Partis peu avant minuit (00H00 locale et GMT), les émissaires devaient faire leur "compte-rendu" mardi à Abuja au président en exercice de la Cédéao, le chef de l'Etat nigérian Goodluck Jonathan, a-t-on appris de source proche de l'organisation à Abidjan.
M. Jonathan avait promis la semaine dernière que de "nouveaux pas" seraient accomplis dès mardi.
Cependant, après sa rencontre avec les médiateurs, M. Ouattara a assuré que pour lui les discussions étaient "terminées" et a appelé M. Gbagbo à "quitter le pouvoir dans les plus brefs délais".
Retranché au "Golf hôtel" d'Abidjan avec son gouvernement - sous la protection de 800 Casques bleus et un blocus routier des forces fidèles au régime Gbagbo -, il a rejeté la mise en place d'un "comité d'évaluation" de la crise postélectorale proposée par son adversaire. "Une stratégie pour pouvoir gagner du temps", a-t-il accusé.
La Sierra Leone avait averti lundi matin qu'"aucun compromis" n'était envisageable, près d'une semaine après une première mission infructueuse de MM. Yayi, Koroma et Pires, et assuré que la discussion ne devait porter que sur les conditions pour "faciliter" un départ "paisible" et "digne" de M. Gbagbo.
S'il refuse de céder, la communauté internationale n'aura "pas d'autre choix" que la force, a insisté le Premier ministre de M. Ouattara, Guillaume Soro, chef de l'ex-rébellion des Forces nouvelles (FN).
Pour aider à clore la crise, Washington est prêt à "envisager" l'accueil aux Etats-Unis de M. Gbagbo s'il le demande, a dit un haut responsable américain sous couvert d'anonymat. "Mais toutes les possibilités risquent de disparaître rapidement", a-t-il précisé, ajoutant que pour l'heure "il s'obstine".
La mission de lundi paraissait de fait quasi impossible, M. Gbagbo ayant fermement fait savoir qu'il n'entendait pas quitter le palais présidentiel malgré l'intense pression extérieure.
"Nous n'allons pas céder", a-t-il promis dans ses voeux du Nouvel an, fustigeant "une tentative de coup d'Etat menée sous la bannière de la communauté internationale".
La situation était ces derniers jours plus que jamais bloquée, entre ultimatums qui expirent sans conséquence et manifestations reportées. Les partisans de M. Gbagbo ont ainsi ajourné dimanche l'assaut "à mains nues" qu'ils entendaient lancer sur le Golf hôtel.
Un échec du dialogue pourrait replonger le pays dans les violences, alors que 179 personnes ont déjà été tuées depuis mi-décembre selon l'ONU, qui a pointé la responsabilité des forces pro-Gbagbo. Ces violences ont fait 53 morts depuis fin novembre, dont 14 membres des Forces de défense et de sécurité (FDS) loyales à M. Gbagbo, selon le dernier bilan de son camp.
Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a affirmé que les Nations unies feraient tout pour accéder aux sites d'éventuels charniers.