La Libye produit actuellement 500.000 barils de pétrole par jour, contre 1,6 million avant le début du soulèvement, a annoncé le directeur de la Compagnie pétrolière nationale, Choukri Ghanem.
Les prix du pétrole ont bondi à Londres, en raison des combats en Libye.
Au 23e jour d'une insurrection sans précédent, le régime de Kadhafi a promis une récompense de 410.000 dollars à toute personne livrant Moustapha Abdeljalil, ex-ministre de la Justice devenu chef du Conseil national formé par l'opposition libyenne le 27 février pour préparer la transition.
A Benghazi, deuxième ville libyenne et base arrière de l'opposition à 1.000 de km à l'est de Tripoli, des médecins ont affirmé que l'insurrection avait fait au moins 400 morts et 2.000 blessés dans l'Est depuis le début du soulèvement mi-février.
Entre les deux camps, c'était par ailleurs la course aux émissaires.
M. Kadhafi, au pouvoir depuis plus de 40 ans, a dépêché au Caire un membre de son cercle rapproché, tandis qu'un autre envoyé a rencontré le chef de la diplomatie portugaise, Luis Amado, à la veille d'une réunion à Bruxelles des ministres européens des Affaires étrangères consacrée à la Libye. Un émissaire de M. Kadhafi doit également s'entretenir jeudi matin avec le secrétaire d'Etat grec aux Affaires étrangères.
Du côté de l'opposition, deux émissaires du Conseil national seront reçus jeudi matin par le président français Nicolas Sarkozy, alors qu'un autre représentant a rencontré la présidente suisse Micheline Calmy-Rey.
Sur le terrain, où les combats ont poussé à la fuite près de 200.000 personnes depuis le 15 février, les forces de M. Kadhafi semblaient gagner du terrain sur le front Est face aux insurgés. Ceux-ci contrôlent la région orientale pétrolière ainsi que certaines localités de l'Ouest, alors que Tripoli et sa région proche sont aux mains des pro-Kadhafi.
Les combats se sont concentrés à l'ouest de Ras Lanouf (est), ville stratégique pétrolière tenue par les insurgés, où de très nombreux combattants rebelles ont dû se replier après avoir essuyé des tirs d'artillerie et des frappes aériennes des forces loyalistes, selon un journaliste de l'AFP.
Un avion de chasse a mené une attaque à proximité de la raffinerie d'As-Sidra, près de Ras Lanouf.
"Ce que nous craignions depuis le début et qui s'est produit aujourd'hui, c'est le bombardement d'installations pétrolières", a indiqué un porte-parole de l'opposition, Abdelhafez Ghoqa.
Un peu plus tôt, d'importantes explosions avaient été suivies par d'immenses flammes et des boules de feu dans le ciel au-dessus de la raffinerie As-Sidra, mais le directeur de la Compagnie pétrolière nationale a minimisé l'impact des dégâts, affirmant qu'il s'agissait d'une "petite installation de stockage" de diesel.
Par ailleurs, des témoins ont affirmé que des forces loyalistes convergeaient en nombre vers Misrata, tenue par l'opposition, à 150 km à l'est de Tripoli. Non loin de là, l'opposition contrôlait Zenten, toujours encerclée, selon un témoin.
A l'ouest, des combats faisaient toujours rage mercredi soir entre rebelles et forces loyalistes à Zawiyah, selon un porte-parole du gouvernement, alors que des "manifestations monstre" en soutien à M. Kadhafi y étaient organisées, selon la télévision d'Etat. Zawiyah, 40 km à l'ouest de Tripoli, est le bastion des insurgés le plus proche de la capitale.
Mouammar Kadhafi, qui a juré de réprimer dans le sang la rébellion, a donné une série d'interviews à des médias étrangers et à la télévision libyenne, pour accuser pêle-mêle l'Occident et Al-Qaïda d'être responsables de la rébellion.
"Si Al-Qaïda réussit à s'emparer de la Libye, alors la région toute entière, jusqu'en Israël, sera la proie du chaos", a-t-il dit à la chaîne publique turque TRT.
Il a estimé qu'en cas de mise en place d'une zone d'exclusion aérienne, "les Libyens verront ce que ces pays veulent vraiment faire -prendre leur pétrole- et ils prendront alors les armes", réaffirmant qu'il ne quitterait pas le pouvoir, malgré les sanctions internationales et l'ouverture d'une enquête de la Cour pénale internationale pour crimes contre l'humanité.
A la veille des concertations des Occidentaux à Bruxelles au sein de l'Otan et de l'Union européenne, la chef de la diplomatie de l'UE Catherine Ashton a refusé de soutenir la reconnaissance du Conseil national libyen, estimant que cette décision revenait "au Conseil des chefs d'Etat et de gouvernement".
Paris, Washington et Londres continuaient de leur côté d'étudier les moyens d'arrêter la répression, dont l'instauration d'une zone d'exclusion aérienne. Le vice-président américain Joe Biden se trouvait en Russie, réticente à une telle zone.
Par ailleurs, trois journalistes de la BBC en reportage en Libye ont été "arrêtés et battus" puis ont subi un simulacre d'exécution, avant d'être libérés, a annoncé mercredi la chaîne britannique.