Fonctionnement de la HALCIA, La guerre est ouverte…

Le Sam 28 avr 2012 0

halciasiege1.jpgRien ne va à la Haute Autorité de Lutte contre la Corruption et les Infractions Assimilées (HALCIA). Le conflit latent qui couvait à la tête de l’institution entre le président Issoufou Boureïma et le vice-président Elhadj Mahamane Hamissou Moumouni est devenu ouvert ou en voie de l’être depuis le 16 avril 2012. En effet, le bicéphalisme dont nous avions fait cas, il y a quelques semaines, était au centre des discussions des membres de la HALCIA. Dans une lettre en date du 16 avril 2012 adressée au vice-président de la HALCIA, le président Issoufou Boureïma parle de ‘’dysfonctionnement au sein de la HALCIA’’. Ce n’est pas seulement une affaire entre le président et le vice-président. Cette fois-ci, les autres membres de la HALCIA s’y sont mêlés. Une plénière s’est réunie le 11 avril 2012, a indiqué le président, ‘’pour délibérer dans le sens de mettre un terme à ce qu’ils ont appelé la ‘’dualité illégale dans la direction de la HALCIA’’ ; ‘’la violation caractérisée du décret du 27 juillet 2011 portant création, composition et fonctionnement de la HALCIA’’ et une ‘’ambiance délétère qui affecte le vécu dans la structure’’. Le Président Issoufou Boureïma attribuera sans ambages ce ‘’dysfonctionnement de la HALCIA’’ exclusivement, à son vice président qu’il qualifie ‘’d’électron libre de la HALCIA’’ qui refuse de respecter son statut de suppléant.

Dans la correspondance du Président de la HALCIA à son vice président, Issoufou Boureïma relève également que depuis janvier 2012, le Vice-président a suspendu sa participation aux travaux de la HALCIA, mettant de côté le règlement intérieur. Le président Boureïma conclura en invitant son vice-président à mettre un terme à ses agissements qui ‘’décrédibilise et discrédite la HALCIA’’. Voilà donc la grosse batterie de charges déployées par le Président Issoufou Boureïma qui a mobilisé pour la circonstance tous les membres de l’institution pour affronter son vice-président qui n’a pas fait mystère de son insoumission dès l’installation de l’institution. Comme pour marquer une fois de plus sa ‘’rébellion’’ vis-à-vis de son Président, le Vice-président Elhadj Mahamane Hamissou Moumouni ne répondra pas à son président mais directement au Président de la République dès le 17 avril 2012, soit le lendemain de la réception de la lettre du Président de la HALCIA. Mahamane Hamissou parlera des difficultés de départ de la HALCIA dans l’accomplissement de sa mission. Il fera cas de l’interpellation récurrente de l’institution et de ses membres sur la somme de 60 millions de FCFA destinés à assurer le fonctionnement de l’institution, et sur lesquels, il dit n’avoir jamais eu de clarification sur l’usage qui en a été fait. Le Président de la HALCIA a cru devoir me refuser les pièces justificatives des dépenses, indique-t-il. Dans sa réponse, Elhadj Mahamane Hamissou parlera aussi d’une gestion administrative et financière relevant du seul fait du président, de traitement équivoque de courrier et de dossiers, d’ouverture de compte dont le président est l’unique dépositaire, etc… La préparation et la convocation des plénières sont faites sans se référer au bureau de l’institution. Ce qui constitue, à ses yeux des manquements graves, sans compter l’absence de climat de méfiance entre les différents collaborateurs. Le Président de la HALCIA aurait un contentieux à vider au niveau de la ligne verte, soutient Mahamane Hamissou Moumouni. Des personnalités connues pour être des délinquants notoires interpellés par la HALCIA continuent de répandre partout que certains membres de la HALCIA ont aussi des choses à se reprocher, souligne le Vice-président. ‘’Dans un tel climat de suspicion généralisée et d’abdication où sont les principes de probité et de transparence ne sont pas respectés, j’ai cru devoir adopter une ligne de conduite en loyauté envers la république et qui ne soit pas en porte-à-faux avec mon serment’’, écrira-t-il dans sa réponse. Sécuriser le contenu de ses investigations, les transmettre au Président de la République et au Procureur, tels sont les principes qui le guident, dira-t-il au regard de ce climat de suspicion, indiquant qu’il se refuse de s’associer à tout acte en rupture avec les textes réglementaires. Le Vice-président de la HALCIA finira par inviter le Chef de l’Etat à trouver une solution urgente à cette situation. Composée de neuf (9) membres dont cinq (5) issus de l'administration, deux (2) de la société civile et deux (2) du secteur privé économique, nommés pour un mandat de trois (3) ans, la HALCIA a essentiellement pour mission de recueillir, centraliser et exploiter les dénonciations et infractions dont elle est saisie pour des pratiques, faits, ou actes de corruption et infractions assimilées. Un travail qu’elle a conduit jusque-là en rang dispersé, dans une totale rivalité entre les deux têtes de l’institution. Il faut dire aussi que certains membres de l’institution provenant surtout du privé et de la société civile travaillent depuis la mise en place de l’institution sans rémunération, attendant l’adoption d’un décret déterminant leurs avantages et indemnités. Malgré ces conditions de travail difficiles et cette divergence profonde entre le Président Issoufou Boureïma et le Vice-président, de nombreux rapports ont été produits et transmis aux juridictions compétentes. Il reste que le ménage va mal, très mal et l’arbitrage du Président de la République est plus que nécessaire pour mettre un terme à cette guéguerre. Il y va de l’avenir de l’assainissement promis par le Chef de l’Etat et de la crédibilité de l’institution qui représente aujourd’hui tout un symbole.

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