L’essentiel de ce territoire est composé de bassins sédimentaires, accumulés sur plusieurs millions d’années. Ces sédiments, à base de déchets animaux, végétaux et minéraux, se sont putréfiés au fil des ans pour donner naissance à ce que les spécialistes appellent les hydrocarbures. Aujourd’hui encore, les terrains et aires qui respectent cette configuration de bassins sédimentaires représentent 90% du territoire national. Ces d’hydrocarbures sont de trois types : les hydrocarbures solides (le charbon, la tourbe, le lignite, les sites bitumineux, le sable asphaltique…), les hydrocarbures liquides (le pétrole brut, les fluides), les hydrocarbures gazeux (le gaz naturel, le gaz de pétrole associé, le gaz de schiste…).
De la rentabilité des hydrocarbures nigériens Après les indépendances et les délimitations géographiques, le Niger a aussi délimité ses champs. Actuellement, le Niger dispose de 35 blocs pétroliers sur l’ensemble du territoire, dont quatre ont d’ores et déjà été attribués et font présentement l’objet de recherches et/ou d’exploitation. Les 31 autres attendent de l’être. Pour les blocs qui sont sous exploration, il faut retenir le bloc de Kafra détenu par la Sonatrak, le bloc de Ténéré détenu par la société chinoise CNPC, les blocs de Bilma et d’Agadem, également détenus par la CNPC. Les trois premiers blocs font l’objet d’exploration.
Seul le bloc d’Agadem fait à la fois l’objet d’exploration et d’exploitation. L’exploitation de ce bloc, on se rappelle, a débuté en septembre 2011. Le bloc d’Agadem renferme sept gisements. Trois de ces gisements ont été retenus pour l’approvisionnement de la raffinerie de Zinder. Les recherches sont en cours pour les quatre autres gisements. L’exploitation combinée de tous ces gisements, et après estimations de réserves, permettra au Niger d’exporter des quantités plus importantes de brut sur le marché international, selon des sources dignes de foi. Mais on n’en est pas encore là. Pour l’heure, les 20.000 barils/jour extraits du bloc d’Agadem sont destinés exclusivement à l’approvisionnement de la raffinerie de Zinder.
Une source proche de ce dossier souligne que toutes découvertes ultérieures feront l’objet d’exportation. Raison pour laquelle les 20.000 barils actuels de la raffinerie de Zinder sont affectés à la consommation nationale. Du choix du pipeline tchadien Il faut dire que la situation géographique du Niger lui offre l’opportunité de plusieurs axes possibles pour la construction d’un pipeline en vue de l’exportation de son brut sur le marché international. On peut citer : l’axe Tchad-Cameroun, l’axe Nigeria, celui du Bénin, qui nécessitera la construction d’un terminal pétrolier, et enfin les axes algérien et libyen. En somme, le Niger a cinq voies possibles pour exporter son pétrole brut. Pourquoi alors la voie tchadienne ?
Comme nous l’avions indiqué ci haut, à la date d’aujourd’hui, seul le bloc d’Agadem fait l’objet d’exploration et d’exploitation au Niger. Or, ce bloc est situé dans la région de Diffa qui fait frontière avec le Tchad. Mais en plus de la proximité géographique et géomorphologique avec le Tchad, il y a le fait aussi que c’est la même société chinoise China National Petrolum Company (CNPC), qui exploite aussi bien le bloc d’Agadem que le pétrole tchadien. Une distance de 193 Km relie le gisement d’Agadem à la frontière tchadienne. Une autre distance de 400 relie la frontière tchadienne au raccordement du pipeline tchadien qui exporte le pétrole de ce pays vers le territoire camerounais. Au total, une distance de 600km sépare le bloc d’Agadem du pipeline tchadien.
