Le Ven 12 avr 2013
Pour les Nigériens, Kandadji ne renvoie pas à un simple barrage agricole ou hydro-électrique. Il résume un rêve qui commence dans les années 1970 et qui prend forme avec la volonté de Seyni Kountché d’en faire un levier de l’autosuffisance alimentaire.
Le tombeur de Diori Hamani voyait dans Kandadji un excellent complément à l’Office des aménagements hydroagricoles (ONAHA). Le barrage ambitionne la mise en valeur de périmètres irrigués de 45000 hectares. Seyni Kouncthé y voyait également un moyen de réduire la dépendance énergétique du Niger à l’égard du Nigeria6. Dans sa seconde phase, le projet prévoit la construction d’une centrale hydroélectrique de 130 MW. Le contexte de l’époque marqué par le scepticisme des bailleurs de fonds n’avait pas permis de faire avancer véritablement le projet. Après une relative mise en veilleuse, le projet Kandadji a repris de la vitalité sous les deux mandats de Mamadou Tandja, qui s’est toujours posé en héritier légitime de Seyni Kountché, son compère du CSM.
Une première table ronde des bailleurs de fonds a été convoquée en octobre 2002 à Niamey afin de mobiliser les financements nécessaires à la construction du barrage. Ses résultats ne furent pas à la hauteur des attentes. Puis, une deuxième et une troisième table ronde sont convoquées en septembre 2005 et en novembre 2008 à Djeddah. Au terme de ces consultations intenses, le Niger réussit à boucler l’enveloppe de près de 236 millions de dollars nécessaires au financement de la première phase de Kandadji, à savoir les travaux d’aménagement du barrage et les ouvrages annexes. Les appétits s’aiguisent face à un marché d’une telle importance.
S’il a posé la première pierre de la construction du barrage le 3 août 2008, Mamadou Tandja n’a pas eu le temps de choisir la société adjudicataire du marché. Le processus de sélection était en cours lorsque le 18 février les militaires prennent le pouvoir. Trois sociétés avaient été présélectionnées sous Tandja : le groupe italien Salini, le groupe chinois Sinohydroet la société russe Zarubezhvodstroy (ZBS). Kandadji devient très vite une vraie pomme de discorde au sein de la junte. D’un côté, le colonel Amadou Diallo, ministre de l’Équipement, qui souhaite exercer sa pleine tutelle sur le projet, avec le soutien du colonel Abdoulaye Badié et d’autres membres du CSRD, parmi lesquels le lieutenant colonel Amadou Boubacar Sanda.