« Salut président, les gens qui vont mourir vous salut… » : éplorée, la sœur du Lt H.Djibrilla interpelle le président

Le Ven 17 mai 2019 0

Lt djibrilla ripAu lendemain de l’embuscade meurtrière de Tongo Tongo qui a couté la vie à une trentaine de soldats de la 122e CSI de Ouallam, l’émotion est vive au sein de l’opinion nationale. Des interrogations, des inquiétudes et surtout des témoignages émouvants sur la vie de ces soldats qui sacrifient leurs vies pour protéger la République et assurer la quiétude au sein de la nation. L’un des témoignages les plus émouvants et que nous avons estimé nécessaire de partager est celui de la sœur du Lieutenant Djibrilla Hassane affectueusement appelé « Nounou », le chef de la mission qui est tombé sur le champ d’honneur.

Au-delà du deuil national, ce témoignage en dit long sur le vécu de toutes ces familles affectées par ces drames à répétition. Et surtout interpelle les autorités et au-delà, toute la nation entière sur le contexte dans lequel ceux à qui incombe la lourde responsabilité de nous protéger, sont traités par l’Etat.

Au-delà d’un hommage d’une sœur à son petit-frère qui s’en allé, l’illustration d’une tragédie qui a endeuillé tant de familles au Niger à qui la nation doit en principe reconnaissance et gratitude pour le sacrifice consenti.

A vous d’en juger après avoir lu cette émouvante interpellation des autorités et des officiers supérieurs de l’armée.

Lettre de la sœur du Lt Djibrilla Hassane au Président de la République et aux officiers de l’Armée.

« Salut président, les gens qui vont mourir vous saluent.

Les parents de ceux qui sont morts vous saluent aussi.
Nous saluons par la même occasion le ministre de l'intérieur, le chef d'état-major, tous ces généraux et officiers supérieurs que Hassane Djibrilla estimait, et qui n'ont même pas envoyé un sms officiel à sa famille pour lui annoncer sa mort.
Pour vous Hassane n'était qu'un visage parmi tant d'autres des enfants du Niger qui tombent comme des mouches sur les champs de bataille.
Laissez-moi vous dire alors qui il était !
Nounou est né le 23 juin 1989, sa mère Halimatou Mayaki, son père Djibrilla Harouna. Il est issu d'une fratrie de 6 enfants, et pour faire court, je vais sauter l'étape de son enfance pour vous parler de sa personnalité et de ses projets.

Non, pas parce que je suis sa sœur, mais je n'ai jamais vu quelqu'un d'aussi empathique, très avenant, toujours en train d'accommoder les autres avant de penser à lui. On dit souvent que les morts n'ont jamais de défauts. Non, ce que je dis sur lui, je le dirais s'il est vivant.
Je n'ai jamais vu un petit frère aussi respectueux, et toujours à l'écoute, qui n'a jamais dit non à une grande sœur, à plus forte raison ses parents. Nounou était un fils comme Dieu n'en fait pas beaucoup. 
Nounou était en train de construire sa maison, il avait acheté tout son matériel de finition et d'ameublement. Nounou devait se marier en juillet, et mes pensées vont à sa fiancée. J'ai dans mon placard, ses costumes achetés pour les cérémonies. Toutes la famille prépare ce mariage, sa grand-mère Salmou Saidou Djermakoye prie tous les jours pour que Dieu lui prête longue vie, jusqu'en juillet afin qu'elles voient ses jumeaux dans leur foyer.

Nous pleurons Hassane Djibrilla, toute la toile le pleure, mais pas vous !

En dépit du flou total sur les circonstances de sa mort, voilà que vous l'enterrez en catimini.  Nous n'avons reçu aucune information, vous l'avez enterré sans rien nous dire, même pas un sms, pour qu'on lui fasse une fatiya.
Le vœu de tout parent est d'être enterré par ses enfants, mais quand Dieu décide autrement, laissez les parents dire dignement adieu à leurs fils.
Mais, vous nous avez ôter cela...
Nous pleurons sa mort, et voilà que le traitement que vous lui faites nous dévaste plus que sa mort.

Il n'était pas « fils de… », pour mériter un hommage national qui passerait à la télévision comme on l'a déjà vu quand c'est un « fils de… » qui tombe. Mais il est mort pour vous, pour nous...pour que vous et d'autres parents puissent regarder la télévision le soir dans le confort de votre salon.
Dites au moins au parents « nous avons le regret... »

Peut-être que les terroristes traitent mieux leurs morts.
Comment un officier peut mourir sur le champ de bataille et que personne n'appelle sa famille pour les informer? Et vous l'enterez sans le dire à sa famille, il a fallu qu'on l’apprenne par un soldat à Ouallam qui a de l'estime pour lui.

Plus jamais de Hassane Djibrilla ! 
Nous parlons pour qu'il ne soit pas mort pour rien. Si cela peut éviter à d'autres parents de vivre ce que nous vivons, alors nous ferons tout pour qu'un autre Hassane ne tombe pas de cette manière et qu'une autre Halima Mayaki ne subisse pas ce que vie sa mère actuellement. 
Merci.

Aucune note. Soyez le premier à attribuer une note !

Ajouter un commentaire

Anti-spam