Telles sont les raisons fondamentales qui ont milité en faveur de l’exportation du brut nigérien à partir du pipeline tchadien. C’est également ces raisons qui expliquent la mission de haut niveau des autorités nigériennes au Tchad et au Cameroun, pour demander l’autorisation de transiter par leurs territoires pour l’exportation du brut nigérien à destination des marchés internationaux. Des avantages du choix du canal tchadien Le plus gros avantage de ce choix réside dans l’amortissement immédiat, selon une source gouvernementale, pour qui il est beaucoup plus facile d’amortir 600 km de pipeline.
En effet, les investissements réalisés seront remboursés dans un délai beaucoup plus raisonnable par rapport à un pipeline qui va relier Agadem au port de Cotonou par exemple, long de plus de2000 km. A cette distance, il faut ajouter les indemnisations des populations riveraines du pipeline. Des dédommagements qui vont se chiffrer à plusieurs milliards de nos francs. Contrairement à l’axe tchadien qui, en plus de l’avantage de la proximité est situé dans une zone désertique, inhabitée. Ici, Il n’y a pas l’ombre d’une indemnisation à faire, ce qui constitue un gain pour le Niger. Du reste, l’étude de pré-faisabilité pour la réalisation de ce projet est déjà bouclée, il reste l’étude de faisabilité qui va bientôt démarrer, étant entendu qu’un accord est intervenu entre les deux gouvernements nigérien et tchadien.
Des discussions sont également en cours entre les deux pays pour déterminer les implications juridiques, fiscales, techniques et économiques, selon la même source. Il assure que le monde regorge assez de pipelines qui traversent plusieurs pays. Un peu partout, on rencontre des pipelines qui raccordent plusieurs gisements, de la même façon que dans un même pays on peut trouver un pipeline qui raccorde plusieurs gisements. Il est dès lors impossible, voir illusoire de vouloir construire un pipeline pour chaque gisement. Dans les pays les plus riches de la planète, on retrouve ce type de pipeline raccordé à des dizaines de gisements de pétrole. Tous ces gisements n’ont pas la même qualité de brut, certes, mais il existe des techniques, des voies et moyens pour déterminer le type de brut que peut véhiculer un pipeline.
Du reste, les spécialistes affirment qu’un seul pipeline peut convoyer plusieurs qualités de brut. Les seuls produits qui échappent à cette règle sont les produits pétroliers raffinés. De la qualité du brut nigérien Le brut nigérien est léger, il renferme beaucoup plus de produits « blancs » que de produits « noirs ». Les produits blancs sont ceux qui ont une très grande volatilité. C’est le cas des GPL, de l’essence, du Gasoil, du kérosène, le jet d’avion. Quant au pétrole dit lourd, il renferme en plus de ces produits précités, du mazout, des graisses, des huiles, des lubrifiants, du bitume. Le reste est une question de choix et de politique gouvernementale. Si un pays fait l’option de développer l’industrie ou le transport automobile, il lui faut produire plus de goudron.
Il existe également des techniques atmosphériques où le résidu servant à la fabrication du goudron peut être davantage craqué pour fabriquer des produits blancs. Il est donc possible de fabriquer beaucoup de produits blancs avec du brut lourd. Sauf qu’il s’agit là d’une opération qui a un coût. Avec le pétrole on n’a qu’une petite quantité de goudron, comme c’est le cas du Niger. Mais comme c’est toujours la question de l’option ou du choix politique qui prime, le Niger peut faire son choix. S’il opte pour le développement de ses infrastructures routières, il va alors lui falloir utiliser du goudron à partir de son pétrole brut.
Il faut noter que le brut tchadien exploité sur le gisement de Doba est convoyé vers le terminal pétrolier du port de kribi, au Cameroun sur une distance de 1500 km, en vue de sa mise sur le marché international. Un autre raccordement est fait à partir de ce même pipeline pour l’acheminement du brut tchadien vers le sud. Et c’est ce raccordement qui va servir à l’exportation du brut nigérien vers le même terminal pétrolier du port de Kribi