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MESSAGE A LA NATION DE SEM ISSOUFOU MAHAMADOU, PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE, CHEF DE L’ETAT

Le Sam 19 déc 2015 0

Issoufou2015 Nigériennes, Nigériens ;  Mes Chers concitoyens ;

Demain 18 Décembre 2015, notre pays commémore le 57e anniversaire de la proclamation de la République.

Cet anniversaire se situe dans un contexte de préparation des prochaines échéances électorales. En effet, dans deux (2) mois, précisément le 21 février 2016, vous irez aux urnes pour exercer un droit civique fondamental dans une démocratie : le droit d’élire vos représentants à l’Assemblée nationale mais aussi d’élire celui ou celle qui conduira les destinées suprêmes du pays pour le prochain mandat. Le gouvernement sur proposition de la CENI a d’ores et déjà convoqué le corps électoral à cet effet.

Ces élections constituent une phase importante pour la consolidation de notre démocratie et pour l’efficacité des institutions républicaines que j’ai toujours voulues fortes et stables. C’est pourquoi, comme je m’y étais engagé dans mes précédentes interventions, le Gouvernement est instruit de tout mettre en œuvre pour que ces scrutins soient sincères, transparents et crédibles.

Mes Chers concitoyens ;

En 57 ans, notre pays a connu 7 républiques parfois entrecoupées de périodes d’exception. Cette situation d’instabilité des institutions est l’une des causes fondamentales du retard de notre pays sur le plan économique et social. En effet, la remise en cause des institutions s’est toujours accompagnée de sanctions économiques formelles ou voilées. C’est pourquoi la stabilité des institutions doit être une préoccupation majeure pour tous ceux qui ont pour ambition de faire du Niger un pays à même de rattraper son retard et d’améliorer ses indicateurs économiques et sociaux.

La constitution de la 7e République, le code électoral et la charte des partis politiques, tous bâtis sur les échecs et lacunes des constitutions et lois antérieures, offrent des garanties sérieuses en matière d’organisation d’élection libres et transparentes.

Le Niger dispose d’un Conseil National de Dialogue Politique (CNDP), au sein duquel tous les partis légalement reconnus s’expriment, de manière consensuelle, sur toute les questions politiques majeures afin de guider le gouvernement dans les prises de décision y relatives. C’est ainsi que, sur la base des décisions consensuelles du CNDP, un Conseil National du Fichier(CNF) et un Comité du Fichier Electoral Biométrique (CFEB) ont été mis en place et se sont vu confier la charge d’élaborer le fichier qui doit servir de base aux élections de 2016. Le CFEB a travaillé dans la sérénité et vient de produire un fichier électoral qu’hommes politiques et observateurs de la société civile considèrent comme l’un des plus fiables jamais réalisé dans notre pays. De manière consensuelle le conseil national du fichier a également décidé de mettre en place un comité d’audit chargé d’élaborer les termes de référence d’un audit du fichier et de sélectionner les cabinets nationaux chargés de réaliser cet audit dans les plus brefs délais afin de respecter le délai légal de transmission du fichier à la CENI, fixé au 21 décembre 2015. Il est regrettable que certains partis aient décidé de boycotter les travaux dudit comité remettant unilatéralement en cause le consensus obtenu avec les autres partis.

Mes Chers concitoyens ;

 

Notre pays dispose également d’une commission électorale indépendante constitutionnalisée et offrant toutes les garanties d’indépendance de par sa composition. En effet, tous les partis politiques légalement reconnus y sont représentés de même que la société civile. Elle est présidée par un magistrat élu par ses pairs et assisté par un avocat désigné par le CNDP. Elle dispose d’un budget propre et de l’autonomie financière.

