L’opposition craint des représailles après l'attaque contre Alpha Condé

Le Ven 22 juil 2011 0

Par Trésor KIBANGULA (texte)
 

  Après l’attaque mardi contre la résidence du président Alpha Condé, plusieurs dizaines d’arrestations de militaires et d’officiers proches de Sekouba Konaté et de Dadis Camara, deux anciens chefs de la junte au pouvoir avant les élections de 2010, ont eu lieu.

Bien que seule la détention de membres de l’armée ait été jusqu’à maintenant annoncée, l’opposition politique craint désormais que ce que le président Condé a qualifié de 'tentative d’assassinat' serve au pouvoir 'pour régler des comptes' avec certains opposants.

L’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), principal parti d’opposition guinéen, s’inquiète en effet de la disparition depuis mardi d’Oury Bah, son vice-président en charge des relations extérieures, de même que de certaines 'interpellations illégales' de ses partisans. Son chef de file, Cellou Dalein Diallo, qui se trouve actuellement à Dakar, avait dès mardi condamné lui-même l’assaut contre la résidence du président Alpha Condé, recommandant aux 'services compétents de l’administration de mener les investigations et d’identifier les commanditaires et les auteurs de cette violence.

Une réaction similaire à celle des organisations de la société civile qui ont condamné ce coup de force contre le président de la République et appelé à l’ouverture d’'enquêtes sereines'. "Les Guinéens ont fourni beaucoup d’efforts pour remettre leur pays sur la voie de la démocratie et personne n’a le droit aujourd’hui de bloquer ce processus", estime la présidente du réseau des femmes africaines ministres et parlementaires de Guinée, Makalé Traoré, contactée par FRANCE 24.

"Enquêtes sereines" ou "règlement de comptes" ?

L’UFDG craint pourtant que ces enquêtes sereines dérivent vers des règlements de comptes. Des craintes motivées par la disparition d’Oury Bah dont le parti de Cellou Dalein Diallo dit ne pas avoir reçu de nouvelles depuis l’attaque de la résidence du président. "Oury Bah, notre vice-président chargé de l’information et des relations extérieures, a disparu depuis mardi et nous ne savons toujours pas où il se trouve", explique Fodé Oussou Fofana, ancien directeur de campagne de Cellou Dalein Diallo, joint par FRANCE 24. Mais l’UFDG se refuse pour l’heure à parler d’enlèvement.

À ceci s’ajoutent des interpellations dont ont été l’objet certains proches du président du parti jeudi. "Aujourd’hui, vers 5 heures du matin, des hommes armés ont débarqué dans la maison du beau-fils (Bouba Ly) de Cellou Darein Diallo et l’ont amené avant de le libérer trois heures plus tard", relate Fodé Oussou Fofana, qui appelle le pouvoir à "laisser la justice et la gendarmerie mener des enquêtes en toute indépendance pour déterminer les tenants et les aboutissements de cette attaque".

Jeudi, un nouvel officier guinéen, Mamadou Oury Diallo, a été arrêté alors que le colonel Camara, supposé se trouver en détention, a contacté l’AFP pour indiquer qu’il avait refusé de suivre les gendarmes venus l’interpeller.

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