Ce n’est pas la première fois que le parti de Mahamane Ousmane es- suie ce genre d’affront. Il y a quelques années, la délégation régionale de Niamey, sise place Toumo, a failli per- dre son siège qui avait perdu momentanement la couleur verte du parti pour raison d’impayés des frais de loyer avant que les conciliabules ne soient engagés pour contenir la colère du propriétaire du local. Cette fois-ci, le problème touche le coeur même du Bureau Politique National, c’est à dire le siège national. En effet, depuis la création de la CDS RAHAMA, il y a plus de vingt ans, le siège national de ce parti politique est situé au quartier Zabarkan à Niamey. L’immeuble appartient à un de nos compatriotes résidant à l’étranger. Le propriétaire a donc mis en location le bâtiment à un taux très acceptable, une manière, pour lui, de montrer qu’il s’agit là de sa contribution au fonctionnement de ce parti et dans une certaine mesure, de son appui au renforcement de la démocratie dans notre pays.
Mais, depuis quelques jours, il a été demandé à la CDS RAHAMA de quitter les locaux. Quelles en sont les raisons ? Certains estiment qu’il s’agit là de la conséquence du mauvais entretien du siège. D’autres pensent que la CDS RAHAMA aurait accumulé des arriérés de loyer de plusieurs mois. Si la seconde hypothèse se révélait juste, il y a lieu d’être édifié de l’attitude du premier responsable de la CDS RAHAMA. En effet, ce parti politique a donné tout à Mahamane Ousmane : la Présidence de la République du Niger, la prési- dence de l’Assemblée nationale du Niger pendant presque dix ans (avec des fonds politiques), la présidence du Comité interparlementaire de l’UEMOA pendant presque six ans, la présidence du Parlement de la CEDEAO quatre ans durant avec un salaire astronomique qui donne le vertige, ...
En tout, c’est probablement des milliards de FCFA que Mahamane Ousmane a accumulés. À cette importante manne financière, il faudrait ajouter les nombreu- ses contributions financières d’hom- mes d’État étrangers, notamment à l’occasion des différents scrutins organisés dans notre pays, situation qu’il n’a jamais présentée au Bureau politique national, indique-t-on dans les milieux du parti vert. Avec toutes ces opportunités, la CDS RAHAMA de vrait disposer de son propre siège national. Il n’en est rien. Cette situation a conduit un des vice-présidents du parti ‘’élu’’ suite congrès contesté de Zinder de septembre 2011, par l’aile du vice-président Abdou Labo à affirmer que: ‘’Mahamane Ousmane nous a conduits dans le pétrin dans la mesure où il a chassé du parti tous ceux qui ont du cœur.’’ Un nouveau membre du Bureau politique national’’ nous a dit ceci :
‘’que pouvons-nous attendre de quelqu’un qui, abandonnant les militants, fuit le pays pour se réfugier à l’étranger. A son retour, il se met à chanter à la Place Toumo, devant des militants abasourdis. La politique, ce n’est pas seulement des avantages multiples. Elle peut souvent s’exprimer par le harcèlement, la prison, ... Pire, Mahamane Ousmane se fait remorquer par un candidat (Hama Amadou) à l’occasion de la campagne pour les élections présidentielles, campagne pour laquelle les deux personnalités sont candidates. Imaginons un seul instant deux prétendants qui vont au domicile d’une même jeune fille. L’un deux conduit la voiture ou la moto, alors que le second profite du même moyen de transport pour conquérir le cœur de la fille.
La conséquence est qu’Ousmane n’a difficilement réussi à mobiliser, sur l’ensemble du territoire national, que 274.676 voix soit 8,42% des suffrages. C’est vraiment peinant pour un ancien Président de la République. Mieux pour des raisons inexpliquées, il renie tous les engagements pris au nom du parti : accord politique entre lui et Mahamadou Issoufou (4 mai 2010), résolution de la CFDR (17 juillet 2010), congrès extraordinaire de la CDS RAHAMA (21 novembre 2010). Il y a lieu de souligner qu’au plus fort moment de la lutte contre le Tazartché, il semble que le vice président Abdou Labo n’a jamais hésité à payer le loyer de l’immeuble abritant le siège national. Avec cette situation inconfortable pour la CDS à qui le propriétaire du local abritant le siège du parti demande de l’évacuer, Abdou Labo va-t-il encore mettre la main à la poche pour sauver la face?
En tout cas, la CDS RAHAMA a besoin d’une nouvelle gouvernance, si on s’en tient aux contestations de certains vice-présidents et de l’écrasante majorité des membres du bureau politique national. Le slogan ‘’Tchenji Dole’’ semble être plus que jamais d’actualité, indiquent les adversaires de Mahamane Ousmane. Cela passe évidement par la démission de Mahamane Ousmane, clame un haut responsable du parti. Il a tout intérêt à le faire en attendant que ‘’le printemps vert’’, tel un rouleau compresseur, ne l’emporte. C’est en réalité le triste sort qui attend, de manière imparable, les forces de l’immobilisme. La situation que vit la Convention Démocratique et Sociale doit interpeller aussi l’ensemble des partis politiques nigériens. Presque ou tous n’ont pas de siège acquis sur fonds propres durant pratiquement une vingtaine d’années d’existence.
Et pourtant, les partis politiques représentés au parlement bénéficient d’une subvention annuelle de l’Etat sans compter les dons et legs qui peuvent leur permettre d’acquérir un siège national sur fonds propres. Même les partis politiques ayant géré pendant plus d’une dizaine d’années le Pouvoir avec ses avantages et privilèges et des centaines de militants qui ont bénéficié de nominations aux hautes fonctions de l’Etat, n’ont pas pu acquérir des sièges. C’est dire que le malheur de la CDS doit servir de leçons aux autres partis politiques qui doivent sortir de l’archaïsme politique et de l’égoïsme pour servir l’intérêt général, c’est-à-dire celui de leurs militants et au-delà des nigériens puisque tous aspirent à gérer un jour le pays.