La cour constitutionnelle, autre institution prévue par la constitution et dont la composition et le mode de fonctionnement offrent toutes les garanties d’indépendance, a la charge de veiller à la régularité des opérations de vote et d’en proclamer les résultats définitifs.  Alors que dans les autres pays les juges constitutionnels sont désignés par le pouvoir en place, au Niger un seul des sept(7) juges de la cour constitutionnelle est désigné par le Président de la République, un deuxième étant désigné par le Président de l’Assemblée nationale et les cinq(5) autres sont tous élus par leurs pairs à raison de deux(2) par les magistrats, un(1) par les avocats, un(1)  par la société civile et un(1)  par les professeurs de droits. Une fois élus ces juges sont inamovibles jusqu’à la fin de leur mandat. En France par exemple, les neuf (9) juges de la cour constitutionnelle sont désignés par le Président de République, le Président du Sénat et le Président de l’Assemblée Nationale à raison de trois(3) juges chacun.

Mes chers concitoyens,

Ces dispositions constitutionnelles et légales, correctement appliquées, constituent un gage d’une organisation du scrutin dans la transparence.  L’autre garantie de la transparence des élections, comme je l’ai déjà dit à plusieurs reprises, réside dans mon engagement, mes convictions et mon parcours politique.

Si en tant qu’opposant et candidat aux élections présidentielles de 1993 à 2011,  j’ai régulièrement admis ma défaite lorsqu’elle est confirmée, et félicité le vainqueur, c’est parce que je reste convaincu que lorsque les élections sont organisées dans les conditions de transparence et de libre expression du vote, le vrai vainqueur n’est pas le candidat élu mais le Niger. C’est aussi parce que je crois que l’alternance démocratique est nécessaire à la respiration démocratique que j’ai naturellement  mené un combat acharné contre tous ceux qui ont voulu s’incruster au pouvoir ou tricher pour y parvenir.

La respiration démocratique favorise la stabilité des institutions, première priorité du programme de renaissance. Par ailleurs je reste convaincu que la stabilité des institutions réside dans leur légitimité et leur légitimité résulte des élections libres et transparentes.

Mais je veux être bien compris sur ce point, ma volonté d’organiser des élections dans la transparence et la libre expression du vote ne doit pas être mise à profit par ceux qui, par des manœuvres dilatoires, veulent conduire le pays dans une impasse en repoussant les élections au-delà des délais constitutionnels.

Or, tel semble être l’objectif inavoué de :

  • Ceux qui veulent remettre en cause un fichier électoral élaboré de manière consensuelle avec la participation de leurs représentants ;
  • Ceux qui veulent remettre en cause un calendrier électoral établi par une CENI indépendante sur laquelle je n’ai aucun pouvoir ;
  • Ceux qui me demandent de dissoudre la cour constitutionnelle tout en sachant que ses membres assermentés sont inamovibles jusqu’à la fin de leur mandat.

C’est le lieu de regretter les assauts répétés que certains mènent contre l’unité nationale et le discours de haine qui les accompagne. C’est le lieu de lancer, à nouveau un appel à tous pour qu’ils se ressaisissent. Ma main reste toujours tendue.

Mes chers concitoyens,

Alors que toutes les institutions qui en ont la charge préparent activement les élections afin que le peuple Nigérien puisse faire son arbitrage dans la transparence, une poignée d’individus qui ont la tête dans les années soixante, ont décidé de substituer leur propre arbitrage à celui du peuple souverain. En effet, le Gouvernement vient de déjouer une tentative malheureuse de déstabilisation. L’objectif de ces individus, animés par je ne sais quelle motivation, était de renverser le pouvoir démocratiquement élu en utilisant les moyens mis à leur disposition par le peuple pour assurer sa sécurité.

Ils envisageaient notamment d’utiliser la puissance de feu des moyens aériens qu’ils ont bloqués délibérément depuis des semaines ici à Niamey, alors que je les pressais de de les envoyer à Diffa sur le front de la lutte contre Boko Haram où nos vaillants soldats, leurs frères d’armes, en ont le plus grand besoin. Il s’agit ni plus ni moins d’une haute trahison non seulement contre les institutions civiles de l’Etat mais aussi contre l’institution militaire elle-même. Il s’agit d’un coup de poignard dans le dos de leurs frères d’armes affectés au front.

