à un obstacle : la mesure de suspension qui frappait la plupart des membres du camp Abdou Labo, une mesure qui courait depuis 3 mois et qui ne devait s’achever que le 3 septembre 2011, exactement le jour de l’ouverture des travaux du congrès. Deux semaines avant la date du congrès, Mahamane Ousmane avait empêché aux proches de Abdou Labo de participer à une réunion du bureau politique alors même qu’entre temps, une ordonnance de la cour d’appel avait prononcé l’annulation de cette mesure de suspension.
Les dés étaient pipés
Dans le camp des frondeurs, il ne sert à rien de participer à un congrès pour faire de la figuration. Il faut dire que dans l’organisation d’un congrès, les phases préparatoires démarrent plusieurs mois avant avec l’élaboration des projets d’amendement des textes, la préparation des candidatures aux différents postes au bureau politique, et toutes ces discussions sont formulées depuis des structures primaires du parti, les cellules de base, pour remonter aux délégations communales, départementales, au niveau des bureaux des délégations régionales jusqu’à la délégation nationale qui s’ouvre la veille de l’ouverture du congrès.
C’est la délégation nationale qui adopte définitivement l’agenda du congrès. L’aile Abdou Labo en rupture de banc avec les réunions du bureau politique et des autres structures régionales n’a participé à aucune réunion de préparation des candidatures. Aucun responsable proche de Abdou Labo ne pouvait dès lors escompter briguer un poste de responsabilité au sein du bureau politique national du parti puisque la délégation nationale n’a enregistré aucune candidature dans ce sens. C’était cette participation dans le vide que l’aile Abdou Labo a voulu éviter en refusant de participer aux assises de Zinder.
Quartier libre pour Mahamane Ousmane
L’absence des délégués labonistes qui ont boudé le congrès a, dans une large mesure, facilité les choses à Mahamane Ousmane qui a obtenu un congrès très souple, très flamboyant dans une ambiance de fête de la victoire tout en chanson. Les chants, les slogans, les ovations, tout était pour Mahamane Ousmane définitivement rétabli dans son pouvoir total. Un triomphe pour Mahamane Ousmane que l’ensemble de la famille politique de l’ARN a partagé avec lui. Tous les patrons des partis membres de l’opposition ARN ont fait le déplacement de Zinder. Les huit régions ont déversé tout ce qu’elles comptent de militants ARN sur la place du congrès de la CDS à Zinder. Pas moins d’un millier de militants ARN sont partis de Maradi, la région voisine de Zinder, indiquent certaines sources pro- ches de la direction de l’ARN. Zinder a fait le plein des militants ARN pour le congrès de la CDS.
Le partage des forces
Même s’il ne tranche pas définitivement les choses avec les perspectives de recours en justice, le congrès de la CDS a établi le partage des forces entre les fractions politiques en lutte pour le contrôle du parti. Les congressistes de la CDS sont en fait composés des membres du bureau politique au niveau national au nombre de 185 et des délégués régionaux en raison de 60 délégués pour chacune des huit régions du territoire national. Sur les 185 membres du bureau politique 93 délégués ont fait le déplacement de Zinder. Au niveau des régions, Mahamane Ousmane a compté 53 délégués sur 60 à Agadez, 42 sur 60 à Diffa, 34 sur 60 à Dosso, 30 sur 60 à Maradi, la région de Abdou Labo, 54 à Tahoua, 44 à Tillabéry, 50 à Zinder, 40 pour la région de Niamey.
Globalement, au niveau des délégués régionaux, ce sont 347 délégués sur les 480 qui ont participé aux travaux du congrès. Sensible avance pour Mahamane Ousmane qui s’est fait reconduire son mandat sans encombre à la tête de la présidence du parti et qui peut désormais reconfigurer l’organigramme du parti avec ses proches. La vice-présidence au titre de la région de Tahoua passe entre les mains de Saïdou Ama qui reprend la place de Dr Halilou Ibrahima du camp Abdou Labo. L’ancien Ministre Tassiou Aminou prend la vice-présidence de Maradi, Bonto Formo cède sa place à Oumarou Saliah dans la région de Tillabéry tandis que Falké Bacharou reprend la vice-présidence de Dosso jusque-là occupée par Maidagi Allambaye. A Niamey, c’est un ami et un grand confident de Mahamane Ousmane, Ali Maman qui prend la vice- présidence. A Diffa, les discussions n’ont pas été tranchées par le congrès, le ballottage entre Dr Boulama et Lawan Amarma sera réglée en concertation avec la délégation régionale de Diffa et la Direction nationale du parti.
Deux régions ont gardé le statu quo, Issia Ag Kato garde la présidence au titre de la région d’Agadez et Maman Manzo continue à régner sur la DR de Zinder, le principal fief de la CDS. On voit bien que dans cette configuration, les choses sont loin de s’arranger. Aucune place n’a été concédée aux proches de Abdou Labo qui ont tous été balayés au niveau des postes de vice-présidences. Ils obtiennent toutefois un léger sursis. La mesure de suspension qui les frappait est levée, ils ne sont pas concernés par la mesure d’exclusion qui a été limitée seulement à Abdou Labo, Maidagi Allambaye et Aichatou Ben Wahab.