C’est pourquoi le Niger peut, et doit même avoir ses amis sans complexe aucun, des amis qui ne sont pas forcément ceux de la France ou des Etats-Unis, de l’Occident de façon générale. Les domaines de coopération entre l’Iran et le Niger sont nombreux : économie, santé, éducation, développement durable. L’Iran intervient déjà dans ces secteurs au bonheur des nigériens. Notre pays est, malheureusement pour nous, heureusement pour les autres, un gros marché pour tout pays producteur.A plusieurs occasions, des privés iraniens ont organisé des expositionsventes de leurs produits chez nous. Mais la question qui titille l’esprit de tous est celle de l’uranium.
Le numéro un iranien est-il venu dans notre pays, grand producteur de rang mondial d’uranium, pour signer un accord de partenariat avec son homologue du Niger ? A ce niveau, le Chef de l’Etat a été, on ne peut plus, clair. « Nous n’avons pas évoqué la question », a dit en substance Issoufou Mahamadou. Auparavant, le Ministre d’Etat, ministre en charge des Affaires Etrangères, Bazoum Mohamed avait déjà écarté cette éventualité en assurant que « la commercialisation de l’uranium est soumise à une règlementation internationale précise. Je ne pense pas qu’il serait possible d’être conforme à cette règlementation de vendre l’uranium du Niger à l’Iran.
Ce n’est pas l’objectif de la visite du président iranien au Niger ». Soit. Mais, et si c’était vrai ? A écouter les propos traduits de Ahmadinejad, on peut d’ailleurs douter des propos de nos officiels, même s’ils ne veulent piper mot. Et si nos dirigeants, vu la nécessité de diversifier nos partenaires pour tirer le maximum de profit de nos ressources du sol comme du sous-sol, ont décidé courageusement de faire appel aux iraniens ? Le Général Seyni Kountché ne disait- il pas qu’il était prêt « à vendre l’uranium du Niger au diable » dans l’intérêt du peuple nigérien ? On sait que l’Iran est un pays engagé depuis longtemps dans la recherche sur le nucléaire, civil et militaire.
Ce qui explique le contentieux qu’il a avec l’Agence internationale pour l’énergie atomique (AIEA), contrôlée par les puissances occidentales et leurs suppôts, paradoxalement toutes détentrices de l’arme nucléaire. Depuis plus de 40 ans que la France monopolise l’uranium nigérien, qu’est-ce que nous y avons gagné ? Abstraction faite des réalisations sous le régime Kountché au moment du boom, pratiquement rien, pendant que la France s’enrichit de notre matière première. La France, un pays qui, paradoxalement, ne produit aucun gramme d’uranium, et qui est pourtant numéro un mondial du nucléaire ! Anne Lauvergnon, l’ancienne directrice d’Areva serait l’une des femmes les plus riches du monde.
Le partenariat entre la France et le Niger se trouve déséquilibré. C’est le constat fait récemment par le Président de la République, relayé par le ministre d’Etat, chargé des mines et du développement industriel, Omar Hamidou Tchiana.Dès lors, pourquoi ne pas mettre fin à cette sorte de contrat colonial qui lie notre pays à la France, un contrat qui fait que pendant que les générations françaises se gavent de nos richesses, notre pays endette ses générations présentes et futures du fait de ce déséquilibre ? Du reste, si l’uranium a été au centre des discussions entre le Niger et l’Iran lors de cette visite, il est indispensable de le faire savoir aux nigériens pour avoir tout leur soutien.
Il n’est désormais plus question de signer des documents secrets, dits « confidentiels » sur les richesses nationales, du genre « minutes de meeting » entre Areva et le Directeur de Cabinet du Président de la République. Ce sont des richesses nationales, pas privées. Il n’est pas non plus questions de nous servir des passes d’armes médiatiques, aussi regrettables qu’inutiles,comme celles entre le Dircab/PR et un membre du gouvernement sur l’éventuelle fuite d’un document publié bien avant sur Internet, précisément sur le site de l’organe indépendant français, l’Observatoire du Nucléaire. Mahmoud Ahmadinejad au Niger, pourquoi pas pour un partenariat gagnant-gagnant dans l’intérêt de nos peuples ? La question de départ, obstinée, revient.