Cette tentative de coup d’Etat, dans le contexte sécuritaire actuel, n’est pas sans rappeler le coup d’Etat du 22 Mars 2012 au Mali ; coup d’Etat qui a ouvert la voie à l’occupation des 2/3 du territoire malien par des terroristes.

Heureusement pour notre pays, les principaux auteurs de cette folle aventure ont échoué et ont pu être tous identifiés et arrêtés à l’exception d’un seul, actuellement en fuite. La situation est calme et sous contrôle. L’enquête, en cours, permettra d’identifier les autres acteurs et complices éventuels de ce funeste complot contre la sureté de l’Etat.

Mes chers concitoyens,

La lutte contre le terrorisme se poursuit. Cette lutte est particulièrement féroce contre Boko Haram qui multiplie des actions asymétriques. Dans cette lutte, nos soldats se comportent avec courage et patriotisme. Boko Haram s’attaque de plus en plus aux paisibles citoyens pour les besoins de sa propagande ainsi que pour le contrôle des populations par la terreur. Le cout humanitaire de ces actions est malheureusement très élevé avec non seulement des morts mais aussi des milliers de déplacés notamment dans la région de Diffa. A ces déplacés viennent s’ajouter les réfugiés provenant des pays voisins.

Le Gouvernement qui a tant fait depuis 5 ans pour garantir la sécurité des personnes et des biens, poursuivra ses efforts pour renforcer les capacités opérationnelles et de renseignement des forces de défense et de sécurité afin de contribuer à l’éradication du terrorisme dans la zone sahélo-saharienne. C’est dans cette perspective que nous participons notamment à la mise en place de la force mixte multinationale dans le bassin du lac Tchad. Une autre force sur le même modèle est prévue au titre du G5 Sahel pour faire face aux menaces susceptibles d’affecter un des Etats membres.

Je réitère mon  appréciation  et mes encouragements aux populations et à la chefferie traditionnelle des localités touchées par les actions des groupes terroristes pour leur comportement citoyen qui a permis d’aider les Forces de Défense et de Sécurité dans leur noble mission de sécurisation des personnes et de leurs biens.

Je salue le courage et l’engagement de ces hommes et de ces femmes qui se battent héroïquement depuis plusieurs mois sur les théâtres d’opération.

Je salue  à nouveau  la coopération internationale qui appuie le travail sur le terrain de nos hommes.

Mes chers Concitoyens,

Il y a environ 5 ans, je me présentais devant vous pour solliciter votre confiance à l’occasion des élections présidentielles. Je vous proposais alors un projet de société dénommé Programme de Renaissance décliné en huit priorités.

A quelques mois de la fin de mon mandat, je puis vous affirmer que j’éprouve une grande satisfaction pour les résultats déjà obtenus, non seulement dans le domaine de la sécurité dont je viens d’évoquer un aspect, mais aussi dans le renforcement des institutions démocratiques, dans les réalisations d’infrastructures routières, ferroviaires, énergétiques et urbaines, dans la mise en œuvre de l’initiative 3N, dans la promotion de l’éducation, de la santé, de l’accès à l’eau potable et à l’assainissement, dans la création d’emplois notamment pour les jeunes.

Le travail accompli en 5 ans est sans précédent dans l’histoire du Niger. Notre peuple qui en est le bénéficiaire le reconnait à travers des slogans du genre » ka yi an gani mun godé », « ni té ir di ir sabu », « tu as fait, nous avons vu, nous te disons merci ». Ce slogan s’entend à Niamey où des infrastructures importantes sont réalisées dans le cadre du programme Niamey Nyala, à Dosso qui a bénéficié du projet « Dosso Sogha », à Maradi ou le projet « Maradi Kolliya » est en cours, bref dans toutes les régions, dans tous les départements, dans toutes les communes, dans tous les villages et hameaux où le programme de la renaissance a apporté l’eau, l’éducation, la santé, l’emploi, les céréales, les routes, le chemin de fer, l’électricité et la paix.

Les succès du Niger en matière de gouvernance politique économique et sociale viennent d’être récompensés par le gouvernement américain à travers son agence Millenium Challenge dont le comité d’investissement vient d’approuver trois projets du Niger pour un montant global de 450 millions de dollars. Grace à ce financement, 8 000 hectares de terre seront aménagés dans la région de Gaya, l’aménagement hydro agricole de Konni de 2500 hectares sera réhabilité et le programme d’appui au pastoralisme verra le montant de son financement passé de 45 millions de dollars à 90 millions de dollars.   

Mes Chers concitoyens ;

L’exposition et la vulnérabilité aux aléas naturels sont parmi les principaux défis qu’affronte constamment notre pays depuis plusieurs décennies.

L’acuité de ces problèmes et la nécessité d’en limiter les conséquences sur les populations nous imposent de renforcer et de réorganiser les structures de gouvernance en matière de développement durable de notre pays.

En effet il est inconcevable que nous continuions à regarder nos terres et les rendements de nos producteurs agro-pastoraux baisser d’année en année du fait des changements et des variations climatiques que nous savons inéluctables.  Nous devons rivaliser d’imagination pour mettre en œuvre des actions d’adaptations et d’atténuation à ces phénomènes, qu’ils soient de cause naturelles ou humaines. A l’instar des autres pays membres de la conférence des nations unis sur les changements climatiques, le Niger a présenté à la conférence de Paris sa « Contribution Nationale Prévue Déterminée » récapitulant les actions d’atténuation du réchauffement et les actions d’adaptation aux changements climatiques pour les 15 prochaines années.

C’est le lieu de saluer l’accord historique conclu par les Etats membres de la conférence des nations unies sur les changements climatiques lors de la 21e  session qui vient de se clôturer à Paris. C’est le lieu d’en féliciter le Président Hollande et son Gouvernement. Cet accord a pris en compte l’essentiel des préoccupations des pays Africains à travers notamment le caractère contraignant dudit accord, le seuil maximum de relèvement de la température et la dotation du fonds vert climat d’un montant minimum de 100 milliards de dollars par an.

Cet accord nous permet d’envisager avec beaucoup plus d’optimisme la réalisation de notre plan national d’actions d’atténuation et d’adaptation aux changements climatiques et nos plans d’actions régionaux relatifs à la réhabilitation du bassin du lac Tchad et à la lutte contre l’ensablement du fleuve Niger et à la réalisation de la grande muraille verte.

En particulier au plan national, nous envisageons désormais avec beaucoup plus d’optimisme la réalisation de nos projets de barrages hydroélectriques de Kandadji, de Namari Goungou et Gambou sur le fleuve Niger et ses affluents. A ces barrages hydroélectriques s’ajouteront d’autres barrages, aménagements, et retenues d’eau à vocation agricole dans les principales zones de production agricole du pays.

Mes Chers concitoyens ;

Les défis qui sont devant nous sont énormes. En effet, il apparait de plus en plus évident que nous allons continuer à vivre sous la menace permanente du terrorisme et que la question sécuritaire sera une donnée quasi permanente qui nécessite une adaptation de nos moyens de défense et de sécurité ainsi que des ressources à y consacrer. Nous avons également comme autre défi majeur la consolidation des institutions démocratiques seul gage d’un développement économique et social durable.

A ce titre l’organisation des prochaines élections dans de bonnes conditions constitue un pari que nous nous devons tous de tenir. L’autre défi majeur est la nécessité de nourrir une population en croissance continue tout en sauvegardant notre environnement et notre écosystème dans le souci de respecter nos engagements en matière de réduction des émissions des gaz à effet de serre. Je sais que face à ces défis je peux compter sur vous.

La prochaine commémoration de la proclamation de la République aura lieu plaise à Dieu à Agadez où le Gouvernement a décidé le projet « Agadez Sokni ».

Joyeuse fête de la République à toutes et à tous.

Je vous remercie.

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